Violence et harcèlement

posted in: Religion 2ème | 0

Tout a commencé au centre de « Ecoute-Enfants ». Il y a quelques années, les téléphonistes ont reçu un nombre incroyable d’appels d’enfants et de jeunes, victimes de harcèlement à l’école. Ce n’est pas tant le phénomène en soi qui interpelle, parce que le harcèlement existe depuis que le monde est monde mais la fréquence de ces harcèlements.

Le harcèlement a cessé d’être un phénomène marginal. C’était même un fléau qui faisait d’innombrables victimes, tant à l’école primaire que secondaire. Il ne s’agissait pas non plus de petites tracasseries, mais de harcèlements aux conséquences graves pour les victimes. Ce constat a servi de base à des études scientifiques sur le harcèlement. En 2004, l’université de Gand a mené une enquête dans 84 écoles, auprès de 10.000 élèves environ. Les résultats étaient stupéfiants : dans le groupe des 10-16 ans, le harcèlement concernait un élève sur quatre. D’autres enquêtes sont allées dans le même sens et ont démontré que les adultes n’étaient pas non plus à l’abri du harcèlement. Aujourd’hui, plus personne n’a de doute sur la gravité du problème. Nous avons presque pris l’habitude de lire des articles sur le sujet et, très souvent, nous n’y faisons plus attention. Jusqu’au jour où nous lisons ceci : « Un jeune garçon se suicide, victime de harcèlement à l’école. A Courtrai, un jeune de 13 ans s’est pendu à un arbre dans le jardin de ses parents. Il ne supportait plus les harcèlements quotidiens qu’il subissait à l’école. En cause, sa petite taille et son caractère taciturne. » (De Standaard). Ou encore ceci : « Des témoins confirment que David a été harcelé à mort. La Chambre bruxelloise du Conseil décidera demain des suites correctionnelles à donner au suicide de David Van Gysel, le facteur victime de harcèlement, décédé fin 2000 à l’âge de 21 ans. Les harceleurs, dont un délégué syndical et une collègue féminine, s’en prenaient à la mobylette que David, atteint de surpoids, utilisait pour faire la tournée des journaux. Ils s’amusaient à en dégonfler les pneus et à suspendre à la mobylette un panneau portant l’inscription « à emporter gratuitement ». » (Het Volk, 30/03/2002) Cette fois, tu n’en crois pas tes yeux, tu relis l’article et tu maudis les harceleurs et la société qui tolère leurs agissements. Tu affirmes que c’est épouvantable et que cela n’arriverait jamais dans ton école. Tu serais incapable de harceler quelqu’un. Jamais !

Les mots pour le dire

Mais, est-ce bien vrai ? Peut-être ne te sens tu vraiment pas coupable, parce que tu n’as jamais frappé ou agressé personne ? Mais, sais-tu que le harcèlement ne se limite pas à la violence physique ? Une étude récente a prouvé que la violence est la forme la moins fréquente de harcèlement. Les ragots arrivent en tête, suivis par la violence verbale et la critique permanente de l’autre. L’exclusion du groupe est également une forme très fréquente de harcèlement. Cela signifie-t-il que tu ne peux jamais taquiner quelqu’un ou dire carrément ce que tu penses ? Bien sûr que non. Les taquineries sont parfois ennuyeuses, mais elles s’accompagnent souvent d’une dose d’humour. Les jeunes qui se taquinent s’entendent bien, et ils se taquinent à tour de rôle. Il n’y a ni gagnant ni perdant, et la victime ne subit pas de blessure permanente. C’est la grande différence avec le harcèlement, où l’équilibre des forces est rompu. La victime souffre en permanence. Elle se sent impuissante, incapable de faire quelque chose de bien, elle a toujours le dessous et en subit de graves conséquences (perte de l’estime de soi, peur permanente des autres, dépression). Cela peut même parfois la mener au suicide.

Tous victimes

Pour éviter les conséquences dramatiques du harcèlement, il faut faire cesser le harcèlement. Il ne s’arrête pas tout seul et il ne fait pas qu’une seule victime. Ceux qui subissent le harcèlement, mais aussi ceux qui l’infligent. Ils ont peu de vrais amis et sont plus craints qu’appréciés. Le harcèlement est leur façon à eux de se faire respecter. Plus tard, ils éprouvent des difficultés à se comporter autrement avec les autres. Enfin, ceux qui laissent faire sont aussi victimes : ils ont peur de réagir, et se soumettent aux tensions internes du groupe.

Comment s’attaquer au problème[1]?

Il n’existe pas de remède miracle pour faire cesser le harcèlement. Cela dépend beaucoup de l’environnement où il se développe. Mais, dans chaque école, il y a des gens à qui tu peux en parler. Un éducateur, un titulaire de classe, un membre du PMS, un collaborateur de Ecoute-Enfants. Sur Internet aussi, tu peux trouver des informations.
Tu n’es pas encore convaincu(e) que le harcèlement est inacceptable ? Tu as peur de devenir toi-même une cible si tu réagis ? Lis le texte ci-dessous, adapté d’après Théo Olthuis. Imagine-toi que tu te glisses dans la peau de cet élève :

Victime

Il aimerait tant devenir invisible.

Pousser sur un bouton

Ou connaître une formule magique

Et partir en fumée

Sous leurs yeux de rapaces.

Mais rien ne change,

Et il reste là,

Comme vissé au sol.

Visages grimaçant,

Méchancetés, points agressifs…

Impossible d’y échapper.

 
[1]

Sint-Joris-Weert. Sara et Barbara participaient à un week-end scout. L’ambiance était bonne et le groupe s’amusait bien. Avec son air un peu « bête », Karel faisait rire tout le monde. Il encaissait à tout bout de champ des remarques bien senties. Cela a duré tout le week-end. Il s’est blessé pendant un jeu de ballon, mais a dû continuer à jouer en boitant. Il a même été obligé de jouer au volley, alors que chaque saut lui faisait un mal de chien. Et tout le monde riait, parce que Karel jouait mal. Il a fallu attendre le soir pour que l’ambiance change, après la visite du médecin. Karel avait les ligaments croisés déchirés. Très gênés, les autres ont compris ce qu’ils avaient fait, et à quel point il est ridicule de s’amuser aux dépens d’un autre.