Les invasions germaniques et la fin de l’empire en Occident

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Précédées par une lente infiltration, les invasions barbares aboutissent à la formation de royaumes autonomes et à la disparition de l’empire romain  De la triple influence romaine, chrétienne et germanique naîtra une nouvelle civilisation.

  1. Romains et Germains.

Les Romains groupaient sous le nom de Germains les peuples vivant dans l’immense zone européenne située au-delà du limes du Rhin et du Danube. Ils les qualifiaient de Barbares, c’est-à-dire d’étrangers à l’empire et à sa civilisation. Le monde romain et le monde germanique, si varié, n’étaient pas inconnus l’un de l’autre. César déjà, le géographe Strabon, Tacite surtout avaient fait connaître le second au premier. Des marchands romains parcouraient les voies commerciales reliant la Méditerranée et la mer Noire à la Baltique. Les populations des frontières participaient activement à des échanges commerciaux et culturels.

Tentation et modèle, l’empire, ensoleillé, riche et fertile, exerçait une forte attraction sur ces peuples rudes et peu sédentarisés. A la veille des invasions, plusieurs se sont groupés le long du limes en ensembles plus structurés.

  1. Les déplacements de populations.
  2. Infiltrations germaniques aux IIIe et IVe siècles.

Avertissement : aux IIIe et IVe siècles, le limes est franchi à plusieurs reprises par les Alamans, les Francs et les Goths. Des raids saxons ravagent, en Gaule et en Bretagne, les côtes de l’Atlantique et de la mer du Nord. Pour se défendre, Rome incorpore des Barbares dans l’armée. Certains d’entre eux accéderont aux postes de commandement, constitueront la garde des empereurs et seront leurs conseillers. Pour pallier l’abandon des campagnes, des Barbares y sont installés. Malgré leur fierté d’appartenir à l’empire romain, ils ne s’y intègrent pas totalement.

  1. La vague des invasions au Ve siècle.

L’arrivée des Huns sur la Volga, vers 370, déclenche le vaste mouvement des invasions. Venus des steppes d’Asie centrale, ces nomades déferlent sur l’Europe orientale et installent au nord du Danube, au Ve siècle, un état mouvant, éphémère et brillant. Leur progression provoque une cascade de migrations qui inondent l’empire romain.

Les Wisigoths franchissent le Danube en 376. Ils défont l’armée romaine à Andrinople (Thrace, Turquie d’Europe) et commencent une longue errance dévastatrice vers l’ouest. Ils pillent Rome en 410, catastrophe ressentie comme une malédiction par les contemporains. Ils finissent par s’installer en Aquitaine en 413 et forment, avec l’accord de Rome, le royaume de Toulouse, qui connaîtra une expansion constante au-delà des Pyrénées, dans la « Gotolonia », actuelle Catalogne.

En 406, Vandales, Suèves, Alains s’engouffrent en Gaule par le Rhin. Ils ravagent le pays puis se partagent l’Espagne, malgré les attaques des Goths. En 429, les Vandales, qui ont occupé la « Vandalousie », franchissent la Méditerranée et s’installent en Afrique du Nord, d’où ils viennent piller Rome en 455. Ils seront soumis par Justinien. Suèves et Alains se sont rendus maîtres du Portugal. Derrière ces peuples, des Burgondes, des Alamans, des Francs pénètrent profondément en Gaule.

Dès 407, la Bretagne (Angleterre actuelle) est abandonnée à son sort. Sous les assauts des Angles, des Saxons, des Scotts, ses habitants émigrent en masse vers l’Armorique (Bretagne continentale).

En 451 – 452, Attila et ses Huns s’attaquent à la Gaule. Leurs expéditions suscitent l’union des Gallo-Romains, des Goths et des Francs. La défaite des Huns près de Troyes les écarte de la Gaule. La mort d’Attila précipite leur déclin.

Libérés de cette menace, les Hérules pénètrent en Italie en 453. Leur chef, Odoacre, dépose l’empereur Romulus Augustule, encore enfant, et renvoie à Constantinople les insignes impériaux. Il est le maître de la péninsule jusqu’à l’invasion des Ostrogoths en 489. Théodoric le Grand fonde un royaume qui sera le plus brillant de tous ceux nés des invasions. Il aura cependant une existence éphémère car il sera détruit par Justinien (356) avant d’être envahi par les Lombards (568).

L’empire romain subsiste toujours en droit mais l’empereur a perdu le pouvoir effectif. Les chefs germaniques lui reconnaissent une autorité morale et acceptent ses faveurs, comme la concession du titre de consul mais ils régissent leurs « royaumes » à leur guise. L’anthroponymie est typique de cette influence : l’aristocratie adopte, et pour des siècles, des prénoms germaniques : Clovis (Louis), Sigebert, Thierry, etc.

  1. Bilan des invasions.

Les invasions germaniques sont en fait des migrations qui intègrent à l’Europe occidentale des régions et des peuples nouveaux, ariens ou païens, porteurs d’une civilisation originale.

L’empire romain d’Occident disparaît au profit de royaumes barbares. Mais l’influence romaine persiste. L’Eglise, solidement structurée et dont les évêques se recrutent dans l’aristocratie sénatoriale, maintient une continuité parmi les bouleversements. Sur cette triple base – germanique, romaine et chrétienne – va s’élaborer le monde nouveau né des invasions.

De cette époque date la répartition géographique, en Europe occidentale, des langues germaniques (allemand, néerlandais, anglais) et romanes (italien, français…). C’est l’origine de la frontière linguistique en Belgique suite à l’installation des Lètes, prisonniers barbares, dans les campagnes par les empereurs à partir du IIIe siècle pour cultiver les terres laissées en friche par manque de population rurale.

L’empire romain d’Orient, qui a réussi à détourner la menace barbare, continue une vie brillante mais mouvementée : c’est l’empire byzantin.

Plus largement, ces invasions s’inscrivent dans un mouvement général qui ne s’achèvera qu’au XIe siècle après avoir affecté peuples et pays d’Europe, d’Asie et d’Afrique.

In  Racines du Futur, Tome 1, Hatier, Bruxelles, 1991, pp. 134-137.