Evolution de l’espèce humaine

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Si les origines de l’homme sont difficiles à élucider, il est toutefois admis que nos ancêtres ont commencé à se distinguer des singes, leurs cousins, il y a 5 à 6 millions 

Notre plus lointain ancêtre reconnu est l’Australopithèque, le « singe du Sud », découvert en 1925 en Afrique du Sud. Plus tard, beaucoup de vestiges furent mis à jour en Afrique de l’Est (Ethiopie, Kenya, Tanzanie). Malgré ce nom de « singe », il s’agit déjà d’un bipède. On en distingue trois variétés : Afarensis (ou pré-Australopithecus), Africanus et Robustus, de plus grande taille et plus végétarien que le précédent, entre 1 mètre à 1 mètres 50. Leur dentition présente des caractéristiques humaines et pourrait témoigner d’une alimentation omnivore. De même, ils ont les arcades sourcilières saillantes et le crâne volumineux (675 centimètre3).Dès cette époque, ils possèdent déjà des outils rudimentaires.

Les préhistoriens attribuent souvent cette apparition de l’homme à un accident géologique. Le rehaussement de tous les plateaux d’Afrique orientale à l’Est de la grande faille du Rift (une région faite de lacs et de vallées où l’orage gronde continuellement au loin), auraient rendu ces régions beaucoup plus sèches. La partie Est se soulevant à 4000 mètres d’altitude, cette muraille gêne le passage des masses d’air et est à l’origine des moussons. Le climat se caractérise par une alternance de sécheresse et d’humidité. Cette région n’aurait plus été couverte que d’une savane, tandis qu’à l’Ouest l’épaisse forêt équatoriale offrait un couvert adapté aux chimpanzés et aux gorilles, qui vivaient à l’abri dans les arbres et se nourrissaient de végétaux.

Les primates, au contraire, isolés dans la savane sèche, auraient dû s’adapter à un milieu différent, moins abondant et plus dangereux. Ils auraient diversifié leur nourriture en devenant omnivores, la bipédie leur offrant par ailleurs une locomotion plus adaptée à ce type de paysage plat et pauvre en arbres. L’histoire de l’humanité commence donc en Afrique Orientale dans cette région que l’on appelle « La Corne de l’Afrique ».

Isolé au cœur de la savane sèche, à l’est de l’Afrique, l’Australopithécus a dû, contrairement à ses cousins qui vivaient dans les arbres de la forêt équatoriale, s’adapter à un milieu différent et modifier son style de vie. Des changements décisifs dans l’anatomie des hanches et des pieds lui permettent par ailleurs de garder la station verticale et de marcher debout. C’est donc le changement du milieu et du paysage qui a contribué à l’évolution humaine.

Il est difficile toutefois de dater l’apparition du langage. D’après la morphologie du crâne et la position du larynx, nous pouvons juste dire que notre plus vieil ancêtre (Lucy) n’avait pas de langage articulé. On peut par contre affirmer qu’Homo Erectus possédait un langage.

Vers deux millions d’années, déjà obligé de se rassembler pour se défendre, au sein des Australopithèques, apparaît sans rupture une espèce plus évoluée, Homo Habilis. Sa capacité crânienne est de 700 à 800 centimètres3 (pour 1.400 centimètres3 chez l’homme actuel). Il présente un squelette proche d’Homo Sapiens, une taille allant de 1 mètre quarante à 1 mètre soixante, sa mâchoire volumineuse et projetée vers l’avant, et fait preuve d’une bipédie presque parfaite. Il est reconnaissable par son bourrelet osseux au-dessus de grandes orbites, Homo Habilis connait une période très froide coupée de périodes clémentes. Il chasse à la bolasse (boules de pierre). La flore est caractéristique de cette époque : bouleau, pin sylvestre, arbre de Judée, lierre, buis, … . Les outils ressemblent maintenant à des galets en formes de carapaces de tortue. Dans les sites africains (Ethiopie, Tanzanie, Kenya), Homo Habilis a laissé des traces de son intelligence technique (fabrication d’outils de pierre, premier exemple d’une industrie « primitive »). Il fabrique des éclats de galets avec des percuteurs aigus (= schopper). Avec le temps, il commencera à fabriquer des bifaces. Devenant plus habile, il fabriquera des bifaces plus symétriques en forme d’amande. Peu à peu, les outils vont ressembler à des galets préparés en forme de carapace de tortue.

L’Homo Habilis va se répandre en Asie et en Europe, se nourrissant de rhinocéros, d’éléphants, de mammouths. Il vit de la chasse, de la pêche et de la cueillette, se déplaçant continuellement à la recherche de sa nourriture.

A partir de ce dernier se développe Homo Erectus, dont le volume crânien peut atteindre 1.250 centimètres3 cubes, attesté de 1,5 millions d’années jusqu’à 300.000 ans au moins. C’est cette espèce qui part à la conquête de l’ensemble du monde, de I’Atlantique au Pacifique. Diverses formes locales sont connues : Pithécanthrope de Java, Sinanthrope de Chine {pékin}, Venta Micena, Auvergne.

C’est sans vraie rupture que l’on débouche sur l’homme moderne, Homo Sapiens, entre 300.00 et 100.000 ans. Entre les mers et les glaces de la glaciation de würm, l’Europe voit se développer l’homme de Néandertal (nom d’une grotte près de Düsseldorf). Il connaît son apogée vers 80.000 et 40.000 ans, creuse des sépultures (c’est l’époque des premières inhumations), manifeste des préoccupations pour l’au-delà et a un langage articulé. Nul ne le reconnaîtrait aujourd’hui s’il était habillé, malgré le « chignon » occipital à l’arrière de son crâne. Il disparaît vers 30.000 ans, se mélangeant à l’Homo Sapiens Sapiens.

C’est à cet Homo Sapiens Sapiens (« l’homme-sage-sage ») que nous appartenons et qui n’a plus guère changé, depuis plusieurs dizaines de milliers d’années. C’est lui qui parachèvera la colonisation du monde, atteignant l’Europe orientale entre 50000 et 40000 av. J.-C., l’Amérique par le détroit de Béring, alors en glaces, et enfin la France vers 30000 av. J-C. (l’homme de Cro-Magnon). Plus tard, dans les premiers siècles de notre ère, l’ensemble des îles de l’Océanie seront à leur tour conquises.

Sa taille est approximativement de 1 mètre septante-cinq. C’est la période de la dernière glaciation; et, dans un paysage de toundra, l’homme chasse le renne pour se procurer nourriture et matériaux pour construire des tentes, fabriquer des armes et des vêtements. La flore est caractéristique de cette période de grands froids : pins sylvestres, mousse, lichens, bruyères (= toundra). La faune est essentiellement composée de truites, de saumons, d’aurochs, de sangliers, de chevaux sauvages. Du point de vue technique, c’est le début du débitage en lames et du travail de l’os pour faire des outils comme des aiguilles ou des armes comme des propulseurs ou des harpons.

Dès son apparition, l’homme de Cro-Magnon (trouvé à Cro-Magnon en Dordogne) témoigne à la fois d’un sens esthétique et de soucis religieux. Les peintures recouvrent les parois des grottes, transformant les profondeurs en sanctuaires. Les hommes sculptent en trois dimensions le bois ou la pierre pour figurer des animaux, des symboles sexuels ou des Vénus (femmes aux traits exagérés) qui annoncent les cultes de la fertilité du néolithique.

L’habitation de l’homme évolue elle-aussi. L’homme commence à habiter en plein air dans des tentes faites de peaux tendues et un foyer se trouvant devant la tente. C’est l’apparition des peintures rupestres représentant des scènes de chasse avec des personnages humains.

Au-delà de son évidente richesse esthétique et culturelle, l’art préhistorique présente un intérêt technique certain. Les exigences de la représentation figurée nécessitent, en effet, l’emploi de procédés qui impliquent une maîtrise croissante de l’homme sur son matériel.

L’art proprement dit apparaît vers 29.000 à 22.000 av. J-C sous la forme de gravures ou plus précisément de graffitis, qui sont incisés dans des blocs de pierre préalablement aplanis. On a aussi décelé sur leur surface quelques peintures représentant des animaux, faites avec des pigments préparés à partir d’ocre.

L’ocre est une variété d’argile riche en hématite, avec laquelle on peut préparer des pigments jaunes et rouges. On sait qu’elle a été employée il y a 300.000 ans par l’Homo Erectus à Terra Amata (Nice). Entre 70.000 et 40.000 av. J-C, l’ocre est de nouveau employée ainsi que le noir de manganèse.

Entre 40.000 et 29.000, on assiste à une évolution intéressante : l’ocre est de toute évidence calcinée pour permettre d’élargir la palette des couleurs vers l’orange, le rouge orangé, le brun et le rouge-brun. Ce qui prouve une connaissance des effets physiques de la calcination sur la matière minérale.

Vers 22.000 à 18.000 av. J-C, on voit apparaître les premières figurines sculptées, réalisées sur des supports divers, tels l’ivoire de mammouth ou la pierre tendre. Mais une série de figurines possèdent une importance particulière : elles sont faites à partir de terre glaise mélangée à de la poudre d’os calciné, et mises à durcir dans l’âtre, ou peut-être même dans un four. Ces figurines apportent la preuve que l’homme est capable de fabriquer une substance céramique des milliers d’années avant l’apparition de la poterie.

C’est aussi entre 22.000 et 18.000 av. J-C qu’apparaissent les premiers bas-reliefs et les techniques de l’art pariétal, en France. Ces techniques nécessitent l’emploi de pics, de burins et de ciseaux de silex. De même, il n’est pas exclu que l’apparition de deux outils nouveaux, le pilon et le récipient correspondant ou mortier, soit due à la nécessité de concasser les pigments destinés à préparer les couleurs.

D’autre part, la recherche des minéraux colorés met l’homme sur la voie des minerais de cuivre et de fer, et la technique de calcination de l’ocre sert peut-être de point de départ à la réduction de ces mêmes minerais.

N.B. : Le vert et le bleu, préparés à base de minerais de cuivre, ne sont connus qu’au néolithique. Le jaune et le blanc sont préparés à partir de kaolin et de calcaire.