La célébration communautaire de la relation avec Dieu et les frères humains : l’année liturgique.

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Pour apprendre à mieux connaître la richesse de la personnalité de Jésus, nous avons besoin d’un certain temps. C’est à cela que sert l’année liturgique : le mystère du Christ y est progressivement révélé et célébré à l’occasion de différentes fêtes. L’année liturgique commence le premier dimanche de l’Avent, que l’on appelle d’ailleurs parfois le « nouvel an liturgique ». Elle se termine le 24e dimanche du « temps ordinaire » avec la fête du Christ-Roi, Roi de l’univers.

Le dimanche.

Le dimanche est le noyau le plus ancien de l’année liturgique. Depuis l’époque des apôtres, les chrétiens célèbrent la mémoire de Jésus le premier jour de chaque semaine. C’est le jour du Christ par excellence, le jour où il est ressuscité (Matthieu 28,1 ; Marc 16,2 ;Luc 21,1 ; Jean 20,1), le jour du Seigneur.

Pendant très longtemps, le premier jour de la semaine a été la première et l’unique fête chrétienne. Au début, les premiers chrétiens, qui venaient du judaïsme, ont gardé le sabbat (samedi) comme jour de repos hebdomadaire et, aussi comme jour de culte. Mais, très vite, ils ont fait passer le jour du Christ avant le sabbat juif qui a disparu de leur vie.

Lors du sabbat, les juifs commémorent la fin de la création de Yahvé (Genèse 2, 2-3 ; Exode 31, 17). Alors que le premier jour de la semaine, les chrétiens célèbrent le début de la nouvelle création qui est le fruit de la résurrection de Jésus. Pour les chrétiens, le dimanche est le jour d’un nouveau commencement, le jour d’un renouveau radical, parce que le « soleil », le Christ, s’est levé sur eux.

Les chrétiens ont également déplacé le repos du sabbat juif au jour du Christ. L’Eglise nous demande de distinguer le dimanche des autres jours et d’en faire un jour de repos. Il faut le consacrer à célébrer ensemble l’Eucharistie, prendre du temps pour Dieu et pour les autres. Pour cela, il faut refuser tout travail opprimant. Ce jour-là, les chrétiens du monde entier commémorent à la fois la résurrection de Jésus et leur propre « renaissance » qui a eu lieu au moment de leur baptême.

La fête de Pâques.

Depuis la moitié du 2e siècle ap. J.-C., les chrétiens ne célèbrent plus la résurrection de Jésus uniquement le dimanche, mais aussi à l’occasion d’une grande commémoration annuelle, la fête de Pâques. C’est une fête qui leur vient également de leurs frères juifs. A l’occasion de Pesah, la Pâque, les juifs commémorent la sortie d’Egypte. Les chrétiens lui ont donné un nouveau contenu : la sortie de Jésus de la mort.

En 325 ap. J.-C., le concile de Nicée a définitivement fixé la fête de Pâques au premier dimanche après la première pleine lune du printemps. Un choix heureux, car « pleine lune » et surtout « printemps » sont des symboles éloquents de la résurrection. Tout comme la lune se relève toujours du royaume des ténèbres, reçoit une nouvelle vie et retrouve sa pleine beauté, Jésus a reçu une nouvelle vie dans le royaume des cieux de son Père. Tout comme, après le froid et l’engourdissement de l’hiver, le printemps annonce le renouveau, après sa mort, Jésus va à la rencontre d’une nouvelle vie. Nous aussi, qui croyons en Lui, ressusciterons à la vie éternelle après l’hiver de cette vie terrestre.

Le temps pascal.

Tout le temps pascal (de la fête de Pâques) dure 50 jours, de Pâques à la Pentecôte. Voici les grands moments du Cycle de Pâques :

Il commence par le carême, du Mercredi des Cendres au samedi de Pâques. Tous les chrétiens sont appelés au repentir, à la pénitence et à plus de sobriété dans leur vie.

Le Mercredi des Cendres, on fait aux chrétiens une croix sur le front avec des cendres : « Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière. » C’est la seule fois où l’on ne s’adresse pas aux fidèles en leur disant « frères et sœur » ou en les appelant par leur nom, mais en leur disant « homme ». Parce que devant la mort, tous les hommes sont égaux. Pendant cette période, la collecte est faite deux fois au profit du « carême de partage » pour permettre aux chrétiens d’aider les pauvres du monde entier.

La Semaine sainte commence avec le Dimanche des Rameaux. La procession des rameaux a lieu avant la messe, en souvenir de la joyeuse entrée de Jésus dans Jérusalem. Ce jour-là, les gens agitaient des branches en chantant « Hosanna, le Fils de David qui vient au nom d’Israël ».

Aujourd’hui encore, beaucoup de chrétiens ramènent un rameau de buis béni chez eux. Ils le mettent près de leur crucifix, en hommage à Jésus. Ce rameau peut aussi servir à répandre l’eau bénite au moment de la communion des malades ou de l’extrême onction (le sacrement des malades).

Le Jeudi saint, dans la cathédrale de chaque évêché, les évêques mélangent et bénissent les saintes huiles pour l’année future. Il y a en premier lieu le saint Chrême qui symbolise l’onction par le Saint Esprit. C’est celle qui est utilisée pour l’onction après le baptême, à la confirmation, lors de l’ordination épiscopale et de la bénédiction d’une église, d’une cloche d’église et d’un calice. Il y a également l’huile des malades qui sert pour l’administration du sacrement des malades. Et, enfin, l’huile des catéchumènes qui est utilisée pour l’onction avant le baptême, l’onction des mains des prêtres qui viennent d’être ordonnés et la bénédiction de l’eau du baptême. Au soir du Jeudi saint, on célèbre une eucharistie solennelle dans toutes les églises. Nous commémorons la dernière cène (le dernier repas), au cours de laquelle Jésus a instauré le sacrement de l’Eucharistie. Au moment de l’épître, on lit le plus ancien des textes eucharistiques ( I Corinthiens 11, 10-32) et l’évangile racontant l’épisode émouvant du lavement des pieds (Jean 13, 1-15). Dans certaines églises, le prêtre lave vraiment les pieds de 12 fidèles pendant que le chœur chante : « Dieu est là où l’amour et la charité ».

Le Vendredi saint, on commémore la passion et la mort de Jésus. Vers 3 heures de l’après-midi, on lit l’histoire de la passion selon saint Jean. Vient ensuite une série de prières solennelles pour toute l’humanité et enfin l’adoration de la croix que l’on dépouille en trois phases d’une étoffe violette. Trois fois, sur un ton de plus en plus haut, le prêtre chante : « Voici la croix sur laquelle on a crucifié le Sauveur du monde. » Les assistants répondent : « Prends pitié Seigneur », puis redisent les mêmes mots avant de s’agenouiller devant la croix et de l’embrasser respectueusement.

La véritable fête ce Pâques débute par la veillée pascale, le samedi soir. A la porte de l’église, on commence par allumer le feu nouveau avec une pierre (aujourd’hui, par facilité, on utilise un briquet). Cette image est là pour faire réfléchir. Avec de la patience et de la persévérance, il est possible de faire jaillir le feu en frottant l’une contre l’autre des pierres froides et mortes. Rien ne peut être mort au point de ne plus pouvoir être ramené à la vie. La fête de Pâques témoigne de l’amour de Dieu, qui agit sur nous avec tant de patience et de persévérance qu’il rallume et fait revivre notre cœur froid. Ensuite, on allume le cierge pascal à ce feu pascal. Le cierge symbolise le Christ ressuscité. On le fait entrer solennellement dans l’église, c’est le signe de Pâques par excellence. Le Christ est lumière, cette lumière éloigne les ténèbres. Le cierge pascal dans l’église obscure, les mots « Lumière du Christ » chantés trois fois, et la lumière transmise aux cierges des assistants expriment plus de choses que n’importe quel sermon.

Après l’hymne pascal solennel et la bénédiction de l’eau du baptême, les fidèles renouvellent leurs vœux de baptême.

Ensuite, on célèbre la messe de Pâques dans la joie et le tintement des cloches, la joie des « alléluia » qui retentiront tout au long du temps de Pâques, jusqu’à la Pentecôte.

Quarante jours après Pâques (toujours un jeudi), on fête l’Ascension, la montée de Jésus au ciel, et dix jours plus tard (un lundi), le 50e jour après Pâques, la Pentecôte. A la Pentecôte, les chrétiens commémorent la descente de l’Esprit Saint (Actes des Apôtres 2, 1-13), comme c’est toujours le cas aujourd’hui, le grand cadeau du Seigneur ressuscité. Jésus est monté au ciel, mais Il ne nous a pas abandonnés. Il a envoyé son Esprit saint comme une force dans notre cœur. Au début, la Pentecôte était, elle aussi, une fête juive. A l’occasion de leur fête de Pentecôte, les juifs célèbrent le souvenir de l’Alliance sur le mont Sinaï et la remise des 10 commandements.

L’Epiphanie.

Au début du 4e siècle, on instaure en Orient, après Pâques, une 2e fête du Christ : celle de l’Epiphanie ou Manifestation du Seigneur. Elle est célébrée le 6 janvier. En Orient, elle commémore à la fois la naissance de Jésus, son baptême dans le Jourdain et le miracle du vin aux noces de Cana. Chez nous, en Occident, cette fête de la Manifestation est connue sous le nom de Fête des Rois. A cette occasion, on lit toujours l’évangile de Matthieu (2, 1-12), où il est question de sages venus d’Orient pour adorer Jésus. La piété populaire a transformé ces sages en trois rois. Pourquoi trois ? Parce qu’on offre trois cadeaux. Pourquoi rois ? Sous l’influence de textes comme le Psaume 72, 10-11 et Isaïe 60, 3-6 où l’on dit que des rois venus de partout apporteront des présents et s’inclineront devant Jésus. Plus tard, ces rois ont reçu un nom : Gaspard, Melchior et Balthazar. Gaspard et Balthazar passent à tour de rôle pour le roi noir.

Noël.

C’est en 336, à Rome, que l’on commence à fêter la naissance de Jésus le 25 décembre. Le choix de cette date n’est pas un hasard. Le 25 décembre est le jour du solstice d’hiver. Ce jour-là, on célébrait à Rome la « naissance de l’invincible soleil ». Le soleil triomphe à nouveau sur son point le plus bas et le plus sombre et fait rallonger les jours. L’Eglise christianise cette fête d’origine païenne et c’est ainsi qu’apparaît la fête de Noël. L’invincible soleil, c’est Jésus ressuscité, la vraie lumière qui brille sur tous les hommes (Jean 1, 9). Cette fête de Noël romaine envahit rapidement le monde entier et aujourd’hui, partout dans le monde, tant en Orient qu’en Occident, on célèbre la naissance de Jésus le 25 décembre.

Plus tard, en Occident, on a ajouté à la fête de Noël un temps de préparation de 4 dimanches : l’Avent. « Avent » vient du latin et veut dire « arrivée ». On attend l’arrivée de Jésus dans notre vie. Pendant l’Avent, on organise dans toutes les églises une collecte pour l’aide sociale, pour nous inviter à aider les pauvres autour de nous.

Quand l’Eglise célèbre le Christ, elle ne se contente pas de commémorer des évènements du passé. Elle nous rappelle que la même chose se passe aujourd’hui et peut aussi devenir réalité pour nous. Tous ces faits historiques de la vie de Jésus, même s’ils sont uniques, ont une puissance et un effet permanents. Le « moment présent éternel » de Dieu se perpétue, jusqu’à aujourd’hui, pour que nous puissions en vivre et en profiter dans la foi.
L’année liturgique.

La communauté de ceux qui vivent selon l’Esprit de Jésus (les chrétiens) a donc cherché à exprimer sa connaissance et son amour pour Dieu par des gestes, des rencontres, des prières, des chants, des rites. C’est ce qu’on appelle la liturgie, la prière publique de l’Eglise.

Cette liturgie s’adapte aux divers rythmes de la vie : rythme quotidien avec les prières qui scandent la vie des moines, rythme hebdomadaire avec la messe du week-end, rythme annuel avec le retour régulier des diverses fêtes de Jésus, de Marie et des Saints.

L’année liturgique (voir graphique ci-dessous) par du premier dimanche de l’Avent et va jusqu’au dernier dimanche du temps ordinaire. Elle retrace ainsi l’ensemble de l’histoire du salut et de la vie du Christ. Pâques en est le sommet.

Pour parler de l’Eglise, le concile Vatican II, en 1965, reprend les images de la Bible :

« La maison de Dieu qui désigne aussi bien un édifice qu’une famille. Le Corps dont les membres sont unis à la tête qui est Jésus. Le Troupeau dont Jésus est le berger. La Jérusalem du ciel qui est comme une ville pleine de la lumière de Dieu. Le Peuple en marche vers la patrie du Ciel. La Vigne que Dieu plante et soigne avec amour… ».

Un peu de vocabulaire :

  • Avent : période de quatre semaines pendant laquelle les chrétiens essaient de se préparer à accueillir Jésus et à se rapprocher de Dieu. Les chrétiens prient, partagent, accueillent.
  • Noël : fête de la naissance du Christ (25 décembre). Jésus est Dieu qui s’est fait homme. C’est l’Emmanuel, c’est-à-dire Dieu parmi nous.
  • Epiphanie : Dieu se montre sous le visage de Jésus. Toutes les nations viennent reconnaître que Jésus est un homme, un Dieu et un roi.
  • Temps ordinaire : entre le temps de Noël et le temps pascal : entre la Pentecôte et le temps de Noël.
  • Carême : c’est une période de 40 jours avant Pâques. Il rappelle les 40 jours de Jésus dans le désert. Il rappelle aussi les 40 ans des hébreux dans le désert. Le carême nous permet de changer nos cœurs pour ressusciter avec Jésus, pour vivre une nouvelle vie avec Dieu.
  • Mercredi des cendres : premier jour du carême. Le chrétien se rappelle qu’il n’est rien. Dieu seul lui donne son importance. La mort et la résurrection de Jésus prouvent aux chrétiens à quel point Dieu les aime et les sauve du mal.
  • Les rameaux : c’est le dimanche avant Pâques. Jésus entre à Jérusalem sur un âne et est accueilli comme un roi. La foule l’applaudit avec des branchages, des rameaux.
  • Jeudi saint : c’est le repas d’adieux de Jésus avec ses apôtres. Jésus offre son corps et son sang pour Dieu et les hommes. C’est le dernier repas (Cène). C’est la première eucharistie.
  • Pâques : c’est la fête de la résurrection de Jésus. Il est mort le vendredi et ressuscite le dimanche. La fête juive de la Pâque n’a pas la même orthographe que le fête chrétienne de la Pâques. C’est le « s » en plus qui marque la différence.
  • Ascension : 40 jours après Pâques. Jésus est monté vers le Père. Il est entré dans la gloire de Dieu.
  • Pentecôte : 50 jours après Pâques. Jésus envoie son esprit sur ses disciples. A partir de ce jour, les disciples sont devenus les missionnaires, les témoins de l’amour de Dieu. Ils sont partis annoncer la Bonne Nouvelle : « Christ est vivant ! ». C’est le début de l’Eglise qui est animée et guidée par l’Esprit-Saint.
  • Année liturgique : calendrier des fêtes de l’Eglise.

Que signifie le mot « Pâques » ? Le mot « Pâque » vient de l’hébreu « Pesah » qui signifie passage ou traversée. La Pâque juive célèbre donc le passage de l’esclavage à la liberté et la Pâques chrétienne célèbre le passage de la mort à la vie.