Regard sur les nouveaux groupes religieux

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Nombreux sont les groupes religieux non traditionnels qui ont pris naissance ou qui ont repris de la vigueur au cours des dernières décennies. Parmi les plus connus chez nous, il y a les Témoins de Jéhovah, les Mormons, le Mouvement raëlien… Il en existe cependant des centaines d’autres.

Notre document ne saurait présenter tous ces groupes : les spécialistes de la question ont répertorié environ 1000 groupes différents, aux contours très variés. Nous mettrons toutefois en lumière plusieurs renseignements utiles à une bonne compréhension du phénomène. Vous serez à même de constater, par exemple, que les croyances véhiculées par certains d’entre eux ne sont pas complètement étrangères à celles des grandes traditions, alors que d’autres s’en éloignent considérablement.

Note : Les expressions varient pour désigner les nouveaux groupes religieux. Plusieurs utilisent le terme nouvelles religions. D’autres préfèrent l’expression nouveaux mouvements religieux. D’autres encore disent les sectes. Quel que soit le terme employé, il s’agit toujours de la même réalité, soit l’ensemble des «groupes spirituels, religieux ou para-religieux qui sont.apparus en Occident, surtout dans les années 60, en dehors des grandes Eglises chrétiennes et souvent en opposition avec elles.

Le choix des mots

Comme première étape de ce parcours sur les nouveaux groupes religieux, il est important de s’arrêter au choix des mots : quand nous parlons de ces groupes, devrait-on choisir le mot «sectes», les mots «nouvelles religions» ou l’expression «nouveaux mouvements religieux»

Les mots ont du pouvoir…

Le choix des mots est un problème plus important qu’il n’y paraît au premier abord, car il est révélateur de la perception que nous avons de ces groupes. Il reflète un jugement sur la réalité.

De plus, il faut bien reconnaître que cette variété de vocabulaire s’explique en partie par la diversité des groupes eux-mêmes : parmi tous ces groupes, certains sont plus «nouveaux» que d’autres; certains sont plus «sectaires» que d’autres; certains même sont plus «religieux» que d’autres.

  • Nommez un ou quelques nouveaux groupes religieux dont le nom vous vient spontanément à l’esprit…
  • Parmi les expressions suivantes, quelle serait, selon vous, celle qui décrirait le mieux chacun des groupes identifiés :
    • une secte ?
    • une nouvelle religion ?
    • un nouveau mouvement religieux ?
  • Pourriez-vous dire en quelques mots pourquoi vous avez choisi cette (ces) expressions (s) ?

Le sens des mots

Puisque le choix des mots a son importance, il nous faut aussi réfléchir au sens de ces mots. Ce petit exercice peut paraître fastidieux mais, en réalité, il vous fournira quelques clefs nécessaires à une bonne observation des nouveaux groupes religieux.

De manière générale…

qu’entend-on par sectes ?

Selon Le Petit Robert, une secte est : une communauté fermée, d’intention spiritualiste, où des guides, des maîtres, exercent un pouvoir absolu sur les membres. Quant au mot sectaire, il désigne un adhérent intolérant… qui professe des opinions étroites.

Admettons qu’au premier abord, ce n’est pas très rassurant! Cela dit, en qualifiant un groupe de secte nous portons – à tort ou à raison – un jugement négatif sur ce groupe. Bien souvent, nous le faisons sans avoir vérifié notre première impression.

Qu’évoque maintenant pour vous le mot « sectes »?

Les expressions nouvelles religions ou encore nouveaux mouvements religieux sont des termes plus neutres, moins chargés de préjugés défavorables. L’emploi de ces termes ne devrait toutefois pas nous empêcher de reconnaître que certains d’entre eux peuvent avoir un caractère dangereux. Considérons maintenant le sens de ces deux expressions, en les examinant une à la fois :

De manière générale…

qu’entend-on par nouveaux mouvements religieux ?

o lls sont dits «nouveaux» parce que…

les plus anciens de ces groupes ont à peine deux cents ans, ce qui est relativement récent sur l’échelle de l’histoire; parce que la plupart d’entre eux sont encore beaucoup plus récents et parce qu’il en naît encore régulièrement. Bref, c’est une réalité en expansion.

o Ils sont appelés «mouvements» parce que…

la plupart de ces groupes sont plutôt mouvants : certains naissent aujourd’hui, dont nous ne sommes même pas sûrs qu’ils seront là demain; plusieurs ont connu des variations spectaculaires dans leur membership; d’autres encore ont opéré des changements importants dans le contenu même de leurs enseignements. Bref, il s’agit d’un monde en mouvement…

o lls sont dits «religieux» parce que…

il ne faut pas s’y méprendre : bien que certains groupes sont perçus ou présentés comme de simples groupes sociaux (agence de rencontre,organisme de croissance, groupe thérapeutique, etc.), leur principale caractéristique est précisément de répondre à la demande de leurs adhérents :

« Ils sont appelés « religieux » parce qu’ils enseignent une vision du monde religieux ou sacré, ou bien donnent des moyens d’atteindre d’autres objectifs, comme la connaissance transcendantale, l’illumination spirituelle ou la réalisation de soi, ou bien parce qu’ils fournissent à leurs membres des réponses à leurs questions fondamentales. »

À l’inverse, il est juste, de dire que certains nouveaux groupes se présentent comme «religieux» tout en accordant à la dimension religieuse moins d’importance qu’il n’y paraît au premier abord.

o Qu’évoque maintenant pour vous l’expression nouveaux mouvements religieux?

o Pourriez-vous nommer des groupes que cette expression désigne bien ?

De manière générale…

qu’entend-on par nouvelles religions ?

Tel que mentionné, I’expression nouvelles religions est très proche de l’expression précédente, à cette différence près qu’elle ne met pas l’accent sur le caractère mouvant ou difficilement saisissable des groupes. Certains groupes font d’ailleurs preuve d’une assez grande stabilité dans leur doctrine et leur évolution; c’est le cas, par exemple, de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours (les Mormons). En fait, le terme désigne un groupe qui, dans son évolution, se trouve à mi-chemin entre un mouvement et une tradition religieuse.

o Qu’évoque maintenant pour vous l’expression «nouvelles religions» ?

o Pourriez-vous nommer des groupes que cette expression désigne bien ?

Quête de sens et besoin de certitudes

Si la liberté de religion est un droit grandement valorisé de nos jours, elle comporte aussi sa part d’exigences. Faire des choix, en effet, comporte toujours une part de doute et de responsabilité personnelle : Ai-je fait les bons choix ?… Suis-je vraiment sur la bonne voie ?…Qu’est-ce qui me rendrait plus heureux, plus heureuse ?…

Certes, on adhère librement à un nouveau message. Apparemment, le droit à la liberté religieuse est donc sauf. Il arrive cependant, en tel ou tel autre groupe, que la véritable liberté de croire est passablement réduite par les diktats du ou des chef(s) spirituel(s) du groupe.

o Dans gens disent : Dans les Religions traditionnelles, on n’est plus sûrs de rien. Ou’en dites-vous ?

o Selon vous, pourquoi la recherche de certitudes pousse-t-elle certaines personnes à s’en remettre à de nouveaux groupes religieux ?

Quête de bonheur et recherche de valeurs claires et nettes

La liberté de conscience est aussi un droit reconnu dans notre société. Cette liberté aussi comporte une part de responsabilité, de recherche et de discernement. A défaut d’un minimum de discernement, ou bien on s’en remettra aux pratiques à la mode : «Tout le monde le fait… fais-le donc…», ou encore –
surtout si les pratiques à la mode nous ont paru décevantes – on cherchera plus ou moins consciemment des recettes de vie et de bonheur à saveur différente; des recettes dictées par des gens qui ont l’air d’être sûrs de ce qu’ils avancent.

C’est alors que l’adhésion à un nouveau groupe religieux peut donner I’impression de savoir (enfin) ou l’on s’en va… La doctrine du groupe apparaît, du moins dans un premier temps, comme une véritable planche de salut à laquelle il est possible de s’agripper.

o Des gens disent : Dans notre société, il n’y a plus de valeurs. Qu’en dites-vous ?

o Selon vous, qu’est-ce qui peut motiver quelqu’un à chercher auprès de nouveaux groupes religieux la promesse d’un bonheur durable ?

Quête de reconnaissance et besoin d’affection

L’attention à la personne humaine est une valeur chère à notre culture. Et pour cause : tout être humain a besoin du cadre chaleureux des relations inter-personnelles pour construire son identité. Nous avons tous besoin d’être reconnus à notre juste valeur. «Tu es pour moi unique au monde…», peut-on lire dans Le petit Prince, de St-Exupéry.

Et pourtant – c’est devenu presqu’un cliché de le dire – le développement rapide de nouveaux moyens de communication s’accompagne pour beaucoup d’un sentiment croissant d’isolement, tout au moins à certains moments de notre vie

La plupart des nouveaux groupes religieux ont décelé cette pierre d’attente. Dès le premier contact, ils offrent un groupe d’appartenance à taille humaine, où le nouvel adepte pourra trouver accueil et fraternité; où chacun pourra éprouver le sentiment d’être reconnu et d’appartenir à une communauté aimante.

o Des gens disent : Nos religions ont perdu leur dimension communautaire… qu’en dites-vous?

o Comprenez-vous le besoin de reconnaissance et de chaleur humaine que recherchent certaines personnes en adhérant à un nouveau groupe religieux ?

QUATRE COURANTS PRINCIPAUX PARMI LES NOUVEAUX GROUPES RELIGIEUX

Les besoins auxquels veulent répondre les nouveaux groupes religieux sont aussi variables que les groupes eux-mêmes. Ces groupes ne proposent pas tous la même « quête de sens », ni le même mode de vie.

Selon l’historien et sociologue des mouvements religieux Massimo Introvigne, il est possible de répertorier les nouveaux groupes religieux en quatre
grandes familles ou tendances distinctes.

Nouveaux groupes «à symbolique chrétienne»

La première catégorie recouvre l’ensemble des groupes qui conservent ou intègrent certains éléments de,la symbolique chrétienne, incluant la référence à Jésus-Christ et à la Bible – et dans certains cas l’emploi de la dénomination Eglise -, leurs pratiques et leurs « credo » diffèrent toutefois, à des degrés divers, de ceux des religions traditionnelles. Bon nombre de ces groupes se caractérisent par une forme ou l’autre d’angoisse eschatologique (la fin du monde serait proche et on cherche à prédire quand et comment elle se produira).

Nouveaux groupes religieux «d’origine orientale»

Les groupes religieux de cette deuxième catégorie empruntent plutôt une bonne part de leurs croyances à la symbolique des religions du Moyen ou de l’Extrême Orient. Ainsi, la doctrine de la réincarnation est presque toujours au premier plan. L’hindouisme et le bouddhisme sont les deux grandes traditions dont s’inspirent le plus les groupes de cette catégorie.

Note: La réincarnation (est une) croyance selon laquelle l’âme humaine après la mort passe dans un autre corps. Elle a un sens religieux, car elle explique l’idée de renaissance à des fins morales. Elle correspond à une migration de l’âme dans une même espèce. La réincarnation est admise par de nombreuses religions et sectes orientales. En Asie, elle est le fond commun de la pensée indienne, inhérente à l’hindouisme, dont elle justifie les castes, et au bouddhisme où la voie et la sagesse sont données pour échapper au fleuve des existences (le Samasara), voués à un nombre considérable de réincarnations.

Nouveaux groupes religieux «nés en Occident par innovation»

A la base des groupes ou mouvements de cette troisième catégorie, on retrouve deux idées dont l’origine à la fin du XVIIIème siècle :

a) On y considère que les découvertes d’ordre scientifique ont discrédité la doctrine des grandes traditions religieuses, lesquelles ne seraient plus adaptées au monde d’aujourd’hui. Il faut donc fonder une religion nouvelle qui parviendra à intégrer les éléments des grandes traditions religieuses qu’on juge compatibles avec le progrès technique et scientifique.

b) Sans nier pour autant l’existence d’un Être supérieur, la religion nouvelle est surtout centrée sur l’être humain et ses capacités personnelles plutôt que sur la présence de Dieu.

Nouveaux groupes religieux «de tendance magique»

Les groupes ou mouvements de cette dernière catégorie proposent à leurs adeptes une expérience qui est en réalité plus «magique» que «religieuse». Cette distinction est importante car elle reflète un renversement complet de la dynamique religieuse : alors que la religion est une expérience du sacré qui sous-tend une forme de gratuité, la magie tend au contraire à exercer un certain pouvoir sur le sacré; comme si l’être humain pouvait manipuler le sacré et le mettre à son
service.

Ces groupes se distinguent entre eux selon le type d’expérience magique qu’ils proposent (spiritisme, magie cérémonielle, occultisme, satanisme); ou encore selon le mythe fondateur auxquels ils se réfèrent. On peut penser ici aux mouvements néo-gnostiques, néo-païens, aux mouvements de nouvelle sorcellerie, aux néo-Templiers, néo-Rose-Croix, et ainsi de suite. Assez souvent la doctrine du groupe est réservée aux seuls initiés, qui sont tenus au secret.

o Comment réagiriez-vous si quelqu’un de votre entourage voulait s’engager dans l’un ou
l’autre de ces groupes ?