Le savoir littéraire

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Utiliser un document critique, prendre des notes, consulter un dictionnaire un dictionnaire, mais dans quel but? Pour comprendre l’œuvre d’un écrivain, mieux lire, mais aussi pour intégrer cette lecture à un ensemble, pour la rattacher à des problèmes littéraires généraux. On ne lit jamais avec sa seule conscience, on transporte toujours dans une lecture, quelle qu’elle soit, une partie des idées et des connaissances de son époque. Aussi importe-t-il de bien situer ce savoir littéraire, de comprendre :

    1. Les questions qu’il pose et la nature des réponses qu’il prétend apporter.
    2. L’unité scientifique qu’il constitue.

1. Problèmes et perspectives littéraires

Toute réflexion sur la littérature s’efforce de prendre en compte deux réalités : le texte écrit, et celui qui est à son origine, l’écrivain.

Un texte : c’est-à-dire une création originale (composée de mots, d’idées, etc., éléments à la fois distincts et cohérents), mais aussi le résultat d’une tradition culturelle (présente et passée).

Un écrivain : c’est-à-dire un individu unique (menant une expérience particulière, animé de tel ou tel sentiment…), mais aussi un homme vivant dans une société (déterminée par elle et l’influençant à son tour).

Problèmes et perspectives littéraires

On appellera donc étude littéraire toute réflexion sur l’un ou l’autre de ces problèmes : la réalité du texte, ou la réalité de l’écrivain. Différentes questions peuvent être posées, plusieurs perspectives d’étude sont ainsi ouvertes.

Réalité littéraire
Quelques définitions…

Linguistique : science de la langue en général, comprenant l’étude des sons (phonétique, phonologique), de la grammaire (morphologique et syntaxe) et de la signification des mots (sémantique).

Philologie : sciences des textes, fondée sur la connaissance des mots et de leur histoire (l’étymologie).

Psychanalyse : étude des manifestations de l’esprit humain provoquées par la pensée inconsciente (doctrine scientifique élaborée par Sigmund Freud – 1856-1939).

Rhétorique : science du discours, des conditions de sa production orale et écrite (rhétorique de l’antiquité grecque et latine : 4e av. J.-C. – 1er siècle av. J.-C.) ou des figures de style qu’il contient (réthorique moderne : 17e – 20e siècles).

Sémiotique : étude des significations organisées (structurales) contenues dans les textes; au sens large : étude des significations implicites à l’œuvre dans les activités sociales.

Sociologie de la littérature : étude des thèmes et des procédés de l’œuvre littéraire dans leur relation avec l’univers socio-économique qui les conditionne.

2. L’unité du savoir littéraire

De l’étude du texte à celle de l’écrivain, de l’examen des figures de style à l’investigation psychanalytique, le savoir littéraire apparaît comme très varié. Mais une perspective reste dominante : c’est la référence à l’histoire. Le savoir littéraire permet de situer des éléments les uns par rapport aux autres, il propose des repérages : soit qu’on s’intéresse aux différentes étapes d’une évolution (étude diachronique), soit qu’on considère qu’un état particulier de l’évolution (étude synchronique).

Ainsi :

1. Sont diachroniques : les recherches philologiques, biographies ou même psychanalytiques : elles étudient l’évolution des significations, les étapes d’une existence, ou la naissance d’une conscience.
2. Sont synchroniques : les recherches rhétoriques, sémiotiques ou thématiques : elles étudient les figures d’un texte, sa structure profonde ou ses répétions de mots et d’idées.

Mais quelle que soit la perspective adoptée, l’histoire littéraire reste un préalable indispensable…

Pagès, Pagès-Pindon, Le Français au lycée, Nathan, Paris, 1984, pp. 32-34