Le procès de Jésus.

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Près de Jérusalem, dans la vallée du Cédron, à l’est de Jérusalem, au pied du mont des Oliviers, s’étend un petit domaine planté d’oliviers, Gethsémani. Après le repas, Jésus s’y rend avec ses apôtres. Ils peuvent se reposer dans ce lieu calme, loin des bruits de la ville remplie de pèlerins. Mais, dans le groupe, quelqu’un manque à l’appel. C’est Judas. Vers la fin du repas, il s’était enfui tout seul dans la nuit. En effet, depuis un certain temps, il n’était plus d’accord avec Jésus. Il aurait voulu que celui-ci prenne la tête d’une révolte, chasse les Romains et fonde un nouveau royaume. Déçu, Judas change de camp. Il fait un marché avec les grands prêtres de Jérusalem que Jésus dérange : contre trente pièces d’argent, le prix d’un esclave, le salaire de 30 journées de travail, il leur livrera son maître. Le voici à la tête de la troupe qui doit s’emparer de Jésus. Pendant ce temps, Jésus comprend ce qui se trame. Il est triste. Il a peur. L’angoisse le saisit. Il est seul. Ses apôtres dorment. Il est trahi, fait prisonnier. Mais, il accepte ce qui va se passer comme la volonté de Dieu. Il l’acceptera jusqu’à sa mort.

Environ quarante ans plus tard, l’évangéliste Marc écrit l’histoire de l’arrestation de Jésus. Il veut aider les chrétiens à ne pas oublier ce qui s’est passé dans cette oliveraie qui existe toujours. Il veut aussi leur montrer que même les trois apôtres le plus importants, Pierre, Jacques et Jean n’avaient pas compris ce qui allait se passer. Enfin, il veut enseigner que Jésus peut bien être appelé « Fils de Dieu » puisqu’il s’adressait à Dieu comme à son père.

D’abord connaître la fin de l’histoire.

La première précaution à prendre pour essayer de comprendre les textes de la passion est de se rappeler qu’ils ne terminent pas les évangiles. ( La « passion » désigne l’ensemble des événements vécus par Jésus en moins d’une journée entre le moment de son arrestation et celui de sa mort.) Pour Marc, Matthieu, Luc et Jean, la mort n’est pas une fin définitive de l’activité de Jésus. Les récits de la passion du Christ sont étroitement liés et articulés aux récits de sa résurrection. On le constate, par exemple, dans les premières prises de parole des apôtres : « Ne fallait-il pas que le Christ endure ces souffrances pour entrer dans la gloire ? » (Lc 24, 26). Arrêtons-nous un instant pour comprendre la portée de ceci : quand Matthieu, par exemple, écrira son récit de la passion, il le fait après Pâques. Il tente donc de donner une interprétation juste de l’événement de la mort de Jésus à la lumière de la résurrection. Son objectif est que ses lecteurs comprennent que la mort de Jésus fait partie du projet de Dieu.

Et connaître le début de l’histoire.

La deuxième précaution à prendre est de chercher à comprendre comment la mort de Jésus est depuis longtemps annoncée par les évangélistes : Marc, Matthieu, Luc et Jean montrent, en effet, que Jésus a vite eu des ennemis pendant le temps de sa vie publique.

  • Matthieu raconte que le roi Hérode fait massacrer des innocents pour éliminer le « roi des Juifs », alors que Jésus est encore tout petit.
  • Marc rapporte que des pharisiens et des hérodiens tiennent conseil contre Jésus « en vue de le perdre » (Mc 3, 6).
  • Chez Luc, on voit les compatriotes de Jésus vouloir le précipiter d’une hauteur. (Lc 4, 29-30).
  • Enfin, la scène rapportée par Jean des vendeurs chassés du temple associe ce geste à la mort de Jésus (Jn 2, 13-22). La perspective de la passion accompagne toute la vie de Jésus. L’attitude de Jésus n’est pourtant pas celle de quelqu’un qui veut se suicider. Les textes nous montrent les raisons d’un conflit.

Pourquoi Jésus est-il condamné à mort ?

Des paroles de comploteurs, des menaces à peine voilées, une trahison par un ami… : les évangiles nous montrent abondamment les ennemis de Jésus qui conspirent pour l’éliminer.

Certains ont des motifs religieux : ce que dit Jésus leur paraît incompatible avec la loi de Moïse. C’est surtout pour ces motifs que le Sanhédrin condamnera Jésus pour « blasphème ». Le Sanhédrin est l’assemblée du peuple juif, composée de 70 membres et présidée par le grand prêtre. C’est la seule autorité législative et administrative d’Israël.

D’autres agissent plutôt pour des motifs politiques et matériels. Ce sont les grands-prêtres et les Anciens. Jésus et ses amis troublent l’ordre public, les Romains risquent d’en être irrités. Caïphe dira alors : « Mieux vaut qu’un seul homme meure pour tout le peuple » (Jn 11, 50). (Caïphe est le gendre du grand-prêtre Anne. Il sera lui-même le grand-prêtre entre 18 et 36 ap. J.-C.)

Il y a enfin ceux qui avaient cru voir en lui un libérateur militaire ou révolutionnaire qui allait libérer Israël de l’occupant romain. On le voit, bien des personnes ont finalement intérêt à faire définitivement taire ce Jésus de Nazareth.

Comment Jésus est-il condamné à mort ?

Arrêté à la suite de son ami Judas, Jésus est d’abord condamné une première fois par le Sanhédrin. La formule-choc se trouve dans l’évangile de Matthieu : « Il mérite la mort » (Mt 25, 66). On l’a dit, c’est un motif religieux qui pousse cette assemblée à éliminer Jésus. Jésus parle de Dieu dans un style particulier, avec des mots jamais osés, il se donne un rôle si particulier qu’il doit disparaître. Jésus ne se contente pas de parler de Dieu comme s’il en était proche, mais en plus, il va vivre auprès des gens exclus par la Loi. Bref, Jésus remet en cause la foi des hommes et l’image qu’ils ont de Dieu.

Le rôle des Romains.

Comme ils vivaient sous occupation romaine, les Juifs n’avaient pas le droit d’exécuter eux-mêmes une sentence de mort. Ne pouvant pas clairement évoquer un motif religieux auprès de polythéistes, le Sanhédrin « passe » donc Jésus aux autorités romaines en mettant en avant un motif politique : Jésus voudrait se faire passer pour un roi et provoquerait des troubles publiques. Du coup, Jésus serait le rival de César et l’ennemi de Rome en tant qu’agitateur. On a le sentiment que Pilate, le « procurateur » (préfet de Judée de 26 à 36 ap. J.- C.) nommé par Rome et présent à Jérusalem à cause de la Pâque, est conscient du ridicule de l’accusation. Mais, il est coincé, et il enverra Jésus à la mort, tout en sachant qu’il est innocent, pour éviter d’être lui-même dénoncé à l’Empereur et surtout pressé de s’en retourner à Césarée Maritime loin de ce peuple qu’il n’aime pas.

Pourquoi sur une croix ?

Condamné à mort par les Romains, Jésus subit le supplice de la croix. Les spécialistes de l’histoire ancienne nous apprennent que la croix passait à l’époque pour le supplice le plus atroce après celui d’être brûlé vif. C’est un supplice honteux, réservé aux esclaves ou aux hommes qui n’étaient pas citoyens romains. D’après les textes, Jésus, mis en croix entre la 3e et la 6e heure (entre 9h et midi), serait mort à la 9e heure (vers 15 heures). Pour les chrétiens, cette exécution capitale honteuse de Jésus, lui qui était venu annoncer le règne de l’amour, a fait de la croix le symbole du don total de Jésus. Le « signe de la croix » est devenu le signe de ralliement des chrétiens après celui du poisson.