De l’accomplissement extérieur, socialement vérifiable, des rites et des prescriptions, on passe au primat de l’amour, à l’attention aux autres, au regard vers l’intérieur de l’homme et les intentions du cœur. Quand un scribe lui pose la question classique sur le « premier des commandements », Jésus en énonce deux : l’amour de Dieu et l’amour du prochain qui lui « est semblable ». Il les soude. Mais, son originalité consiste à ajouter : « A ces deux commandements, toute la loi est suspendue, et les prophètes. » (Mt 22, 36-40). La loi n’est donc plus un absolu du seul fait qu’elle est la loi. Jamais personne en Israël n’avait invité à l’amour des ennemis. Jésus, lui, expose à l’absolu de l’amour, pour vivre comme le Père. Le royaume qu’il annonce n’est pas celui de la morale édictée, mais celui de l’union vivante avec Dieu. Il est le rayonnement dans chaque conscience et dans tout le peuple de l’amour inconditionnel que vit Dieu lui-même. L’appel à la non-violence, à l’universelle fraternité, à la générosité sans calcul ni mesure trouve là son inépuisable source.
