Le grain d’or

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« J’étais allé, mendiant de porte en porte, sur les chemins du village lorsque ton char d’or apparut au loin, pareil à un rêve splendide. Et, j’admirais quel était ce Roi de tous les rois ! Mes espoirs s’exaltèrent et je pensais : « C’en est fini des mauvais jours », et déjà je me tenais prêt dans l’attente d’aumônes spontanées et de richesses éparpillées autour de moi dans la poussière.

Et, le char s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi, et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue. Soudain, tu tendis alors la main droite et tu me dis : « Qu’as-tu à me donner ? » Ah, Quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier ? J’étais confus et demeurai tout perplexe. Enfin, de ma pauvre besace, je tirai lentement un tout petit grain de blé, pour te le donner.

Mais, combien fut grande ma surprise lorsque, à la fin de ce jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas de pauvres grains. Alors, je pleurai amèrement et je pensai : « Que n’ai-je eu le cœur de te donner mon tout ? »


Rabindranâth Thakur, dit TAGORE (1861-1941), a publié en 1910 son ouvrage Gîtâñjalî – littéralement Guirlande de chants – qui fut traduit à Londres en Anglais (1912), puis à Paris en français par André Gide, sous le titre L’Offrande Lyrique (1913, n°50 cité). Cette « parabole » invite chacun à laisser retentir en lui la même question…

La sagesse indienne du grand poète bengali, d’inspiration nettement religieuse et mystique, est marquée par la simplicité et la vérité humaine. Tagore reçut le prix Nobel de littérature en 1913, après cette œuvre.