L’expérience de l’Empereur Frédéric II.
Au XIIIe siècle, l’Empereur Frédéric II tenta une expérience (la première de ce genre dont nous ayons connaissance) pour établir (expérimentalement) laquelle des deux langues : le latin ou le grec – à peu près considérés comme des langues maternelles – était le plus proche de la nature humaine, il sépara une série de nouveau-nés de leurs mères et les fit élever dans une crèche. Cette crèche était pourvue de toutes les installations hygiéniques de l’époque, ce qui permettait de donner aux enfants des soins corporels excellents. Le personnel qui les soignait avait reçu l’instruction formelle de ne pas parler aux enfants, de ne jamais leur sourire et de ne leur témoigner aucune tendresse. Le résultat fut absolument déconcertant. Les enfants dépérirent et moururent. En Russie soviétique, une expérience du même genre a été tentée dans des conditions non moins cruelles et elle a abouti au même résultat.
L’observation de Davis.
En 1940, Davis a rapporté l’observation d’une fillette que l’on avait trouvée complètement isolée dans un grenier de ferme. Enfant illégitime que ses grands-parents avaient refusé d’admettre chez eux, elle était ainsi tenue cachée par sa mère. Ses contacts humains se limitaient pratiquement à quelques soins élémentaires : elle recevait du lait deux fois par jour; on ne peut vraiment pas dire qu’elle ait été éduquée. Les premiers six mois de la vie de cette fillette s’étaient déroulés dans une pouponnière où son développement s’était avéré tout à fait normal. Lorsqu’on la découvrit à l’âge de six ans, elle avait un niveau mental d’un an environ et ne parlait pas; placée dans une famille adoptive, elle fréquenta par la suite une école pour arriérés et fit évidemment quelques progrès. Toutefois, à huit ans, elle ne possédait toujours aucun mot et bien qu’elle fit preuve d’une certaine compréhension verbale, elle ne parvint jamais à parler car elle n’avait jamais été en contact avec le langage humain verbal et non-verbal avant l’âge de six ans.
La célèbre histoire de Mowgli.
La célèbre histoire de Mowgli de Kipling n’est pas une pure fiction, c’est la transposition poétique et romanesque d’une réalité. Certains de ces enfants, volés par les loups ne sont apparemment pas dévorés, mais au contraire nourris par les animaux, et se développent ainsi très paradoxalement en milieu animal. Ces enfants, échouant dans un milieu animal et replacés dans un cadre humain (tentative d’humanisation d’un enfant complètement lupisé) n’ont jamais pu quitter le monde du « on » (c’est-à-dire le milieu animal), ils ne sont jamais arrivés au stade du « je » (c’est-à-dire le milieu humain).