Kidnappé ! (Népal).

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Dans une rue des faubourgs de Katmandou, Ram, âgé de douze ans, donnait des coups de pied dans une boîte de conserve, se demandant ce qu’il allait faire. Soudain, il aperçut un camion qui descendait la route dans sa direction. Quelques secondes plus tard, avec un grincement de freins et un panache de fumée, il s’arrêtait tout près du garçon. Comme tous les camions qui sillonnaient les routes entre le Népal et l’Inde toute proche, il était entièrement décoré de motifs hauts en couleur et il avait des pare-chocs rutilants.

– Hé, petit ! Le chauffeur sortit la tête de sa cabine, souriant de toutes ses dents. Ca te dirait de faire un tour dans mon camion ?

L’idée de dévaler la route à toute vitesse à deux mètres du sol plaisait beaucoup à Ram.

– Je peux, vraiment ?

– Bien sûr, Monte. Le chauffeur se pencha pour ouvrir la portière et Ram sauta sur le siège.

C’était une grave erreur de sa part. Vous le savez, il ne faut jamais monter dans un véhicule inconnu. Mais, Ram, il est vrai, n’avait jamais été prévenu contre ce danger. Le camion s’éloigna. Il était trois heures de l’après-midi. A six heures, Bhawali, la mère de Ram, envoya son jeune frère à sa rencontre, comme le repas du soir approchait.

La vie était dure pour Bhawali. Quelques années plus tôt, son mari l’avait abandonnée avec ses petits à élever. Ram était l’aîné. Il lui donnait du fil à retordre, mais elle l’aimait tendrement. Quand le petit revint bredouille, Bhawali sortit immédiatement pour chercher Ram elle-même.

– Avez-vous vu Ram quelque part ? demandait-elle à ses amis et connaissances.

– Non, non, répondaient-ils les uns après les autres.

Puis, quelqu’un se rappela avoir vu le garçon monter dans un camion immatriculé en Inde.

– Un camion immatriculé en Inde ! Bhawali fondit en larmes. Il y avait en Inde des gens prêts à payer cher pour des enfants népalais.

– Ram a été emmené en Inde, il a été kidnappé !

Le lendemain, Bhawali se rendit à l’école où elle travaillait et raconta au directeur ce qui s’était passé. C’était une petite école chrétienne et tout le monde était bouleversé. Bhawali demanda un congé pour partir à la recherche de son fils.

– Prends le temps qu’il faudra, répondit le directeur. Nous prierons pour toi et pour ton fils.

Bhawali partit donc pour l’Inde et l’école tout entière pria pour qu’elle réussisse. Mais, l’Inde est un très grand pays. Pendant deux semaines, Bhawali chercha. Pendant deux semaines, tout le monde pria. Mais, Bhawali dut abandonner ses recherches et rentrer à Katmandou.

Tous étaient navrés de la voir rentrer seule. Deux élèves, Hélène et Jeanne, décidèrent de continuer à prier quotidiennement pour Ram. Le temps s’écoula. Tous, sauf Hélène et Jeanne, avaient cessé de prier. Six mois, neuf mois, un an maintenant que Ram avait disparu.

A cinq cents kilomètres de là, dans la ville indienne de Nagpur, un petit Népalais travaillait comme esclave. Ah, s’il n’était pas monté dans ce camion ! Pendant les premières heures, l’aventure avait été merveilleuse : dévaler à toute vitesse des hauteurs du Népal dans un pays inconnu. Mais, maintenant, la vie de Ram était une suite ininterrompue de corvées domestiques : être debout le premier pour allumer le feu, balayer la maison, apporter de l’eau, nettoyer les légumes, faire les courses et cela tous les jours de la semaine sans relâche.

Un jour, quinze mois après son enlèvement, on l’envoya au marché. Comme d’habitude, il fallait se frayer un chemin à travers la foule grouillante. Ram était trop fatigué et nostalgique pour apprécier ce qui l’entourait. Soudain, quelqu’un attira son attention, un homme portant des vêtements népalais et transportant deux grands sacs remplis de marchandises. Ram avait l’impression de reconnaître cet homme. Il ressemblait à … non, c’était impossible !

– Excusez-moi, monsieur. Ne seriez-vous pas Ramesh, le marchand de Katmandou ?

– En effet. Mais toi, qui es-tu ? demanda l’homme, intrigué ?

– Je m’appelle Ram, je suis de Katmandou.

– Qu’est-ce que tu fais à Nagpur, mon garçon ?

– Je suis esclave. On m’a kidnappé, répondit Ram au bord des larmes. Je voudrais rentrer chez moi.

– Bien…

Le marchand réfléchit quelques instants, prit Ram par le coude. Suis-moi, dit-il enfin. Il était venu à Nagpur reconstituer son stock et s’apprêtait à repartir avec plus qu’il n’avait négocié….

Ainsi, quinze mois après sa disparition, le fils perdu rentra chez lui. Il débarqua du car et descendit la rue où il traînait le jour de son enlèvement.

– Ram ! Ram ! Te voilà ! Je ne parviens pas à y croire. Bhawali, sanglotant, l’entoura de ses bras.

Vous imaginez le bonheur d’Hélène et de Jeanne quand elles apprirent la nouvelle.

D’un certain point de vue, la rencontre de Ram avec un voisin disposé à payer son retour à Katmandou semble une heureuse coïncidence. Mais, comme quelqu’un l’a dit un jour : « Quand je prie, il y a des coïncidences. Quand je cesse de prier, il n’y en a plus. » Hélène et Jeanne n’avaient jamais cessé de prier. Elles avaient demandé chaque jour à Dieu de veiller sur Ram. Elles avaient été patientes, persévérantes. Elles avaient eu confiance en Dieu, et Dieu avait répondu à leurs prières.