La description

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Raconter une histoire consiste à mêler étroitement et en proportions variables récit et description : le récit est la représentation d’actions et d’événements, la description est la représentation d’objets ou de personnages.

Elément indispensable, la description se caractérise à la fois par sa dépendance et son autonomie à l’égard du récit.

  1. Valeur de la description.

1.1. Dans la durée du récit.

La présence de descriptions plus ou moins importantes est un facteur déterminant pour le rythme d’un récit. La description introduit une pause dans la succession temporelle d’actions ou d’événements : elle représente des objets juxtaposés dans l’espace.

Mais tout un morceau descriptif ne détermine pas obligatoirement une rupture du temps de la fiction. Le rapport qui s’établit entre temps de la fiction et temps de la description dépend étroitement du point de vue adopté par la narration. C’est pourquoi on peut distinguer deux grands types de description :

La description objective : elle constitue une suspension du temps de la fiction ; abandonnant les personnages et le cours de l’histoire, le narrateur intervient pour informer le lecteur, en utilisant souvent les temps du discours.

Ce type de description est caractéristique de la narration à focalisation zéro.

La description subjective : elle fait coïncider le temps de la fiction et le temps de la description, et se trouve intégrée dans l’action des personnages ; le mouvement de la description est orienté par le regard ou la démarche du personnage et le texte ne révèle du monde que ce qu’en découvre le héros.

La description subjective est caractéristique de la narration à focalisation interne.

1.2. Dans le fonctionnement du récit.

La description peut constituer une enclave inutile ou au contraire assumer une fonction particulière dans l’agencement de l’action. On distingue deux valeurs principales de la description :

– Une valeur décorative : la description est développée pour elle-même. Elle constitue un ornement du texte au même titre que les figures de style et obéit davantage aux contraintes esthétiques qu’au réalisme.

– Une valeur significative : la description est au service du récit. Elle rassemble des informations utiles pour la suite de l’action. Les informations ainsi données se rattachent à l’une ou l’autre de ces deux fonctions :

Fonction explicative : les portraits physiques et psychologiques, les descriptions d’objets et de lieux servent à justifier les réactions des personnages et à introduire des éléments moteurs de l’action future.

Fonction symbolique : l’objet décrit évoque de façon métaphorique tel aspect du personnage ou de l’action. La correspondance entre l’univers extérieur et l’univers intérieur du personnage se traduit souvent par une métaphore dominante.

La fonction symbolique apparaît particulièrement dans les descriptions subjectives.

  1. Forme de la description.

2.1. Les frontières.

Linguistiquement, le passage du récit à la description se signale par :

– Une rupture dans l’enchaînement des verbes d’action et une prédominance des verbes d’état et des groupes nominaux.

– Un changement des temps verbaux : disposant de deux grands temps de l’histoire (passé simple et imparfait), le français s’en sert pour donner du relief à un texte. Le passage du passé simple à l’imparfait permet de dégager deux niveaux dans un récit :

– Le premier plan : constituant le noyau narratif, les verves sont au passé simple.

– Le second plan : représentant des circonstances secondaires, les verbes sont à l’imparfait.

C’est pourquoi la description (formant le décor, l’arrière-plan) se signale par une prédominance de l’imparfait, et le récit (les actions, le premier-plan) par une prédominance du passé simple.

2.2. Le lexique.

La description progresse selon un double mouvement de concentration  et d’expansion :

Concentration du sens : pour être cohérente et lisible, la description doit faire un choix dans la multiplicité des détails à retenir. Tous les éléments concourent à produire une impression d’ensemble, souvent liée à la fonction symbolique ou explicative de la description.

Expansion du lexique : les termes utilisés s’enchaînent les uns aux autres par contiguïté sémantique. Ainsi, le terme rose entraînera ceux de bouquet, pétale, bouton… La description peut donc se définir comme l’exploitation systématique d’un champ lexical.

 Pagès, Pagès-Pindon, Le Français au lycée, Nathan, Paris, 1984, pp 131-134