Les réseaux sociaux : une chance pour la communication ?

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« Nous étions des cultivateurs de savoir sédentaire, nous devenons des chasseurs nomades de l’information ! »

Introduction.

Les jeunes sont des grands consommateurs de l’ordinateur et surtout du Web. L’utilisation d’Internet via l’ordinateur commence dès 5 ans. Depuis la recherche de coloriages ou de mandalas sur le Net de l’enfant en bas âge jusqu’à l’usage de réseau pour des documents qui servent à réaliser des travaux scolaires, en passant par le jeu « on line » ou le bavardage sur des forums, Facebook et Twitter compris. La génération Internet, habituée depuis l’enfance à cliquer, surfer et chatter, serait dotée de nouvelles compétences, déclarent certains chercheurs.
Les jeunes sont très actifs à tout moment de leur développement dans l’utilisation et la recherche sur la gigantesque toile qui leur propose tout, n’importe quoi, du meilleur au pire. Cette jeune génération dont je fais partie pourrait donner le vertige tant elle accélère et multiplie les manières d’apprendre, de communiquer et de transmettre de l’information, des émotions, des images, des textes, des vidéos,… .
Selon une étude récente, les enfants passent 900 heures par an à l’école et 1200 heures par an devant leur écran. C’est sans compter 1e GSM qui permet aujourd’hui de se connecter à l’Internet directement là où nous sommes, c’est-à-dire quasi n’importe où !
Ces technologies sont des merveilles de performances et ne cessent de se développer à une vitesse qu’on a du mal à suivre. Le fossé intergénérationnel se creuse entre parents et adolescents dans ce domaine. Alors que les parents semblent satisfaits de pouvoir utiliser leurs répertoires téléphoniques sans se tromper, leur adolescent met à jour son blog sur le Net, se cherche un petit copain sur un réseau et télécharge de la musique pendant les cours à l’école ! Alors que les parents viennent d’achever leur outil Power Point dans le cadre de leur profession, leurs enfants de 12 ans négocient un contrat de publicité pour son site personnel, achète en ligne une paire de chaussure et poursuit simultanément un jeu en ligne où une rencontre stratégique s’entamera dans quelques minutes.
De cette profusion exponentielle d’information, certains en deviennent accrocs. Certains se disent et se persuadent que le monde c’est l’Internet et que la vie ne vaut d’être vécue que sur la toile géante de nos « amis » virtuels. Tout le monde sait qu’il y a des dangers potentiels : pornographie, jeux violents, jeux de hasard, rencontres,… Aujourd’hui, il n’est plus possible d’envisager l’utilisation des objets multimédias sans se poser les bases éducatives nécessaires : sans réfléchir sur un nouveau mode de penser l’information mais surtout de la traiter, en essayant d’accéder à une culture, celle du Net, tout en préservant un plaisir serein et non frénétique des possibilités formidables qu’apportent ces technologies dans notre vie.
Comment prendre du recul par rapport à ce bouleversement culturel où l’on passe du livre à la toile sans diaboliser ou s’effrayer de ce qu’apporte cette nouvelle manière de comprendre le monde, nos relations, nos apprentissages, nos comportements. C’est en constatant au travers de discussions avec des adultes peu connectés que l’on se rend compte des a priori et des préjugés sur la jeunesse dont le premier danger est de stigmatiser et d’en caricaturer les excès sans rien nuancer. Utiliser fréquemment la toile virtuelle ne veut pas dire pour autant « addiction numérique ». Car enfin, cet outil de communication, d’apprentissage, de relation et de jeu est entré dans notre mode de vie, dans nos foyers, notre identité jusqu’à notre intimité parfois !

L’addiction et la dépendance : sommes-nous tous égaux ?

1. Des causes psychologiques.

Alors que les toxicomanies diverses sont des pathologies bien connues dans les comportements addictifs, ceux sans drogue n’intéressent les chercheurs que depuis une dizaine d’années. Ces addictions sont cependant en forte et constante hausse. Les jeux d’argent, l’arrivée de l’Internet et de la cyberdépendance avec la liberté de consommer toujours plus. Tout ce qui a trait aux addictions est bien souvent tabou. Ces sujets déclenchent toujours beaucoup de préjugés. Pourtant, chaque ado est différent. Chaque jeune entretient une relation particulière issue de son histoire et de sa personnalité face à l’addiction au jeu. Pourquoi certains jeunes deviennent-ils addicts et d’autres pas ? Chamboulement, dépaysement, le déséquilibre se retrouve dans leur vie d’adolescent : un jour plein de vitalité, le lendemain plein d’inertie, un moment dans le rire, un autre dans la tristesse. Certaines études présentent l’addiction comme recherche de réconfort face à l’angoisse de devenir adulte, de prendre en main son avenir et ses responsabilités, face à une séparation familiale douloureuse, un changement ou un bouleversement dans sa propre vie où l’on transfert une série d’affects sur un autre plan celui virtuel.
Une des nouvelles expressions de l’addiction vers le virtuel pousse les jeunes et moins jeunes à utiliser l’ordinateur comme unique moyen d’expression et de communication, comme unique moyen d’exister. Les causes principales demeurent l’angoisse face à l’avenir, face à la réussite sociale, stress envers une attente qui dépasse ce dont ils seraient capables. Plusieurs études ont d’ailleurs tenté d’établir un profil psychologique type de ces jeunes hommes capables de passer plus de 50 heures en ligne par semaine. Il semblerait qu’ils soient généralement de tempérament plutôt timide, voire introverti. Issus pour la plupart de catégories socioprofessionnelles supérieures, ils seraient en rupture affective ou en conflit avec leurs parents. Pour ces ados, jouer correspond à la fois à un besoin (d’appartenance à un groupe, besoin de sensations) et à une recherche (de sens et de contrôle de sa vie).
Le monde réel est pour eux source de frustration. Impossible d’appuyer sur une touche pour effacer les soucis du quotidien. Impossible de tout « remettre à zéro » d’un simple « clic ». Les groupes d’amis en ligne donnent également au jeune la sensation d’être « relié avec les autres ». Seulement, ce lien social et tout ce qui va avec ne reposent que sur du virtuel. Un virtuel qui isole et qui exclut, qui ne socialise pas. Si le jeune consomme du jeu plus de 15 heures par semaine pendant plusieurs mois, sa vie familiale, scolaire, ses relations sociales et affectives seront perturbées. Sa qualité de sommeil et sa propre perception personnelle de son identité aussi. L’ado addictif au jeu organisera toutes ses journées autour de son passe-temps, au détriment d’autres sources d’intérêt. Un soutien psychologique et thérapeutique devient nécessaire pour reconstruire du lien avec le monde réel et avec sa propre identité.
La catégorie de la cyberdépendance la plus présente relève dans la plupart des cas d’une dépendance affective et communicationnelle. Au départ, ce fut d’abord les chômeurs, les isolés, les timides, les sociophobes, les célibataires en recherche, les aventuriers en recherche de supercherie identitaire. Aujourd’hui, même si ce profil existe toujours, le champ des cyberdépendants est bien plus vaste et complexe. Parfois une situation fragilisant dans la vie peut amener à une cyberdépendance, un veuvage, une maladie, un divorce, un échec scolaire, etc.

2. L’adolescent : profil de comportement.

L’adolescence et la période estudiantine sont considérées comme un terreau favorable pour faire de ces jeunes des cyberdépendants. Les adolescents vivent une mise à distance des images et des modèles parentaux tout en essayant de construire leur propre modèle en recherche constante (crise d’adolescence). La construction d’un monde parallèle sur la toile est une occasion simplifiée et accessible de se refaire un espace, des relations dans un univers et une réalité virtuelle. Ce monde est sans doute moins dur, moins imprévisible, moins décevant et plus rassurant quoiqu’il maintienne le jeune devant peu de responsabilité et freine sans doute son accès à l’âge adulte où l’échec fait partie tout comme la réussite de sa vie.

3. L’adolescence : profil et comportement.

L’adolescent traverse une période de bouleversement due à la puberté. Cette étape de la vie modifie son corps et ses pensées. 11 devient comme un inconnu par rapport à tous ces changements sur lesquels il ne peut agir. Il doit se réapproprier un nouveau corps, comprendre ce qui lui arrive tout en menant de front la vie quotidienne avec 1’école, la famille, les amis, avec souvent la découverte de nouvelles émotions qui vont prendre une grande place, etc. C’est donc plein de contradictions, d’angoisse et de questionnements que le jeune devra repenser ses relations aux autres, conscient que les autres le regardent autrement puisqu’il devient un jeune homme et non plus comme un enfant.
Voici un bref échantillon de questionnements qui tourne autour de l’idée « J’aime ou j’aime pas » : Comment choisir ? En fonction de quels critères ? Faire comme mon ami ou pas ? Peut-on seulement choisir ? A-t-on les moyens et la liberté de choisir d’aimer ou pas ? C’est quoi aimer ? Qui suis-je pour aimer qui ? Suis-je aimable ? De quoi suis-je capable ? Quelle est ma valeur ? Est-ce que je compte pour quelqu’un ? Et les autres ? Peuvent-ils compter sur moi ? … Comment ne pas avoir le vertige et aller rechercher des réponses ou des temps d’évasion dans ce que la réalité parfois ne nous offrent que très peu ou pas du tout ? Selon le psychanalyste Philippe Jeanminet, la puberté occupe une place spécifique dans le développement de la personnalité. Temps de fragilisation et de mise à l’épreuve des ressources de l’adolescent qui fait de cet âge un puissant révélateur de ce qui constitue ces ressources mais aussi ce qui le fragilise et susceptible de menacer l’équilibre de l’adolescent et de le mettre en danger.
Le monde virtuel décrit un imaginaire où le jeune peut « se refaire » une seconde vie, une seconde chance peut-être même une autre vie ou une autre chance. Les jeux en ligne, les réseaux de communications sont destinés à dire et à travestir la réalité. En ce sens, il désinhibe, ôte l’angoisse et la peur d’entrer en relation pour de vrai et en limitant les risques d’être déçu ou de décevoir. Cette approche virtuelle résout tout autant le rapport au corps transformé à son insu par la puberté ; soit en créant et en le camouflant par « un avatar », soit en idéalisant et en faisant de son corps un objet hyper-sexualisé. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Tweeter permettent de poster des photos, de diffuser sur son mur notre identité, nos goûts et de se mettre dans une case avantageuse en le nourrissant de souvenirs et de discussions parfois les plus anodines … juste pour se sentir et avoir cette illusion d’être « hypervivant » !

4. Et la famille ?

La famille et l’école sont les deux milieux de vie les plus importants dans la vie d’un jeune. Si à l’école les codes et le règlement du vivre ensemble empêchent le jeune ou le limitent à s’adonner à son addiction ; dans la famille rien n’est moins sûr ! Le jeune peut repérer des failles dans la structure familiale et développer des stratégies pour vivre sa cyberdépendance sans même que les parents ne s’en aperçoivent à temps : des parents qui rentrent tard du travail ou qui voyagent souvent pour des raisons professionnelles, une séparation, un voyage langue à l’étranger, une fragilité chez les parents qui donnent trop de confiance et de liberté à leur adolescent enfermé dans une chambre avec un ordinateur, un souci des parents de voir leur enfant sur des réseaux avec des amis alors qu’il est de nature très timide et isolé,…

Atout sur notre comportement: traits de caractère et compétences.

Le portrait de la Net génération ne possède pas que des addictions et des comportements à risques d’isolement ou au contraire de dépendance affective et artificielle. D’après une étude menée sur plus de 10.000 adolescents âgés entre 11 et 20 ans, on peut dresser une carte d’identité sur les motivations à maintenir une activité sur le web et aux jeux vidéo.
Le besoin de liberté : Sur Internet, il n’y a pas de chef, et des milliards de sites nous offrent un monde de possibilités. On a la liberté de choisir ce qu’on achète, ce que l’on veut apprendre, à qui l’on parle et même qui on veut être… Difficile pour les jeunes nés à l’ère du numérique de s’astreindre au rythme de nos parents : métro-boulot-dodo. Les jeunes choisissent leur mode de vie et en changent plusieurs fois, changent volontiers d’emploi pour se lancer dans de nouveaux projets,…
L’impatience : L’urgence est leur quotidien. Même le mail est trop lent pour eux. Ils préfèrent la messagerie instantanée. Dans le monde réel, ils exigent toujours un service immédiat et s’irritent si on ne peut leur fournir la réponse ou le produit de leur choix dans les meilleurs délais. Au travail, même constat : ils veulent gravir les échelons rapidement.
L’esprit critique: Avant d’acheter, les enfants du Net commencent par éplucher des dizaines de sites et de forums. Et, en général, ils dissèquent la moindre info en surfant, qu’il s’agisse de l’avis du médecin ou du cours des profs. « Fais confiance, mais vérifie » telle est leur devise.
L’envie de s’amuser : Internet est comme une immense cour de récré. On y trouve des vidéos rigolotes qu’on s’échange entre copains, des univers de jeux fantastiques et des sites conviviaux pour se retrouver ou trouver des amis.
L’intelligence collective : La génération Internet vit en communauté : elle reste en contact avec ses potes 24h/24, joue en ligne, chatte avec des dizaines de personnes en permanence. C’est elle qui a inventé la collaboration en ligne pour améliorer des sites ou des logiciels. Bref, elle est convaincue qu’on est bien plus performant à mille que tout seul !
Le goût de l’innovation : il est loin, le temps où la même technologie (télé, poste radio) demeurait inchangée durant des années. On s’est habitué aux produits qui évoluent sans cesse, aux logiciels qui se mettent à jour, aux sites qui s’actualisent…et on est devenu accro à la nouveauté et aux modes.
L’exigence d’intégrité : les jeunes du Net attendent des institutions et des entreprises la plus grande transparence. Car, sur le Web, toutes les infos sont disponibles : il est facile de voir si une société respecte ou non l’environnement ou offre de bonnes conditions de travail. Ils se renseignent, diffusent les infos via les réseaux sociaux et sont prêts à boycotter les marques ou institutions qui ne respectent ni ne défendent leurs valeurs. Exemples : Anonymus, owni mais aussi WikiLeaks.

Conclusion.

Personne ne peut contester l’utilité de l’électricité ; nous en avons tous besoin pour nous éclairer et dans notre quotidien. Pourtant lorsque nous devenons parents, nous surveillons nos petits afin qu’ils ne mettent pas leurs doigts dans la prise de courant et dès qu’ils comprennent, nous leur expliquons les dangers d’un tel geste.
Il en va de même pour l’éducation aux médias et face au numérique. Ce n’est pas refuser la modernité que d’informer sur les dangers et les limites ; c’est au contraire libérer la pensée et la créativité des outils informatiques à notre propre maîtrise et notre capacité à les utiliser sans qu’ils puissent eux-mêmes nous asservir !
Boris Dardenne, Les réseaux sociaux : une chance pour la communication ? in Informations, Marcinelle, décembre 2013, pp.3-8.
Extrait retravaillé du TFE de Boris Dardenne, remanié par Françoise Allard.

Le droit et les réseaux sociaux.

A notre époque, les réseaux sociaux ont pris une place considérable dans la vie quotidienne de tous, que ce soit professionnellement ou à simple titre privé. Cependant et à l’instar de toute société, tout n’est pas permis sur Internet. Il existe un ensemble de règles et de contraintes qui concernent tous les utilisateurs de ces services. Quelles sont ces règles et contraintes ? Petit topo sur le droit applicable aux réseaux sociaux.

1. Considérations générales.

Une première particularité réside dans le fait qu’il n’existe pas de loi type qui règlementerait la notion de réseau social. En effet, il n’y a pas une loi particulière qui encadre précisément ce type de problématique. Dès lors, il convient d’analyser séparément les diverses |législations traversant cette matière. La suite de ce petit exposé aborde ainsi quelques branches du droit s’appliquant tout particulièrement aux utilisateurs des réseaux sociaux.

2. La responsabilité civile.

En Belgique, le principe en matière de responsabilité civile réside au sein des articles 1382 et 1383 du Code civil, à savoir : « tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer » et « chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence ».En d’autres termes, on est responsable du dommage que l’on cause à autrui de par sa propre faute ou de par sa propre négligence.
Cette règle s’applique également sur Internet et sur les réseaux sociaux. Elle revêt par ailleurs une importance singulière en matière de réseaux sociaux car les différentes règlementations internes de ces derniers (par exemple les conditions d’utilisation de Facebook) prévoient systématiquement des clauses d’exonération de responsabilité à leur profit. Ainsi l’article 16.2 du règlement Facebook édicte de manière explicite que : « nous (Facebook) ne sommes en aucun cas responsables du contenu ou des informations transmis ou partagé par les utilisateurs sur Facebook ».
Les utilisateurs sont en conséquence entièrement responsables non seulement du contenu qu’ils mettent en ligne mais également de tout ce qui est publié par des tiers sur leur page ou profil personnel. Par ailleurs, si l’utilisateur n’est pas majeur, il ne sera pas tenu pour directement responsable des actes qu’il pose sur Internet mais ses parents ou autres tuteurs le seront à sa place.
Sur internet, il est intéressant de constater qu’il existe une pluralité d’acteurs intervenant constamment, même pour la plus insignifiante recherche. Ces différents intermédiaires sont notamment les hébergeurs, les fournisseurs d’accès, les éditeurs,… ainsi que les auteurs bien évidemment ! Il existe un corps de règles concernant spécifiquement ces différents intermédiaires. Sans entrer dans les détails de ces législations complexes, relevons simplement que la loi met à leur charge quelques obligations qu’ils se doivent de respecter. Ils ne peuvent, par exemple, pas enfreindre la loi sur les droits d’auteur et les droits voisins et s’ils s’aperçoivent qu’un contenu illégal est publié sur leurs sites, ils ont l’obligation de le retirer immédiatement sous peine d’engager leur responsabilité. Ce principe s’applique également aux réseaux sociaux. Ainsi, Facebook n’est en aucun cas responsable du contenu mis en ligne par les utilisateurs sur son site (clause d’exonération de responsabilité prévue par le règlement Facebook) mais il le deviendra dans les cas où il aurait connaissance du caractère préjudiciable du contenu et qu’il ne l’a pas enlevé. L’utilisateur ayant publié le contenu illégal et Facebook seront alors co-responsables du dommage occasionné.
Il ne faut néanmoins pas croire qu’il est simple ou facile d’attaquer en justice un réseau social. En effet, les réseaux sociaux se protègent en inscrivant une clause d’exonération de responsabilité dans leurs règlementations mais aussi en limitant le choix des tribunaux compétents. Pour continuer avec l’exemple de Facebook, en cas de litige avec ce réseau social seuls les tribunaux américains sont compétents et seul le droit de l’Etat de Californie est applicable. Les possibilités de saisir la justice en cas de réel problème sont donc assez réduites…
Pour conclure, rappelons simplement que, en matière de réseaux sociaux, l’utilisateur est entièrement et exclusivement responsable de tous les actes qu’il pose ou qui le concerne de près ou de loin. Bien qu’il existe certains moyens de mettre en cause la responsabilité du réseau social utilisé, cela relève plus de l’hypothèse car les conditions sont en pratique trop exigeantes pour fonctionner réellement.

3. Les droits d’auteur et les droits voisins.

Les droits d’auteur sont un ensemble de lois et de règles qui protègent tant les œuvres originales que ceux qui en sont les auteurs. Il s’agit en réalité d’un véritable droit de la propriété reconnu par une loi, la loi belge du 30 juin 1994 relative au droit d’auteur et aux droits voisins. L’ensemble de ces règles a vocation de protéger une création originale c’est-à-dire une création marquée par l’emprunte personnelle de l’auteur. En réalité, la loi protège un éventail d’œuvres très vaste comprenant notamment des livres, des articles, des peintures, des desseins, des photos, de la musique, … Ainsi, de simples photos personnelles sont protégées par le droit d’auteur. La durée de la protection se prolonge 70 ans après le décès de l’auteur (ou du dernier des co-auteurs en cas d’œuvre de collaboration) au profit de ses ayant droits ou d’une personne désignée comme telle.
De manière générale, il convient de respecter les lois qui régissent les droits d’auteur car c’est comme cela que les artistes peuvent vivent de leurs œuvres. Ceci est d’autant plus vrai sur Internet et donc sur les réseaux sociaux. Le principe gouvernant la matière est que l’utilisation d’une œuvre est subordonnée à une autorisation de l’auteur de l’œuvre en question. Ainsi, le téléchargement d’œuvres artistiques est payant et les téléchargements gratuits sont illégaux.
Il existe néanmoins certains téléchargements gratuits d’œuvres qui sont légaux. Il s’agit notamment des programmes informatiques opensource, des échantillons de musique offerts par les artistes (en guise de publicité) et surtout des documents libres de droit c’est-à-dire les documents qui ne sont plus couverts par la protection de la législation des droits d’auteur (donc 70 ans après le décès de l’auteur).
Par ailleurs, il convient de préciser que lorsque qu’on achète un CD, un DVD ou bien encore une musique sur Internet, l’acheteur ne devient pas propriétaire de l’œuvre ainsi vendue. Il devient titulaire d’une licence d’exploitation, ce qui signifie que l’utilisation de l’œuvre et des copies éventuellement faites de celle-ci doit être réservées exclusivement à un usage privé et non à des fins commerciales ou promotionnelles par exemple.
En cas de violation des règles régissant le droit d’auteur, la loi prévoit que l’utilisateur responsable peut faire l’objet d’une amende accompagnée généralement de la confiscation du matériel utilisé. On peut y ajouter également une action en responsabilité civile à l’encontre de l’utilisateur imprudent ou de ses représentants légaux (en cas de minorité).
Les dispositions relatives au droit d’auteur sont entièrement applicables sur Internet et sur les réseaux sociaux. Avant de publier une vidéo sur son profil Facebook, il est donc nécessaire d’avoir obtenu une autorisation de l’auteur de l’œuvre sous peine d’être responsable d’une violation de la législation sur les droits d’auteur. Par ailleurs, le réseau social sur lequel est publiée une telle œuvre peut être co-responsable avec l’utilisateur s’il avait connaissance du caractère préjudiciable du contenu et qu’il n’a pas cherché à l’enlever.

4. Le droit au respect de la vie privée et le droit à l’image.

Il s’agit d’un aspect très important des règles existant sur Internet et dont malheureusement les utilisateurs ne sont pas toujours avertis adéquatement.
De manière générale, les données privées et personnelles que l’on indique sur les réseaux sociaux font l’objet d’une règlementation appelée « Politique de confidentialité » et qui est interne et propre à chaque réseau social. Certains précisent la manière dont sont traitées ces données et les circonstances qui peuvent donner lieu à une communication de celles-ci vers des personnes tierces (exemple, la politique de confidentialité de Twitter qui précise que le réseau social ne communique pas de données personnelles sauf certaines exceptions limitativement énumérées par ce règlement). D’autres, dont l’exemple le plus célèbre est Facebook, procèdent à une appropriation complète des données communiquées sur le réseau social.
Ainsi, malgré les restrictions pouvant être apportées aux publications que l’on fait sur Facebook (exemple : les publications réservées aux « amis seulement »), le réseau social acquiert automatiquement une licence de ce qui a été publié, même les photos de vacances ! De par cette appropriation, Facebook peut utiliser toutes ces données à des fins publicitaires ou les revendre sans que l’utilisateur ne puisse s’y opposer.
Il s’agit donc d’être prudent et de protéger correctement son profil. Bien sûr, cela n’est pas encore suffisant pour se mettre à l’abri d’éventuels problèmes car tout ce que l’on met sur Internet y reste et pour longtemps !
Comme rappelé ci-dessus, on est responsable de tout ce qu’on publie sur un réseau social et également de tout ce qui est publié par des amis ou des inconnus sur notre profil personnel. Cela signifie que l’on est responsable de tous les propos publiés sur sa page personnelle et notamment des propos insultants, diffamatoires ou racistes. Ces comportements constituent des atteintes au droit à la vie privée et sont considérés comme des infractions punies par la loi. En cas de diffamation, il suffit d’une plainte de la personne visée par les propos pour se voir condamner à payer des dommages et intérêts.
Par ailleurs, il faut également prendre en compte le fait que tant la Cour de justice de l’Union européenne que les juridictions belges considèrent les propos publiés sur les réseaux sociaux comme étant public. Ce qui signifie qu’en cas de litige il n’est pas possible de se prévaloir de la législation relative à la protection de la vie privée pour justifier son comportement. La presse relate régulièrement ce genre de fait divers.
Un autre aspect de la protection de la vie privée concerne le droit à f image. La loi du 8 décembre 1992 relative à la protection de la vie privée à l’égard des traitements de données à caractère personnel est applicable dès que l’on se trouve en présence d’un « traitement de données à caractère personnel ». Tombent donc dans le champ d’application de cette loi tant les photos que les vidéos relatives à une personne que l’on peut déterminer. Le principe en la matière est simple et absolu : il est nécessaire d’obtenir le consentement de la personne concernée par la photo ou la vidéo sous peine de violer la loi. Ainsi, à chaque fois que l’on publie une photo sur Facebook, il est impératif de demander la permission aux personnes concernées par cette photo. Si l’autorisation n’est pas donnée, il faut alors immédiatement retirer cette photo sous peine de poursuites judiciaires. Le principe s’applique évidemment en sens contraire aussi c’est-à-dire si une personne publie une photo nous concernant sans nous en demander l’autorisation. Il est alors possible d’exiger de retirer à tout moment cette image.

5. Conclusions.

En guise de conclusion, voici un petit résumé des différentes contraintes existant sur Internet et sur les réseaux sociaux ainsi que quelques précautions usuelles à prendre.
Premièrement sur Internet et sur les réseaux sociaux, l’utilisateur est entièrement responsable de ces actes (et éventuellement les parents pour un mineur). Il faut donc agir de manière très prudente et notamment respecter les différentes législations concernant la propriété intellectuelle, les droits d’auteurs et le droit à l’image. Il convient également d’éviter d’insulter ou de diffamer quelqu’un, les conséquences sociales pouvant être parfois destructrices.
Deuxièmement, l’utilisateur d’un réseau social est personnellement responsable de son profil personnel et aussi de ce que les autres publient dessus. Il faut donc être très vigilant et vérifier un maximum les différentes publications faites sur et pour son compte.
Par ailleurs, la meilleure précaution à prendre est de ne pas étaler sa vie privée sur Internet. Une fois celle-ci mise en ligne, il est très difficile de faire marche arrière. En bref : « prendre soin de sa cyber-réputation ».
Enfin, bien que cela apparaisse comme extrêmement rébarbatif, il est toujours utile de lire le règlement du réseau social auquel on adhère car il s’agit du meilleur moyen de voir et de savoir comment seront utilisés les données et contenus que l’on publiera.
Julien Dallons, Le droit et les réseaux sociaux, in Informations, Marcinelle, décembre 2013, pp.10-13.

Les réseaux sociaux : une nouvelle approche de la communication.

Autant vous le dire d’emblée, les réseaux sociaux me laissent perplexes. Néanmoins, je m’y intéresse, ne fût-ce que dans le cadre de cet article ! J’ai à leur égard, de multiples interrogations et l’engouement certain pour ces moyens de communication m’étonne, m’interpelle et me pose question. Ce qui apparaît comme une évidence – être sur Facebook par exemple – me semble insolite et surprenant. C’est dans cet état d’esprit que j’écris mon texte pour ce numéro d’Informations, partageant mes réflexions et proposant des pistes de recherche pour ouvrir nos élèves à un discernement et une prise de conscience des enjeux des réseaux sociaux. Enjeux qui sont à la fois anthropologiques, culturels, spirituels.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication créent un profond changement, de nouveaux usages, des nouvelles manières d’être, de communiquer, d’agir qui ne sont pas sans conséquence sur les relations humaines (…).

Mais au fond, c’est quoi communiquer ?

La société dans laquelle nous vivons nous invite sans cesse à « communiquer ». Les nouvelles techniques de communication sont légions : télévision, internet, portables, lphones, androïdes et autres smartphones, Facebook, Twitter et j’en oublie sans doute. D’un point de vue technique, nous pouvons certainement dire que nous sommes « au point », du moins pour ceux d’entre nous qui ont accès à ces outils de communication. Et ne nous y trompons pas, ce n’est pas une évidence ! Mais au-delà de l’aspect technique de la chose, qu’en est-il de la dimension psychosociale et spirituelle de la communication aujourd’hui ?
« Communiquer, c’est ne pas être seul, c’est qu’il y ait quelqu’un qui soit à la fois autre et proche. Communiquer, c’est pouvoir parler et, cela est tout à fait fondamental, être entendu. Mais c’est aussi avoir une parole qui soit bonne à entendre, qui soit nourrissante. »
Il me semble qu’il nous faut ajouter à cette définition les notions d’intimité et de proximité. Communiquer c’est pouvoir prendre la parole, la partager et la donner à un autre qui, à son tour, communique. Cela ne peut se faire que si chacun écoute l’autre. L’écoute est au centre de la communication. Elle sous-entend une attitude réceptive mais aussi de non intrusion dans la sphère intime de celui qui « dit ». Le « dire » de l’autre mérite le respect de même que nous ne pouvons forcer celui-ci à entrer dans un « dire ». Dans la communication en vis-à-vis, chacun exprime des émotions (expressions du visage et du corps) en écho ou «dire » de l’autre. Cette façon que nous avons de «parler» à travers notre corps permet d’ajuster les propos. Parfois nos réactions invitent l’autre à poursuivre, parfois elles l’arrêtent. Mais dans tous les cas, ces d’interactions permettent d’ajuster le dialogue. En d’autres termes, lorsque je parle à un autre qui m’écoute, ce qu’il exprime par le corps lui permet de se rendre compte de ce qui se passe dans la communication en cours.
Les réseaux sociaux offrent-ils cette présence positive, cette proximité, permettent-ils d’être un « humain parmi d’autres êtres humains, de pouvoir exister comme sujet, comme quelqu’un qui est là pour quelqu’un d’autre » ?

Revenons à notre propos et posons-nous alors cette question :

C’est quoi un réseau social ?

Un réseau social a pour but de rassembler des personnes proches ou lointaines, connues ou inconnues et permet à ses utilisateurs de donner des informations personnelles, d’être en contact, de partager des nouvelles, des idées et d’interagir avec d’autres. Que ce soit pour rechercher et retrouver des amis, partager des informations, discuter, mettre ses états d’âme et ses humeurs, annoncer des activités ou des expositions, garder des contacts avec des amis à l’étranger, pour être à la mode et faire comme tout le monde, chacun a ses raisons de s’inscrire sur un réseau social.
La plupart des verbes utilisés indiquent un lien car le réseau social conduit à établir de nouvelles relations interpersonnelles ouvrant un nouvel espace d’amitiés potentielles.

Tu veux être mon ami ?

Après s’être inscrit et avoir créé son «profil », il s’agit de «se faire des omis» et créer de manière volontaire des contacts avec d’autres. Mais l’amitié se décrète-t-elle en un clic ? L’ami sur Facebook est-il l’ami de la vie de tous les jours ?
Aristote parlait ainsi de l’amitié : « Ceux qui s’engagent rapidement dans les liens d’une amitié réciproque ont assurément la volonté d’être amis, mais ils ne le sont pas en réalité, à moins qu’ils ne soient aussi dignes d’être aimés l’un et l’outre, et qu’ils aient connaissance de leurs sentiments : car si la volonté de contracter une amitié est prompte, l’amitié ne l’est pas. » (Ethique à Nicomaque)
Pour le philosophe grec, l’amitié demande une bonne connaissance de soi et des autres, le partage de valeur, la réciprocité et la durée. L’utilisation du mot « ami» sur un réseau social n’est-elle pas relativement trompeuse car l’amitié ne se décrète pas, elle demande du temps, elle se base sur une connaissance mutuelle. « Dans la vie de tous les jours, un ami, c’est quelqu’un avec lequel je me sens bien, dont je me sens proche même s’il est différent de moi. Quelqu’un à qui je dis des choses import antes pour moi, qui me touchent, vers qui je vais et qui vient vers moi pour un échange. Quelqu’un que j’appelle en cas de problème et qui peut lui aussi s’adresser à moi quand ça va mal… » Dans l’amitié, rien ne vaut le face-à-face du visage et la proximité.
On peut poursuivre la réflexion et l’interrogation en évoquant sur le statut de « l’autre » et de l’altérité. Dans l’existence de chacun de nous, qui est l’autre, qui est proche, qui est le prochain ? Pris dons le monde des relations « virtuelles », ne courons-nous pas le risque de négliger ceux que nous rencontrons au quotidien ou de n’aimer que ceux qui nous aiment ? Avons-nous le temps de vivre des rapports humains nourrissants ? La recherche d’amitiés dans les espaces virtuels peut être, pour certains, le signe d’une recherche authentique de rencontre à condition, sans doute, de ne pas se réfugier dans une sorte de monde parallèle qui néglige les contacts directs et de d’affirmer qui on est vraiment.

Je dis « quoi » de moi ?

En s’inscrivant sur un réseau social, en créant son « profil », on est amené à parler de soi, à se monter, à se raconter. On se met en scène, on met en récit sa propre personne. L’identité personnelle est mise en question: ne risque-t-on pas de «se raconter» des histoires, se raconter une histoire, l’histoire de soi ? Comme le dit Paul Ricœur, le récit de soi « emprunte à l’histoire autant qu’à la fiction, faisant de l’histoire d’une vie une histoire fictive » car je peux dire la vérité à mon sujet, dire ma vérité, ne le dire qu’en partie ou l’embellir, mentir voire m’inventer une vie. Je mets ici en évidence la difficulté de la fidélité à soi-même dans ce qu’on dit qu’on est aux autres et, par là même, la confiance que les autres peuvent nous apporter. Construisant un « profil illusoire» de soi, c’est notre authenticité (notre vérité) que nous mettons à mal.
Or, dans la société hyper individualiste de ce siècle, l’individu a déjà tendance à construire « son identité non pas en rapport avec les autres, mais en repli sur lui-même…Tout n’est que choix personnels. C’est je, me, moi. L’important, c’est le fait de se dire, de se raconter.» Vue de la sorte, la communication devient particulièrement narcissique.

« Se raconter » pour mieux se connaître ? »

Il m’apparaît que l’on peut se raconter pour essayer de mieux se connaître, pour tenter de mieux se comprendre. Cette démarche, celle de « se dire » dans une plus grande authenticité, tout en gardant la part de mystère qui fait ce que nous sommes, paraît combien difficile. « Connais-toi toi-même » disait déjà Socrate. Cette connaissance de soi ne demande-t-elle pas un brin d’intériorité, une goutte d’altérité, un grain de communication, un doigt de spiritualité ? Je soutiens la nécessité de ce cocktail et sans doute à plus forte dose !
Nous le savons, l’homme prend conscience de lui-même par ses relations avec les autres. Il peut dire « je » parce qu’un autre lui a dit « tu » en parlant d’un « il », c’est-è-dire d’un troisième, une personne ou un objet. C’est ainsi qu’il construit sa subjectivité. Mais pour accéder à son intériorité, au cœur le plus profond de sa personne, « au trésor dont chacun est dépositaire » (Edith Stein), il doit arrêter de s’éparpiller et de se disperser. J’ai parfois l’impression que les réseaux sociaux mènent à ce que Pascal appelait déjà le « divertissement ». Il l’entendait comme une extériorité à soi-même ou détriment du « cœur » et de l’intériorité, certaines personnes passant beaucoup de temps devant un écran, en-dehors d’elle-même, d’une certaine façon.

Se rendre visible.

Se rendre visible, jusqu’où ? Sur les réseaux sociaux, chacun se donne à voir, chacun y est vu par de nombreuses personnes et peut voir sans être vu.
Voir sans être vu…inévitablement me vient à l’esprit le mythe de Gygès. Raconté par Platon, ce mythe met en scène un berger qui trouve un anneau le rendant invisible. Ce texte de Platon insiste sur la visibilité et l’invisibilité. La visibilité indique la métaphore du regard que je porte sur les autres ou que les autres portent sur moi : je suis visible par les autres, je ne fais pas n’importe quoi. L’invisibilité indique la libération du regard de l’autre et de son jugement qui me conduit à agir comme je l’entends, selon mon plaisir.
Cette visibilité met en question le respect de la vie privée et des valeurs comme la pudeur et l’intimité. Elle met également en question cette propension pour le quidam de donner son opinion sur tout et n’importe quoi. Le danger est grand d’aboutir au relativisme et de mettre en cause la démocratie. La liberté de parole n’est liberté que dans la mesure où elle ne paralyse pas la réflexion. La façon dont les médio nous invitent avec insistance à donner notre avis sur tout (et principalement sur l’évènementiel) n’a-t-elle pas pour conséquence de ne plus laisser place à une réflexion approfondie sur questions de société dont les enjeux sont capitaux ?

Prendre en compte le temps.

Les nouvelles technologies de communication indiquent un rapport au temps basé sur l’immédiateté, à la fois l’immédiateté de l’information qui se fait en temps réel, « à chaud » sans grand contrôle et l’immédiateté de la réponse puisqu’il faut réagir sur-le-champ sans le nécessaire recul permettant éviter bien des écueils dans les relations humaines. L’instantanéité nous entraine souvent à « parler pour ne rien dire », à donner un avis pour donner un avis, à communiquer pour communiquer, une communication qui tourne à vide, quel que soit le contenu ou encore à dire ce qu’il ne fallait pas dire !
A contrario, il nous faut aussi reconnaître les avantages que présente cette même immédiateté notamment dans la mobilisation qu’elle offre lors de différentes catastrophes naturelles ou dans les appels à manifester pour des causes politiques ou humanitaires dignes de ce nom.
De même, les milieux éducatifs mettent les techniques de communication ou centre de nombreuses formations, mais ils sont aussi amenés à devoir prendre des mesures de cadrage plus strictes et de sanctions envers l’utilisation de ces mêmes techniques dans le cadre de nombreuses dérives entre jeunes et moins jeunes sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, le harcèlement scolaire poursuit de nombreux jeunes jusqu’à la maison !

Conclusion.

Loin de moi de mettre aux gémonies les réseaux sociaux. Ils permettent sons doute à certaines personnes de sortir de l’isolement dans lequel les confine notre société, ils leur donnent ne fut-ce l’espace d’un instant, le sentiment d’exister aux yeux des autres, ils les valorisent et les rassurent quant à leur place dans l’espace social. Ils permettent l’échange d’informations utiles si celles-ci ne sont pas noyées par un flot de « tchats » ininterrompus. Elles permettent d’alerter en cas de nécessité à condition que ces alertes ne soient pas autant de rumeurs se « propageant à la vitesse du câble ». Bref, les réseaux sociaux et autres technologies n’apporteront un plus à nos relations qu’à la condition de pouvoir y mettre une mesure. Nous voyons à quel point l’apprentissage de leur maîtrise est indispensable pour que ces techniques restent des moyens de communication et ne déshumanisent pas ceux qui y ont recours.
Il me semble également urgent d’amener nos jeunes à se questionner ou re-questionner sur les valeurs qu’ils veulent mettre ou centre de leurs relations. Si c’est l’amitié voire l’amour, les réseaux sociaux ne sont peut-être pos les meilleurs outils relationnels !
Les questions que posent les nouveaux moyens de communication sont nombreuses. Elles sont certainement à débattre avec les premiers concernés : les élèves.
Françoise Allard in Informations, Marcinelle, décembre 2013, pp. 14-18.