Un mouvement d’inspiration anglo-saxonne se développe comme un feu de brousse dans les milieux francophones, après avoir envahi les milieux germanophones : le NEW AGE ou Nouvel Age. L’idée essentielle est que l’humanité est en train d’entrer, en ce début de millénaire, dans un âge nouveau de prise de conscience spirituelle et planétaire, d’harmonie et de lumière, marqué par des mutations profondes. Il verrait en particulier le second avènement du Christ dont les « énergies » seraient déjà à l’œuvre parmi nous au cœur des multiples recherches spirituelles et groupes religieux caractéristiques de notre époque.
La vague est née aux USA vers les années 70, dans la suite du mouvement de « contre-culture ». Déjà, dans les années 60, l’opéra rock Hair avait chanté l’avènement d’Aquarius et salué l’aube du Verseau. Le raz-de-marée a progressivement submergé le vieux continent, engendrant une abondante production littéraire. Ce fut un des clous de la Foire mondiale du livre de Francfort en 1980. Les éditeurs français remarquèrent ensuite une augmentation significative des ventes. La littérature de l’ésotérisme déverse déjà annuellement un million de volumes sur le marché européen. A la radio et sur le petit écran commencent à apparaître des émissions dans cette mouvance d’astrologie ou de voyance en direct. Et celles où l’on traite en même temps des médecines douces et totalisantes (holistiques), des méthodes de méditation ou de la réincarnation.
Une nouvelle mode musicale fait même fureur outre-Atlantique, qui a commencé à envahir la France : la musique New Age, « aquatique et positive, synthétique et fluide », celle du cosmos, des vibrations dans l’éther et du niveau subliminal de la conscience, sur fond de message d’optimisme et de fraternité planétaire.
Le Nouvel Age, c’est un ensemble de pratiques apparemment hétéroclites, mais unifiées par une vision d’humanisation totale : médecine de l’âme, astrologie et spiritisme, maîtrise du corps avec les arts martiaux, la caisse d’isolation sensorielle ou les thérapies douces, et de la nature avec l’art floral, l’écologie ou le végétarisme. Il s’agit de rassembler dans l’unité ce qui était divers. Y compris toutes les religions d’une manière accueillante mais réductrice : un « nouveau paradigme », c’est-à-dire une nouvelle manière de voir les choses.
Cette nouvelle vision des choses est proche de l’ésotéro-occultisme, comme une utopie assez ouverte pour que chacun puisse y projeter ses propres aspirations religieuses. C’est aussi un nouveau millénarisme – une attente d’un nouvel âge d’or -, à l’aube du troisième millénaire.
Le Nouvel Age est déjà entré dans le monde des affaires par le biais des pratiques de développement du potentiel humain. Des dirigeants de grandes multinationales se sont intéressés attentivement à l’utilisation de ces techniques – du yoga à l’occultisme en passant par le saut en élastique – pour former leurs cadres à une meilleure compétitivité sur les marchés mondiaux. Des séminaires d’arts martiaux, de zen, voire de vaudou commencent à fonctionner pour « ressourcer », « réénergétiser », « surdimensionner » les hommes d’affaire. Et augmenter ainsi leur efficacité.
L’astrologie et la numérologie sont déjà couramment utilisées pour choisir les candidats à un emploi. Avec le Nouvel Age, l’irrationnel est entré par la grande porte.
Son développement représente un des défis importants pour le christianisme dans les années qui viennent. Non par certaines de ses techniques qui ont leur authenticité et leurs valeurs propres : méditation intérieure, médecines douces, psychologie dynamique. Mais, par l’une des visées explicites de ses précurseurs – même si elle n’est pas toujours connue de ses sympathisants – est de proposer la suprareligion mondiale de l’ère du Verseau qui prendra la place, à l’aube du nouveau millénaire, du christianisme lié à l’ère des Poissons finissante, le bousculant quelque peu au passage pour accélérer sa chute en permettant aux croyants de se faire leurs religions personnelles en choisissant ce qui leurs plaît dans les autres religions un peu comme on va au supermarché faire ses courses.