Le langage et la communication

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Le langage est une réalité complexe, dont l’existence est à la fois orale et écrite. Connaître cette réalité, comprendre les différences qui séparent l’oral de l’écrit implique que l’on commence par réfléchir sur le mot, structure multiforme qui :
– se décompose en unités de niveau inférieur : les phonèmes ;
– s’intègre à une unité de niveau supérieur : la phrase.

1. Aspect du mot.

1.1. Le signe linguistique

Le mot est une unité linguistique à deux faces :
– le signifiant : la réalité matérielle du mot (la « forme ») ;
– le signifié : la réalité conceptuelle du mot (le « contenu »). L’union du signifiant et du signifié constitue le signe linguistique.

Entre l’idée d’un mot (le signifié) et la forme sonore ou graphique (le signifiant), il n’y a aucune relation naturelle : les sons n’expriment pas les idées ; la relation entre signifié et signifiant est arbitraire.
Les lettres de l’alphabet représentent mal les sons : il est préférable d’utiliser l’Alphabet phonétique international, qui transcrit exactement les sons prononcés dans un mot, ou phonèmes. Le phonème est la plus petite unité qu’il soit possible d’isoler à l’intérieur du signifiant d’un mot.

Le signe linguistique
Le phonème n’est pas l’équivalent d’une lettre ; en français, l’orthographe d’un mot ne correspond pas à sa prononciation : dans pain, on écrit 3 lettres (ain) pour un seul phonème.
Le phonème ne représente pas telle ou telle prononciation particulière ; c’est le son considéré dans son rôle de distinction et d’opposition des mots : [p] est un phonème, car il distingue pain de bain, quelle que soit l’intonation que l’on utilise.

2. La communication.

Toute suite de mots, orale ou écrite, est un énoncé. Les conditions dans lesquelles on produit tel ou tel énoncé constituent l’énonciation. Un énoncé est une parole non située, considérée en dehors de ses possibilités de réalisation ; une énonciation est une parole située, considérée à l’intérieur d’une communication.
L’étude de la communication, c’est-à-dire du mécanisme de l’énonciation suppose une réflexion sur la façon dont :
– on choisit un langage ;
– on réalise un message.

2.1. Choisir un langage.

2.1.1. Les niveaux de langue.

La langue parlée ou écrite est un système, c’est-à-dire un ensemble de signes employés selon des règles particulières (par ex., le lexique et la syntaxe propres au français). A la différence de systèmes de signes plus simples (le code de la route, le code postal…), le système linguistique peut s’utiliser selon des niveaux différents. En français, on peut distinguer schématiquement trois niveaux de langue (ou registres de langue) :
– L’usage commun : celui des communications courantes, des articles de journaux, des exposés scientifiques ou didactiques (vocabulaire et syntaxe conformes à la norme scolaire).
– L’usage soutenu : celui des discours solennels (politiques, religieux), de la littérature classique et, en général, de la littérature moderne (vocabulaire recherché, syntaxe complexe, parfois archaïque).
– L’usage familier : celui de la conversation amicale, des parlers populaires et argotiques (vocabulaire restreint, syntaxe simplifiée).

Les niveaux de langue

2.1.2. Les déictiques.

Il s’agit des mots ou des expressions qui désignent les conditions de l’énonciation, dont le référent ne peut être déterminé que par rapport aux interlocuteurs.
Les déictiques indiquent :
Le sujet et le destinataire de la communication
Ce sont :
– les pronoms personnels et les possessifs de la 1ère et de la 2ème personne : je/tu, mon/ton…
– certains noms propres désignant des personnes : Jean, Michel (= le garçon qui s’appelle Jean, Michel, que je connais, que tu connais…), par opposition à Napoléon, Louis XIV (dont le référent est indépendant de la communication).
Le lieu et le temps de la communication
Ce sont :
– les adjectifs et les pronoms démonstratifs : ceci/cela, ce/cette, voici…
– certains adverbes et locutions : ici, à côté, là-bas… = indication du lieu ; hier, maintenant, demain, tout à l’heure, l’an dernier… = indication du temps.
Indications du sujet : je, maman (le mot est assimilable à un nom propre = la mère du locuteur).
Indications du temps : aujourd’hui, hier, dans l’après-midi, demain soir.

2.2. Réaliser un message.

2.2.1. Les fonctions du langage.

Dans un message oral ou écrit, les énoncés répondent à des intentions différentes. On distingue six fonctions du langage :
1. La fonction référentielle : c’est l’information sur une situation ou sur une réalité (sur le référent).
Le contenu du message : Ce train part à six heures.
2. La fonction expressive : c’est l’expression de la personnalité et des sentiments de celui qui parle (sa peur, sa joie, son émotion, son indignation…).
L’origine du message : Hélas ! Ce train est parti à six heures !
3. La fonction impressive (ou incitative) : c’est la volonté d’agir sur l’interlocuteur ; elle se manifeste dans les formes de la persuasion, de l’appel, de l’ordre, etc.
La visée du message : Ce train part à six heures. Montez tout de suite !
4. La fonction de contact : c’est le désir d’assurer l’efficacité de la communication ; il se manifeste par des interjections, des expressions sans contenu informatif précis (mots « vides » d’un point de vue sémantique).
La continuité du message : Mais oui ! Bien sûr ! Ce train part à six heures !
5. La fonction métalinguistique : c’est la valeur explicative ou didactique du message, sa capacité à définir les termes qui le composent.
La cohérence du message : Ce train, c’est-à-dire la locomotive suivie de ses wagons, roulant à 160 kilomètre-heure, part à six heures.
6. La fonction poétique : c’est le langage considéré dans son signifiant, dans sa valeur rythmique, sonore ou visuelle.
La forme du message : Voyagez mieux en période bleue !

Schéma de la communication

2.2.2. Les actes de parole.

Par ses fonctions expressives et impressives – par la mise en relation d’un sujet et d’un destinataire – le langage assure la transmission des messages et leur efficacité. Bien plus, il fait de la parole un acte : il aboutit à une modification ou à une mise en question par le sujet de la situation du destinataire.
Cet acte est accompli de façon explicite par une catégorie de verbes appelés performatifs, qui désignent une réalité et en même temps l’accomplissent : par exemple, Je promets énonce l’idée de promesse et la réalise en même temps. Voici d’autres exemples de verbes dont le fonctionnement est performatif à la 1ère personne : défendre, ordonner, permettre, remercier, saluer, féliciter, affirmer, conseiller, avertir, certifier, jurer, parier, maudire, donner, prêter…
Mais cet acte est aussi implicite avec un grand nombre de mots, de locutions ou de formules qui s’emploient dans des situations affectives (le dialogue amical ou amoureux), intellectuelles (l’interrogation, le débat, la polémique) ou sociales (la politesse, la mondanité).

Les actes de paroles

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Pagès, Pagès-Pindon, Le Français au lycée, Nathan, Paris, 1984, pp. 40-52