L’histoire de Quiqué.

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Enrique, Henri, a 15 ans. On le surnomme Quiqué. Il habite Burgos, une grande ville du nord de l’Espagne. C’est un garçon comme les autres. Il mène une vie ordinaire, du moins en apparence. Tous les jours, il s’entraîne avec son équipe de foot. On dirait qu’il est né avec un ballon au pied. Le soir, il va bavarder avec ses copains, au club du quartier. Puis, il rentre à la maison, il étudie, et parfois il regarde la télévision.

Cela fait 5 ans qu’il a un ami, Juan, avec qui il s’entend mieux qu’avec le reste de la petite bande. Et puis, un jour, Juan et sa famille quittent le quartier. Quiqué est triste, mais il s’y habitue petit à petit.

Un soir, il rentre chez lui un peu bizarre, et il déclare à ses parents qu’il n’ira plus s’entraîner avec son équipe. Est-il fâché ? C’est quoi cette crise ? Ses parents sont très surpris, mais ils ne disent rien. Il ne s’agit sûrement pas d’une broutille ou d’un coup de tête irréfléchi. D’ailleurs, ils se rendent compte que quelque chose a vraiment changé : il se concentre sur ses études, il parle avec une maturité qui n’est pas de son âge, il est souriant et même rayonnant, alors que les autres adolescents sont souvent boudeurs. Ils se posent des questions, mais ne trouvent pas d’explication. Ils constatent seulement que leur fils va à l’école, rentre pour manger, puis s’en va… et il ne rentre pas avant 10 heures du soir !

Le temps passe, Quiqué a 17 ans, il est toujours pareil. On ne peut rien lui reprocher dans sa conduite, et pourtant sa vie a viré à 180 degré. Le foot est passé au second plan, il ne réclame plus d’argent de poche, il ne veut plus de vêtements de marque.

Et puis, un jour, toute l’affaire éclate. Il est 7 heures du soir et, comme d’habitude, Quiqué n’est pas à la maison. Le téléphone sonne, maman décroche, et son sourire se gèle sur son visage. Le papa et la sœur s’inquiètent, mais maman les tranquillise, il n’est rien arrivé à Quiqué, c’est juste le propriétaire d’un bar du centre ville qui demande pourquoi il n’est pas venu travailler ce soir-là. Tout le monde est étourdi. Ils ignoraient que, depuis deux ans, Quiqué faisait le garçon de café. Les questions affluent : « Pourquoi est-ce qu’il travaille ? On ne lui a jamais refusé l’argent nécessaire ! Pourquoi n’a-t-il rien dit ? Pourquoi a-t-il besoin d’argent ? Qu’est-ce qu’il peut bien en faire ? » Il n’y avait rien d’autre à faire sinon attendre qu’il rentre pour savoir. Mais, ce soir-là, Quiqué ne rentre pas chez lui. Inquiets, ses parents se mettent à sa recherche, mais inutilement.

Finalement, ils s’adressent à la police. Ce fut sans doute la nuit la plus longue pour la famille. Vers cinq heures du matin, on sonne. La maman accourt en espérant trouver son fils à la porte. Elle ouvre. C’est un policier. « Quiqué va bien, tranquillisez-vous ». Et il leur montre un journal du matin dans lequel il vient de découvrir ce qui est arrivé. Il y a un grand titre dans les faits divers : « Enrique, un garçon de 17 ans, aide une famille tombée dans la pauvreté ». Quand ils ont lu l’article, ils connaissent enfin le secret de Quiqué : depuis deux ans, il travaille pour aider la famille de Juan, son meilleur ami.

Personne ne savait que Juan avait quitté le quartier parce que son père avait perdu son travail. Tout le monde ignorait que la famille de Juan était partie vivre dans un bidonville de la banlieue. Depuis deux ans, ils étaient dans la misère. Quiqué était le seul qui s’était préoccupé de les aider. Tous les jours, il leur portait ce que le patron du bar lui donnait, finalement peu de chose, mais c’était déjà ça… .

Le journaliste commentait : « Dans cette histoire, je ne trouvais pas de réponses élémentaires : Qu’est-ce qui peut amener un jeune garçon à abandonner sa vie ordinaire sans rien dire à ses parents ? Où a-t-il trouvé la force pour faire ce qu’il a fait ? Tout ce que je peux dire, c’est que, quand je me suis rendu dans le quartier misérable pour rencontrer Quiqué et la famille de Juan, quelque chose s’est déclenché en moi : des enfants affamés, des adolescents qui ramassent des cartons et qui volent pour sauver leurs familles, des adultes alcooliques qui essaient d’oublier pour un moment… . Et, au milieu de tout ça, un garçon souriant, joyeux, qui me dit qu’il a trouvé le sens de sa vie, qu’il a compris pourquoi Jésus est venu dans ce monde, sa volonté de sauver les pauvres.

Et Quiqué ajoute : « Tout ce que j’espère, c’est ce que ces gens-là auront la meilleur place au ciel, tout près de Jésus. »

José Maria Escudero

Traduit et adapté par Jean-François Meurs

Extrait de « Mision Joven » n° 238