Le racisme

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Document 1 : J’suis pas un imbécile. (Fernand Raynaud)

Moi, je n’aime pas les étrangers. Non, parce qu’ils viennent manger le pain des Français. Ouais ! Et je n’aime pas les étrangers, c’est vrai, c’est comme ça, c’est physique. Et c’est curieux, parce que comme profession, je suis douanier. On devrait être aimable et gentil avec les étrangers qui arrivent, mais je n’aime pas les étrangers, ils viennent manger le pain des Français. Et, je ne suis pas un imbécile, puisque je suis douanier ! Je peux écrire ce que je veux sur des papiers, je n’aurais jamais tort. J’ai le bouclier de la loi, puisque je suis douanier ! Je peux porter plainte contre n’importe qui, je suis sûr de gagner en justice ! Je ne suis pas un imbécile. Voyez, je suis Français. Ouais ! Et je suis fier d’être Français. Mon nom ? Moi, je m’appelle Yakafairça Ricardella du côté de ma mère et Piazzono Petito du côté d’un copain à mon père.
Dans le village où j’habite, on a un étranger. On ne l’appelle pas par son nom. On dit : « Tiens, voilà l’étranger qui arrive ! » Sa femme arrive, on dit ; « Voilà l’étrangère ! » Souvent, je lui dis : « Fous le camp ! Pourquoi viens-tu manger le pain des Français ? » Alors, une fois, au café, il m’a pris à part. J’ai pas voulu trinquer avec lui, un étranger dites donc ! Je ne veux pas me mélanger avec n’importe qui parce que moi je ne suis pas un imbécile puisque je suis un douanier. Il m’a dit : « Euh… pourtant, je suis un être humain comme tous les autres êtres humains ». Je dis : « Evidemment » (il est bête alors celui-là) « J’ai un cœur, une âme comme tout le monde… » Evidemment ! Comment se fait-il qu’il puisse dire des bêtises pareilles ? Enfin, du haut de ma grandeur, je l’ai quand même écouté cet imb… cet idiot.
Il m’a dit : « J’ai un cœur, une âme, est-ce que vous connaissez une race, vous, où une mère aime davantage ou moins bien son enfant qu’une autre race ? Nous sommes tous égaux. » Là, je n’ai rien compris à ce qu’il a voulu dire. Et pourtant, je ne suis pas un imbécile… puisque je suis un douanier ! « Fous le camp, tu viens manger le pain des Français. » Alors, un jour, il nous a dit : « J’en ai ras le bol de vous, de vos Français, de votre pain et pas de votre pain : je m’en vais ! » « Va-t-en ! » Alors, il a pris sa femme, ses enfants, il est monté sur un bateau, il a été loin au-delà des mers. Et, depuis ce jour-là… Ben ! On ne mange plus de pain : il était boulanger.

Sketch de Fernand Renaud