Comment les Évangiles ont-ils écrits ?

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Jésus n’a rien écrit mais ses paroles, ses actes sont à la source des évangiles. Ses disciples l’ont d’abord suivi et écouté comme un prophète mais ont éprouvé une grande déception au moment de sa mise à mort (cfr. Les disciples d’Emmaüs). Puis, il y a la résurrection. Jésus, mis à mort, est ressuscité et tout s’illumine pour les disciples qui vont relire sa vie à travers la résurrection. Ils vont en témoigner. On va se remettre à parler de Jésus. Des juifs vont se convertir puis des païens qui l’ont connu ou non. C’est la naissance de l’Eglise.

On va alors raconter comment il est mort, comment ses amis ont fait l’expérience de ses rencontres avec les malades, les étrangers, les conflits qu’il a eu avec l’autorité, à la lumière de sa résurrection. Ces souvenirs vont être regroupés en fonction des besoins des différentes communautés. De petits récits naissent, les péricopes. On va ensuite relier ces séquences ou péricopes. En quelque sorte, on va faire un montage parfois maladroit. C’est d’ailleurs pour cette raison que les évangiles ne font presque pas référence à l’enfance de Jésus.

Jésus lui-même n’a donc rien écrit (sauf une fois sur le sol lors de l’épisode de la femme adultère). Il est essentiellement un homme de paroles. Ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, nous est parvenu à travers le témoignage de ceux qui ont cru en lui et en sa Parole : les quatre évangélistes et d’autres disciples, comme Pierre, Paul, Jacques, …

Les évangiles ne sont pas des témoignages « en direct », comme le reportage d’un journaliste. Ce ne sont pas non plus des livres d’histoire comme le manuel d’un cours d’histoire. Ce ne sont pas non plus des romans, œuvres de fiction inventées.

Les évangiles sont des témoignages engagés. Les évangélistes veulent nous dire : « Voilà qui est, pour moi et pour la communauté dans laquelle je vis, ce Jésus de Nazareth. » Ce sont des témoignages de foi (Kérygme).

En résumé, on peut dire qu’ils se sont constitués en quatre étapes. Au point de départ, il y a eu Jésus qui parcourait les routes, les villes et les villages de Palestine en proclamant, par ses actes et par ses paroles, la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu (déjà là mais pas encore là). Jésus parle : ses discours et ses paraboles. Jésus agit : sa manière de vivre et ses miracles. Tout cela met en œuvre son message et annonce le Royaume de Dieu. Après la mort et la résurrection de Jésus, les apôtres partent en mission. Ils racontent ce que Jésus a dit et ce que Jésus a fait. Ils célèbrent le repas eucharistique, le tout à la lumière de Pâque. C’est l’étape de la tradition orale. Le mystère pascal éclaire et colore les premiers récits. La tradition orale apparaît pour maintenir le souvenir du Christ.

Certains textes sont mis par écrits et rassemblés dans des recueils. C’est la compilation des péricopes qui commencent avec en premier celles concernant la passion du Christ. Les recueils rassemblent alors les discours de Jésus, les paraboles, les récits de sa vie, les récits de miracles, les promesses de l’Ancien Testament réalisées par lui et surtout le récit de sa mort et de sa résurrection à la lumière de la Pâque et qui ne peuvent être dissociés.

Marc (un disciple de Pierre) est le premier à rassembler certains recueils et à rédiger son évangile vers les années 50. Matthieu et Luc vont s’inspirer du récit de Marc et d’un recueil contenant les paroles du Christ dont ils ont connaissance contrairement à Marc pour rédiger leurs évangiles vers les années 70. Jean, le dernier, peu avant l’an 100, écrit un évangile très personnel et peu influencé par les trois autres. Il a manqué d’ailleurs d’être déclaré apocryphe. Nous savons que Marc est le premier à avoir écrit grâce à de nombreux détails. C’est l’évangile le plus court. Il ne contient presque pas de paroles du Christ et il ne parle pas de la chute de Jérusalem. Luc et Matthieu, ayant eu accès à un recueil de paroles du Christ (sources vaticanus et sinaïticus) et parlant de la chute de Jérusalem, se sont servi de l’évangile de Marc pour rédiger le leur. On parle d’évangile synoptique car on peut les comparer entre eux. Ce sont aussi les plus longs. Enfin, on parle de christologie ascendante explicite pour les synoptiques et de christologie descendante implicite pour Jean.

Les évangiles de l’enfance sont des textes se rapportant à l’enfance de Jésus qui ont été écrits en dernier. Ce sont eux qui contiennent le moins de détails précis mais le plus de merveilleux. Aujourd’hui encore, lorsqu’on écrit la vie de quelqu’un, on relève dans son enfance les événements qui préparent sa vie adulte. C’était encore plus vrai pour Matthieu et Luc, les seuls qui nous parlent de l’enfance de Jésus. Leur évangile de l’enfance est en quelque sorte comme le générique de la fin d’un film : ils veulent nous dire, après la vie, la mort et la résurrection de Jésus, comment tout cela s’est préparé.