Pour vous, obéir, c’est quoi ?
Photo langage
7. Un individu qui serait incapable d’obéir à des règles de vie commune, serait condamné à vivre en animal sauvage.
8. Je suis un vieux peau-rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne – A. Chavée
12. Les chemins de la liberté commencent par le refus de la soumission.
13. Si quelqu’un aime bien marcher en rang, je ne peux que le mépriser, car il a reçu son cerveau par inadvertance; sa moelle épinière lui suffirait amplement. A. Einstein
- Choisissez l’image ou la citation qui, pour vous, représente le mieux l’autorité (la conception que vous en avez).
- Expliquez votre choix par écrit, puis à la classe.
Brèves définitions
- Faites-vous une différence entre se soumettre et obéir ? Entre autorité et pouvoir ?
- Quelle différence faites-vous entre ces mots ?
Obéir, à l’origine, signifie être à l’écoute, tendre l’oreille (ob-audire).
Soumettre, à l’origine, signifie mettre en-dessous (sub-mittere).
Autorité vient de auctoritas qui a la même racine que le mot auctorem (qui a donné auteur) signifiant « celui qui est à l’origine de quelque chose, celui qui fonde ». Auteur et autorité sont issus du verbe augere, qui veut dire accroître, agrandir.
Pouvoir vient du verbe posse (pouvoir).
L’autorité dans l’éducation
Intimer la loi, ce n’est pas empêcher de penser
Emilien, âgé de 5 ans ayant échappé à la surveillance maternelle, avait allumé la télévision à son insu. Le père, rentrant du bureau et constatant les faits, envoie son fils dans sa chambre. Celui-ci, quittant la pièce, lui lance un furieux: « tu es méchant, Papa! » Suite à cette réplique peu aimable, le père, choqué, prive son fils de télévision pour la semaine.
Respecter ses parents, ce n’est pas obéir sans mots dire, sans maudire …
A quoi renvoie la notion d’obéissance ? Si celui dont émane la loi doit veiller à ce que cette loi soit respectée et suivie, il ne faut cependant pas confondre obéissance avec servilité. Faut-il obéir à une loi parce qu’elle est juste ou encore parce qu’obéissance et amour sont liés?
Non, il faut obéir parce que c’est la loi ! Mais rien ne doit empêcher de trouver celle-ci injuste ou ridicule. Or, trop souvent dans le chef parental, l’obligation d’obéissance est associée avec l’obligation de respect et d’amour ! Ceux-ci sont d’un autre ordre…
Du droit de penser différemment
S’il est bien du ressort de l’adulte de mettre des limites et d’appliquer les conséquences prévues lors d’un dépassement de celles-ci, il n’est pas en devoir d’interdire à un enfant de penser !
Ici, le papa d’Emilien apparaît complètement choqué, outré, que son fils, face à l’attitude adéquate de son père, le trouve méchant ! Qu’espère-t-il, ce père ? Que son fils lui dise : Merci Papa de me punir. Je suis vraiment content que tu m’envoies réfléchir dans ma chambre ! ? Un peu de bon sens, voyons ! Emilien est furieux sur son père, sa phrase est lancée dans un moment de colère. Sa colère manifeste, marque la différence, la coupure entre le désir de l’adulte et celui de l’enfant. Emilien veut regarder la télé, son père ne veut pas qu’il la regarde sans sa permission.
Il est important de savoir que cette parole de colère est nécessaire à l’enfant, elle lui permet de faire le deuil de son désir à lui et d’accepter la loi du père. Humaniser un enfant, ce n’est pas lui interdire une pensée personnelle sur un événement ! Humaniser un enfant, c’est le socialiser en le faisant accéder, pas à pas, au principe de réalité, en le guidant dans la connaissance de ce qui se fait, de ce qui ne peut se faire. Ce sont les actes qui sont réglementés, non la pensée: celle-ci doit pouvoir garder sa pleine liberté. Ce n’est qu’au prix de cette liberté que l’enfant acceptera librement la Loi. Punir un enfant parce qu’il pense autrement que nous n’induit que de la révolte qui, un jour, éclatera ou rongera en sourdine…
Ne pas confondre obéissance et amour
Or, souvent, surpris par des manifestations de reproche de leur enfant, certains parents les prennent pour une offense personnelle, comme une violence faite à leur attitude pédagogique, à leur projet éducatif ou comme une preuve de non-amour.
D’autres se mettent à douter du bien-fondé de leurs exigences, du droit à mettre des limites. A moins qu’au contraire, ils s’insurgent contre l’enfant qui ose remettre en question des principes hérités de l’histoire familiale et jamais jusqu’alors mis en question ! Comme si, du fait même de leur pérennité, ces principes étaient, de toute évidence, la seule vérité sur la question…
Ainsi, face à la réaction de colère d’un enfant confronté à un interdit ou à une punition, les parents sont parfois surpris et décontenancés. Comme le papa d’Emilien, certains punissent l’enfant doublement parce qu’il a osé ce mouvement de révolte. En réalité, ne se protègent-ils pas d’une sensation de déstabilisation ?
Ainsi, là où ce père fait sans doute fausse route, c’est en supprimant la télé pour la semaine à ce fils qui a osé dire (donc penser !) qu’il est méchant. S’il souhaite engendrer chez son fils, à son égard, un véritable respect, il doit être respectueux de sa liberté de pensée ! Plutôt que de se sentir attaqué, ce père ne doit pas craindre de confirmer le vécu de l’enfant. En disant, par exemple, Mais oui, à tes yeux, je suis méchant car toi tu voudrais regarder la télé quand tu le décides, mais moi je ne suis pas d’accord. Alors, quand tu désobéis, comme je te l’ai promis, je te punis en t’envoyant dans ta chambre. Ce n’est pas gai, tu es fâché sur moi, je le comprends, mais moi je dois faire mon travail de père !
C’est en acceptant que deux réalités puissent recouvrir un même événement que nous permettons l’expression personnelle et le respect de l’autre.
Cela n’empêche pas que l’enfant doit être introduit dans la Loi qui régit la société humaine, car tous, nous devons nous y soumettre … Il doit donc apprendre à obéir !
Diane Drory, “Des Choses De La Vie”, In Le Ligueur, 5 janvier 2003
Autorité et tendresse
Tout un chacun se souviendra sans peine de l’expression : « une main de fer dans un gant de velours ». A travers l’alliage de ses deux matériaux, elle traduit que l’autorité peut s’exercer fermement mais sans aucune forme de brutalité.
Longtemps le rôle du Père a été assimilé à être le garant de la Loi familiale, porteur de l’autorité. Aujourd’hui, cette responsabilité est davantage partagée par les deux parents. Fini les : Tu vas voir ce que tu vas prendre quand papa va rentrer ! Fini le père menaçant ! Fini le père grand méchant loup ! Enfin, nous, les pères d’aujourd’hui, pouvons nous autoriser à manier à part égale, le langage de la tendresse et de l’autorité.
Dès les premières minutes de vie …
La sécurité affective de base du bébé passe par le ressenti précoce d’une présence paternelle affectueuse et …ferme !
Le bébé intégrera immédiatement son papa à travers la fermeté de son engagement d’amour. Ce sont là, les prémisses de la construction d’un lien d’attachement fort entre le père et son enfant. C’est dans ce vivier précoce de la relation que se construit déjà « la parole sacrée du père ». Sacrée car elle résonnera comme nul autre dans l’oreille de l’enfant. Elle sera structurante, limitante et donc rassurante.
L’importance de tenir d’emblée les limites
Pour l’harmonie de son psychisme, le bébé a besoin d’entendre la fermeté dans la voix qui pose les limites. Une voix sans cris, ni colère, seulement une voix qui porte le sceau conjugué de la tendresse et de la fermeté et qui dit : Non, là mon petit chéri, ce n’est pas possible et nous ne céderons pas sur ce point. C’est tout.
Un enfant qui perçoit une fragilité à ce niveau, chez ses parents, est un enfant qui va s’engager dans d’incessants bras de fer, pour obtenir ce qu’il désire. Il tentera donc de prendre le pouvoir sur ses parents.
Il y a 30 ans déjà, Françoise Dolto insistait beaucoup sur ce point. Il faut répondre aux besoins des enfants, pas aux désirs ! L’enfant a besoin d’être confronté à la frustration pour grandir, en sécurité physiquement et psychiquement ! Bien sûr, cela nous fait parfois mal au cœur, nous parents d’entendre la plainte insistante de notre enfant à qui l’on vient de dire : Non. Mais si nous sommes convaincu que ce « non » est justifié, qu’il a du sens, qu’il est nécessaire et structurant pour son enfant, il faut pouvoir le TENIR !
Cela ne veut pas dire pour autant qu’on abandonne son bébé en pleurs, tout seul dans sa chambre ! Certainement pas ! Non, notre présence rassurante, notre tendresse irrévocable lui permettra de passer le cap difficile de l’apprentissage de la frustration, ce grand moteur de la vie !
La cohérence et la complémentarité dans le couple parental
Tenir les limites demande bien évidement que papa et maman soient sur la même longueur d’onde à ce sujet. Quand l’un ou l’autre rentre en contradiction par rapport à la fermeté de la décision, l’enfant s’engouffrera dans la faille ! Pourtant c’est humain car notre bébé nous embraque dans le navire tumultueux de nos émotions. Et parfois, elles prennent le dessus sur la raison… Dans ce cas de figure, ne vous jugez pas, mais parlez ensemble. Dîtes à votre épouse : c’est dur pour toi, pour le moment de tenir notre décision, parle moi de ce que tu ressens. Que passe-t-il en toi à cet instant ? As-tu des peurs par rapport à lui ? … Communiquer en reconnaissant les émotions de l’autre parent est certainement lui offrir l’appui dont il a besoin pour renforcer sa décision.
Parfois pour l’équilibre familial, il est également nécessaire de se passer le relais. Je pense notamment aux réveils nocturnes fréquents des jeunes enfants. L’enfant a besoin de ressentir cette cohérence parentale dans les réassurances nocturnes que ce soit avec papa ou maman.
Et puis viendra la période d’opposition …
Aux environs de l’âge de deux ans (quoi qu’ils sont de plus en plus précoces), l’enfant va s’opposer avec beaucoup d’énergie à l’autorité parentale. Cette période est souvent déstabilisante pour les parents. Cela ressemble déjà à la crise d’adolescence ! Pourtant ce passage est particulièrement nécessaire à la construction de l’identité propre de l’enfant. Elle va lui permettre de s’affirmer en tant que personne à part entière (ou à parent tiers) qui a un pouvoir de décision sur les choix de la vie ! Quelles perspectives ! C’est là qu’il pose les bases de sa capacité de futur adulte à poser des limites, à dire non quand il ne sera pas d’accord. Un enfant qui ne s’oppose pas à cet âge est un enfant qui doit nous inquiéter, tant il est enfermé dans la soumission.
Donc pas de panique, cette période empreinte de colères régulières et de non à toute nos propositions est normale et même nécessaire ! Yes, c’est ok !
Par contre, ce qui est tout autant fondamental à ce moment c’est que nous gardions le cap de nos sacro-saintes limites ! Il va nous pousser dans nos derniers retranchements et nous devrons tenir bon ! Oui, j’entends bien que tu es en colère, que tu voudrais absolument que je te donne des bonbons, mais avant le souper, j’ai décidé que c’est non et rien, absolument rien y changera ! Donc, tu as le droit de pleurer et de vivre ta colère mais dans le hall, pas n’importe où et quand tu seras calmé, nous t’accueillerons à nouveau près de nous, dans le salon.
Ceci bien sûr n’est qu’un exemple. Ce n’est pas la bonne recette qui marche à tous les coups. Non, nous avons à créer nos propres recettes au quotidien avec l’enfant qui est là devant nous, et qui est différent de son frère et de sa sœur !
En conclusion, je suis convaincu que tendresse et autorité font excellent ménage ensemble. Ils offrent à l’enfant toute la sécurité dont il a besoin. Un lien fort. Un lien de respect. Un lien pour la vie.
Dimitri Haikin
- Par duos, dégagez ces informations des documents suivants :
- à quels besoins (de l’enfant, du jeune) répond l’éducation,
- en quoi consiste le travail de l’éducateur (deux missions qui peuvent sembler paradoxales),
- les qualités d’un bon éducateur,
- les difficultés liées à cette mission.