Les premières observations

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Au Paléolithique.

Au Paléolithique supérieur, les tribus pratiquaient la pêche, la chasse, la cueillette et bravaient les rigueurs du climat en parcourant les vastes forêts. Les nombreux objets d’os ou de pierre qui ont été retrouvés témoignent que nos ancêtres possédaient déjà le don d’observation de la nature. Ce qui, au fond, était plus que nécessaire si l’homme voulait .

Comment retrouver son chemin après une longue chasse ?

En dehors des renseignements que peuvent apporter certains aspects particuliers du paysage (colline, rivière,…), il existe des signes précieux : de jour, le mouvement du soleil; de nuit, celui des étoiles. A cette époque, un chasseur plus attentif aux choses du ciel aura certainement remarqué qu’une étoile très brillante ne se déplaçait pas. Il s’agissait de Véga de La Lyre qui, vers 15.000 av. J-C, se trouvait, en raison du mouvement de précession de l’axe de la Terre, à proximité du pôle céleste.

Véga de la Lyre était donc l’étoile polaire de l’époque puisqu’elle indiquait une direction fixe (le nord) et qu’elle pouvait servir de repère (En outre, cette information nous permet de dire que la position des pôles n’est pas fixe et que ceux-ci se déplacent au cours des siècles.)

Les indications célestes sont précieuses non seulement pour les voyageurs ou les chasseurs mais aussi pour ceux qui doivent rester à la maison. Les phases de la lune peuvent apporter, par exemple, des indices sûrs permettant de déterminer la date d’une naissance. Il faut, par exemple, que la Lune soit pleine neuf fois avant que l’enfant naisse soit une période de 251 jours. La méthode la plus spontanée pour noter les lunaisons ou mieux la durée restant à attendre consistait sans doute à graver sur un os ou un morceau de bois, avec une pointe de silex aiguisée, les phases de la lune en suivant patiemment son parcours dans le ciel, ou encore à faire des encoches chaque fois que la même phase lunaire se reproduisait. Nous ne sommes pas loin d’un système mathématique.

Le Néolithique.

Au Néolithique, pour obtenir de bonnes récoltes, outre la chance que les intempéries ne détruisent pas ce que l’on a mis en œuvre, il faut connaître les moments de l’année favorables pour les différents travaux qui doivent être exécutés à une époque précise de l’année sous peine de voir toute l’entreprise échouer et la famine sévir pendant l’hiver.

Où trouver un calendrier pour régler le rythme des travaux agricoles ?

L’observation du ciel, du mouvement du soleil et de la lune sont pour ainsi dire une nécessité absolue si on veut survivre à cette époque. Cette observation peut d’ailleurs se faire en un certain lieu, de préférence élevé (pour mieux voir l’horizon), un lieu qui par la suite pourra devenir sacré en raison de son importance.

Le cadran solaire est-il avant tout un observatoire?

En ce lieu, on plantera un bâton que l’on appellera gnomon. Pièce principale d’un cadran solaire et d’un observatoire primitif, le gnomon projette une ombre sur le sol. Pour que l’ombre se déplace régulièrement, il faut que le gnomon soit parallèle à l’axe de la terre. Les lignes décrites sur un terrain plat par la pointe de l’ombre d’un gnomon vertical au cours d’une journée ensoleillée peuvent indiquer si la longueur du jour est plus grande que la nuit. Il s’agit dans ce cas d’une courbe dont la concavité est tournée vers la base du gnomon. Dans le cas contraire, la concavité est orientée à l’opposé. A l’équinoxe, où le jour à la même durée que la nuit, la pointe de l’ombre trace une ligne droite perpendiculaire à la ligne méridienne qui est souvent confondue avec la direction de l’ombre la plus courte dans tous les cas (direction nord-sud). En marquant chaque jour à différents moments de la journée, la position de la pointe de l’ombre de l’ombre, par exemple à l’aide de pierre, on peut tracer des lignes en pointillé et identifier facilement celle du solstice d’hiver ainsi que celles des équinoxes de printemps ou d’automne. Enfin, la ligne dont la concavité est tournée vers la base du gnomon et qui est le lieu des points extrêmes des ombres les plus courtes de l’année correspond au solstice d’été. Le dessin varie évidemment avec la latitude. La ligne méridienne permet de diviser le jour en deux parties. Les trois courbes permettent de diviser l’année en quatre saisons.

L’obélisque égyptien qui servira notamment aux travaux d’Eratosthène, est un gnomon monumental qui a perdu une grande partie de ses fonctions astronomiques, surtout dans les lieux où on le trouve par paires. On rencontre encore chez les peuples archaïques des gnomons de bois ou de pierre, souvent des objets de culte et utilisées comme horloge ou comme calendrier. Le cadran solaire n’était en fait qu’un moyen pour observer le ciel. Ce n’était qu’un observatoire où l’on observait des ombres pour mieux comprendre les phénomènes astronomiques.

Quelle est l’origine de Stonehenge?

A partir d’un gnomon, rien n’empêche de planter des pierres ou des poteaux servant de point de référence ou de mire pour observer l’apparition du soleil. C’est ainsi que peut naître un instrument astronomique d’une grande simplicité mains néanmoins d’une grande efficacité. Cet instrument constituera alors un véritable calendrier absolument indispensable à tous ceux qui doivent tirer parti de la nature et de ses rythmes saisonniers pour survivre.

Quel est le rôle de Stonehenge?

Stonehenge permet de résoudre un problème important. Comment, en effet, les observations concernant la lune et le soleil étaient-elles transmises d’une génération à l’autre? Sans l’aide de l’écriture qui fixe, en quelque sorte, les concepts destinés à la postérité, il ne reste que la tradition orale, comme cela se fait toujours dans les peuplades archaïques. Ce système n’est toutefois pas entièrement fiable et un risque d’erreur dans la transmission de la connaissance est toujours important. Observer, c’est finalement transcrire une réalité subjective. Or, l’observation nécessite un outil si on veut mesurer et déterminer la direction d’un phénomène d’une manière objective. Pour aménager cet outil, il faut se mettre en un point fixe et prendre un alignement stable et durable comme une pierre dressée.

Après l’observation, il faut ensuite conserver la mémoire de la mesure effectuée. Ce qui n’est guère possible par la tradition orale à cause du risque d’erreur. C’est pourquoi c’est l’outil lui-même, l’observatoire en quelque sorte, qui gardera la trace de la mesure effectuée, qui servira à consigner l’observation à une époque déterminée où l’écriture n’existait pas.

Stonehenge est-il finalement un lieu de culte ou d’observations ?

Un mégalithe comme Stonehenge, même s’il semble voué au culte solaire ou lunaire, ne peut être le fruit du hasard. Les nécessités vitales de l’agriculture, des raisons religieuses ou magiques ont en effet poussé l’homme primitif de Stonehenge à disposer à grand peine, grâce à une organisation parfaite et à la suite d’observations précises et prolongées, ces masses énormes pesant des dizaines et parfois des centaines de tonnes, pour pouvoir établir des calendriers solaires et lunaires d’une grande exactitude.

Le seul calendrier dont disposaient ces peuples ne pouvait donc reposer que sur les positions des points de lever et de coucher du soleil et de la lune à l’horizon aux diverses époques de l’année. Puisque nous ne possédons aucun renseignement sur les cultes, les fêtes et les travaux agricoles de ces peuples, tout reste cependant du domaine de l’hypothèse. Il ne reste rien, pas même les souvenirs des cérémonies, des rites et des observations qui se firent à Stonehenge si ce n’est le site lui-même.

La volonté religieuse serait cependant intimement liée à la volonté astronomique (et inversement), l’un n’allant pas sans l’autre. Bien que l’origine et la fonction de Stonehenge soient très controversées, on peut toutefois affirmer que le soleil a une part essentielle, religieuse et scientifique, dans sa fonction. Orienté vers le lever du soleil au solstice d’été, Stonehenge permet d’observer très précisément les levers et les couchers du soleil et de la lune, et de prévoir en principe la date des éclipses. De plus, un tel monument nous permet de dire qu’au moment de sa construction, en 1.820 av. J-C, le climat était totalement différent que celui qui sévit actuellement dans cette région.

Quel était le rôle de l’astronomie primitive ?

L’observation du ciel était donc nécessaire en ces temps reculés si l’on voulait survivre. C’était en fait l’œil nu des bergers, des marins, des guerriers qui, à lui seul observait le ciel. L’œil avait  d’ailleurs permis d’établir une sorte de carte céleste assez rudimentaire, et toujours utilisée aujourd’hui, où les étoiles (un millier sont visibles à l’œil nu) formaient des constellations assez reconnaissables comme le Petit Chariot, le Grand Chariot, la voie Lactée (nuage permanent traversant le ciel). Centre d’intérêt de l’antiquité, les contes et les mythes de chaque époque se sont bien sûr trouvé des échos sur le ciel étoilé. Pour les grecs, la Voie Lactée est un jet de lait d’Amalthée, la nourrice de Jupiter. Les grecs voient aussi dans le ciel Persée, tenant la tête de la Méduse et allant délivrer la belle Andromède. Pour les chrétiens, la Voie Lactée est le chemin de Saint Jacques de Compostelle et les Pléiades sont la Poussinière d’où proviennent les étoiles.

Le ciel était finalement reconnaissable, immuable et la toile de fond de toutes les passions, tout comme les dieux éternels étaient les témoins des joies et des douleurs des hommes. Sur le fond des étoiles fixes se déplaçaient le soleil, la lune, et les cinq planètes identifiables comme telle à l’œil nu : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et saturne. L’étude de leurs mouvements précis, calculables, prévisibles, allait donner naissance à l’astronomie et bien plus tard aux autres sciences comme la mathématique.

Curieusement, cette archéoastronomie n’a pas disparu avec le modernisme de notre siècle. L’œil de l’homme continue à contempler le spectacle du ciel, fasciné, tel un enfant qui souhaite rester dans un monde de légendes et de mystères. L’origine de l’astronomie se perd donc dans l’histoire : elle prit certainement naissance dès que les yeux furent au service de l’esprit. Bien vite, on eu besoin en effet d’observer le ciel pour l’agriculture, la chasse ou la pêche, et pour fixer le retour des saisons. De ces premières étapes de l’observation, nous conservons la disposition des mégalithes où l’homme se contentait de viser un astre et de déterminer sa position par rapport à des repères fixes (comme les montagnes, la mer,…). C’est pourquoi les observatoires mésopotamiens ne devaient pas être tellement différents de celui de Tycho Brahe ou même de ceux conservés à New Delhi en Inde.