L’émergence des cités

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L’émergence des premières cités en Mésopotamie, en Egypte et dans le bassin de l’Indus, au lVe millénaire avant notre ère, entraîne un renouveau complet des techniques de construction employées jusqu’alors par les petites communautés agricoles et pastorales du

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En Mésopotamie, les premières agglomérations dignes de ce nom apparaissent vers 3900-3500 av. J.-C., à Eridu, Erech, Ur, Lagash, Ugarit. Mais le pays manque cruellement de pierre, et, si l’on y érige bien quelques constructions monumentales, il ne nous reste de celles-ci aucun vestige significatif. En revanche, son sol argileux permet le développement précoce d’une industrie de la brique.

L’architecture néolithique.

Les maisons des bourgades du néolithique, Tepe Asiab (vers 10.000 – vers 7000), Jarmo ou Hassuna (6000 – 5000), emploient déjà l’argile pressée pour les murs (pisé) et le roseau pour les planchers. Mais le développement d’une industrie de la brique séchée au four est le fait de la période d’urbanisation.

Malheureusement, le bois est aussi rare que la pierre en Mésopotamie, et son usage comme combustible dans les fours demeure très restreint. L’usage de ce type de brique est donc exceptionnel : on le réserve à la façade des principaux monuments – palais, temples et ziggourats -, tandis que les murs intérieurs sont faits simplement de pisé ou de briques séchées au soleil.

La résistance à l’érosion de ces matériaux est très limitée, ce qui explique pourquoi il ne reste des altiers monuments de Mésopotamie que quelques fondations et le témoignage des auteurs anciens, en particulier Hérodote.

Le bitume et le béton.

La civilisation mésopotamienne innove sur deux points encore : en premier lieu l’emploi de bitume dans le bâtiment, comme revêtement étanche et comme mastic (le composé suinte, en effet, à la surface du sol en certains endroits du pays, et il est récupéré pour cet usage précis); ensuite, l’invention du béton, dont le premier emploi attesté est l’étanchéification du lit du canal du roi Sennachérib, au Vllle siècle avant notre ère.

A l’apogée de l’âge du bronze, entre 3000 et 2500, on assiste à une véritable production industrielle de bitume en Mésopotamie, au développement de systèmes d’égouts, de canalisation et d’évacuation des eaux, ainsi qu’aux premiers exemples de construction de voûtes et de dômes.

La civilisation de l’Indus.

C’est aussi à cette époque que naissent les grandes cités situées dans le bassin de l’Indus, Mohenjo-Daro et Harappa. Leur principale nouveauté est de respecter un plan d’urbanisme rigoureux, avec des rues se coupant à angle droit pour tirer le meilleur parti des vents dominants.

Des briques séchées au four y sont systématiquement employées pour la construction des demeures en tout genre, ce qui atteste de l’abondance des réserves de bois dans la région du Sind, aujourd’hui désertifiée. Les maisons sont d’ailleurs souvent dotées de planchers en bois.

Une opposition significative.

A noter aussi, le système d’adduction d’eau très perfectionné avec des canalisations faites de poterie, l’existence de latrines dans les maisons et d’un système d’évacuation des ordures ménagères. On a trop tendance à mettre en exergue l’architecture monumentale et sacrée des Egyptiens et des Mésopotamiens, alors que la civilisation de l’Indus, pauvre en monuments de prestige, leur est en revanche infiniment supérieure sur le plan de la construction urbaine.

En Egypte, précisément, la ville est une entité insignifiante par rapport aux gigantesques monuments de pierre érigés à la gloire des pharaons. En raison de la rareté du combustible pouvant servir à la fabrication de briques séchées au four (technique pourtant connue dès le lVe millénaire), les maisons restent faites de pisé ou de brique crue.

Quant à l’architecture monumentale de pierre, elle voit le jour sous le pharaon Djoser, vers 2800, avec la pyramide à étages de Saqqarah, construite sur les plans d’Imhotep, avant de connaître le développement spectaculaire que l’on sait.