Le racisme

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Document 1 : J’suis pas un imbécile. (Fernand Raynaud)

Moi, je n’aime pas les étrangers. Non, parce qu’ils viennent manger le pain des Français. Ouais ! Et je n’aime pas les étrangers, c’est vrai, c’est comme ça, c’est physique. Et c’est curieux, parce que comme profession, je suis douanier. On devrait être aimable et gentil avec les étrangers qui arrivent, mais je n’aime pas les étrangers, ils viennent manger le pain des Français. Et, je ne suis pas un imbécile, puisque je suis douanier ! Je peux écrire ce que je veux sur des papiers, je n’aurais jamais tort. J’ai le bouclier de la loi, puisque je suis douanier ! Je peux porter plainte contre n’importe qui, je suis sûr de gagner en justice ! Je ne suis pas un imbécile. Voyez, je suis Français. Ouais ! Et je suis fier d’être Français. Mon nom ? Moi, je m’appelle Yakafairça Ricardella du côté de ma mère et Piazzono Petito du côté d’un copain à mon père.
Dans le village où j’habite, on a un étranger. On ne l’appelle pas par son nom. On dit : « Tiens, voilà l’étranger qui arrive ! » Sa femme arrive, on dit ; « Voilà l’étrangère ! » Souvent, je lui dis : « Fous le camp ! Pourquoi viens-tu manger le pain des Français ? » Alors, une fois, au café, il m’a pris à part. J’ai pas voulu trinquer avec lui, un étranger dites donc ! Je ne veux pas me mélanger avec n’importe qui parce que moi je ne suis pas un imbécile puisque je suis un douanier. Il m’a dit : « Euh… pourtant, je suis un être humain comme tous les autres êtres humains ». Je dis : « Evidemment » (il est bête alors celui-là) « J’ai un cœur, une âme comme tout le monde… » Evidemment ! Comment se fait-il qu’il puisse dire des bêtises pareilles ? Enfin, du haut de ma grandeur, je l’ai quand même écouté cet imb… cet idiot.
Il m’a dit : « J’ai un cœur, une âme, est-ce que vous connaissez une race, vous, où une mère aime davantage ou moins bien son enfant qu’une autre race ? Nous sommes tous égaux. » Là, je n’ai rien compris à ce qu’il a voulu dire. Et pourtant, je ne suis pas un imbécile… puisque je suis un douanier ! « Fous le camp, tu viens manger le pain des Français. » Alors, un jour, il nous a dit : « J’en ai ras le bol de vous, de vos Français, de votre pain et pas de votre pain : je m’en vais ! » « Va-t-en ! » Alors, il a pris sa femme, ses enfants, il est monté sur un bateau, il a été loin au-delà des mers. Et, depuis ce jour-là… Ben ! On ne mange plus de pain : il était boulanger.
1. Pour quelles raisons n’aime-t-il pas les étrangers ?
2. Pour quelles raisons le personnage du douanier est-il ridicule ?
3. Comment se comporte-t-il avec l’étranger du village ?
4. Quelle réaction a-t-il provoquée par son attitude ?
5. Quelle est la conséquence de cette réaction ?

Document 2 : Mein Kampf.

Hitler parle : « La race aryenne nordique est la détentrice de toute culture, la vraie représentation de toute l’humanité, et c’est par l’application divine que le peuple allemand doit maintenir sa pureté raciale. La race germanique est supérieure à toutes les autres et la lutte contre l’étranger, contre le juif, contre le Slave, contre les races inférieures est sainte. (…)
Le fardeau économique constitué par des personnes souffrant de maladies héréditaires constitue un danger pour l’Etat et la Société. En tout cas, il est nécessaire de dépenser trois cent millions de Reichsmarks pour les soins à leur donner, non compris les dépenses de deux cent mille ivrognes et d’environ quatre cent mille psychopathes. Nous sommes convaincus que bientôt chaque pays se rendre compte que sa force se trouve dans la pureté de son esprit et de son sang. La seule garantie d’une vie tranquille se trouve dans la différenciation entre sang et sang. Nous considérons dépourvu de sens que les aliénés dangereux pour leur existence et celle des autres, des idiots qui ne peuvent se tenir propres ni manger eux-mêmes soient élevés et maintenus en vie, au prix de grands efforts et de grandes dépenses : dans la libre nature, ces créations ne pourraient exister et seraient exterminées par la loi divine. (…)
En 1935, le principe trouvera des bases légales. Le Dr Wagner, Ministre de la Santé Publique prépara un projet de loi obligeant les médecins à mettre fin aux souffrances des handicapés et des incurables par une piqûre mortelle. Le décret portera la date du 1er septembre 1939, jour de l’invasion de la Pologne.
Forts de ces principes, nous devons combattre et anéantir toute idéologie à vocation démocratique, qu’elle soit communiste, socialiste, religieuse, franc-maçonnique, syndicaliste ou autre, proclamant l’égalité des hommes et se trouvant par là même en opposition fondamentale avec le dogme hitlérien de l’inégalité raciale.
Ce programme d’élimination des races et des idées doit passer par le génocide. Le système concentrationnaire sera l’un des moyens de cette extermination.

1. Qui est la détentrice de toute culture pour Hitler ?
2. Qu’est-ce qui constitue un danger pour l’Etat et la société ?
3. Quelle est la seule garantie d’une vie tranquille ?
4. En quoi consiste le projet de loi en 1935 du Dr Wagner ?
5. Qui doivent-ils combattre ?
6. Par quoi doit passer ce programme d’élimination ?

Document 3 : Les atrocités de la guerre.

La guerre « moderne » s’étend à toute la population. Les bombardements font autant de victimes parmi les militaires, et les Allemands, en organisant les « camps de concentration », entreprennent d’éliminer les résistants et même les membres des « races inférieures. »
Auschwitz fut le plus important camp nazi d’extermination. Voici, dans toute leur sécheresse, des extraits de la déposition au procès des criminels de guerre de Nuremberg d’un de ses commandants :
Moi, Rudolf Hosz, après avoir prêté serment conformément à la loi, déclare ce qui suit :
Je suis âgé de quarante-six ans et membre du Parti national-socialiste allemand depuis 1922, membre des S.S. depuis 1934, membre des Waffen S.S. depuis 1938. Depuis le 1er décembre 1934, j’appartenais à la formation dénommée S.S.-Tête-de-mort.
Depuis 1934, j’ai travaillé sans arrêt dans l’administration des camps de concentration, et occupai un poste à Dachau, jusqu’en 1938, ensuite comme adjoint de camp à Sachsenhausen de 1938 au 1er mai 1940, date à laquelle je fus nommé commandant à Auschwitz. Je dirigeai Auschwitz jusqu’au 1er décembre 1943, et estime qu’au moins deux millions cinq cent mille victimes furent exécutées et exterminées par les gaz, puis incinérées ; un demi-million au moins moururent de faim ou de maladie, soit un chiffre total minimum de trois millions de morts. Ce qui représente environ 70 à 80% de tous les déportés envoyés à Auschwitz. Les autres furent sélectionnés et employés au travail forcé dans les industries dépendant du camp. Parmi les gazés et incinérés, se trouvaient environ vingt mille prisonniers de guerre russes qui avaient été auparavant extraits des camps de prisonniers par la Gestapo : ils avaient été livrés à Auschwitz par les camions de l’armée commandés par des officiers de la Wehrmacht. Le reste des victimes comprenait environ cent mille juifs allemands et un très grand nombre d’habitants, pour la plupart des Juifs, de Hollande, France, Belgique, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Grèce ou autres pays . Dans le seul été 1944, quatre cent mille Juifs hongrois environ furent exécutés à Auschwitz….
Les exécutions massives par les gaz commencèrent durant l’été de 1941 et se prolongèrent jusqu’à l’automne de 1944… . Toutes les exécutions par les gaz eurent lieu sur les ordres directs, la surveillance et la responsabilité du R.S.H.A. . Je recevais directement du R.S.H.A. les instructions nécessaires pour les exécutions massives… .
La solution définitive de la question juive signifiait l’extermination de tous les Juifs d’Europe . En juine 1941, je reçus l’ordre d’organiser l’extermination à Auschwitz. Le gouvernement général de Pologne comprenait déjà trois autres camps : Belzec, Treblinka et Wolzeck… Je me rendis à Treblinka pour étudier les méthodes d’extermination. Le commandant du camp me dit qu’il avait éliminé quatre-vingt mille détenus en six mois. Il s’occupait surtout des Juifs du ghetto de Varsovie.
Il utilisait l’oxyde de carbone. Mais ses méthodes ne me paraissaient pas très efficaces. Aussi, quand j’aménageai le bâtiment d’extermination d’Auschwitz, je choisis le « Zylon B », acide prussique cristallisé, que nous faisions tomber dans la chambre de mort par un petit orifice. Selon les conditions atmosphériques, le gaz mettait de trois à quinze minutes pour faire effet. Nous savions que les victimes étaient mortes lorsqu’elles cessaient de crier. Nous attendions alors une demi-heure avant d’ouvrir les portes et de sortir les cadavres. Nos groupes spécialisés leur retiraient alors bagues, alliances, ou des dents.
Nous apportâmes une amélioration par rapport à Treblinka en aménageant des chambres à gaz pouvant contenir deux mille personnes à la fois, alors qu’à Treblinka elles n’en contenaient que deux cents…
A Treblinka, les victimes savaient presque toujours qu’elles allaient être exterminées. A Auschwitz, nous nous efforçâmes de leur faire croire qu’elles allaient subir une désinfection . Elles ont bien sûr très souvent deviné leur sort et nous avons connu des incidents et des difficultés. Fréquemment, les femmes cachaient leurs enfants sous leurs vêtements, mais dès que nous les découvrions, nous envoyions ces enfants dans les chambres à gaz… .
A Auschwitz, nous avions deux médecins S.S. chargés d’examiner chaque livraison nouvelle de déportés. On les faisait défiler devant un médecin qui prenait une décision au fur et à mesure qu’ils passaient devant lui. Ceux qui paraissaient aptes au travail étaient envoyés dans le camp. Les autres étaient aussitôt dirigés vers les bâtiments d’extermination. Les enfants en bas âge étaient systématiquement exterminés, puisqu’ils étaient inaptes au travail.
Nuremberg, vol. XXXIII, pp. 275 sqq.

1. Qui est Rudolf Hosz ?
2. A combien estime-t-il le nombre de victimes ?
3. Qui se trouvaient parmi les victimes ?
4. De qui recevait-il ses ordres ?
5. Que signifiait l’expression « solution définitive » ?
6. Qu’est-ce que le « Zylon B » ?
7. Comment savaient-ils que les victimes étaient mortes ?
8. Quelle amélioration apportèrent-ils ?
9. Quel était le rôle des médecins dans ce camps ?

Document 4 : Témoignage du docteur Goude.

Un ancien déporté décrit le camp de Natzweiller, en Alsace, plus connu sous le nom de Struthof, et qui fut aussi un terrible camp d’extermination :
J’y arrivai le 19 mai 1944 avec un groupe de sept intellectuels. A notre entrée, nous fûmes tout de suite impressionnés par nos frères de misère, leurs démarches d’automates, la fixité de leurs regards, leurs aspect squelettique indescriptible et inégalé ailleurs. J’ai connu beaucoup de camps (Buchenwald, Naztweiller, Wesseling, Dachau, Auschwitz), nulle part je n’ai ressenti de pitié plus douloureuse qu’au Struthof. Ce qui nous intrigua dès l’abord, ce furent d’immenses lettres : N.N. barbouillées en rouge sur les vêtements. N.N. veut dire Nacht und Nebel (nuit et brouillard). C’étaient des hommes complètement retranchés du monde civilisé. Ils ne recevaient ni courrier, ni colis, ni nouvelles extérieures. C’était l’abrutissement complet, le travail forcené, la furieuse brutalité des Kapos et des chefs de blocks . Les détenus ne bénéficiaient pas des cinq heures effectives de sommeil. La vermine se chargeait de les troubler. Le repos dominical de l’après-midi était supprimé. Mais, en revanche, la schlague toute la journée, les chiens constamment sur les talons, la hantise de la moindre défaillance, la pitance diminuée, l’absence total au début de soins médicaux, les redoutables expériences dites scientifiques des greffes humaines et des chambres à gaz.
Les détenus étaient occupés en montagne à des travaux de terrassement, sous la menace constante des matraques des kapos. Ces kapos, détenus comme nous, avaient réussi à obtenir du S.S. responsable un emploi privilégié. Ces kapos, pour la plupart étrangers et prisonniers de droit commun, s’acharnaient sans réserve sur leurs compagnons d’infortune. La loi du camp voulait que sa population n’excédât pas un chiffre donné. Le kapo se chargeait de l’exécution d’un certain nombre de détenus en servant servilement les ordres reçus. Il repérait les plus affaiblis et s’acharnait sur eux, à l’aide de gourdins, avec une provocante cruauté. Il arrivait cependant que le résultat cherché n’était pas atteint au moment de la rentrée du camp. Le kapo poussait alors irrésistiblement dans la pente le détenu condamné. Dès que ce pauvre malheureux avait dépassé involontairement la borne fictive du carré du travail, il était abattu par les sentinelles de connivence avec le kapo. Sa fiche portait invariablement comme cause de décès : « Tentative d’évasion »… .
Naztweiller avait la spécialité de creuser des usines souterraines. Les détenus creusaient les tunnels. Je fus envoyé dans un de ces commandos à Wesseling. Le travail durait douze heures consécutives sans manger, le plus souvent accompli pieds nus et dans une humidité inimaginable. J’avais eu le privilège d’être classé sur mon aspect physique « travailleur de force. » Je devais, seul, alimenter en terre ceux qui chargeaient la benne. Comme la cadence réclamée de travail ne pouvait être maintenue, les encouragements arrivaient sous forme de coups de trique. Nous devenions rapidement des automates sans pensée, sans esprit, sans réaction. Au retour du camp, le temps passait en appels interminables et tracassiers. Ce petit camp était privé d’eau. Aussi la plus élémentaire hygiène en était bannie. Nous mangions à six dans une même gamelle sans l’aide de cuiller. Il arrivait fréquemment qu’il n’en restait plus pour le sixième. En plein été 1944, la vermine ne tarda pas à déclencher une épidémie très meurtrière de typhus exanthématique.
A la fin d’août et au début de septembre 1944, chaque nuit, de nombreuses Françaises ont été exécutées dans l’antichambre du crématoire de Natzweiller, exécutions scientifiques par injections intraveineuses de chloroforme… Les hommes, moins favorisés, étaient pendus.

1. Par quoi furent-ils impressionnés à leurs arrivées ?
2. Pour quelles raisons était-ce l’abrutissement complet ?
3. Que savez-vous des kapos ?
4. De quoi se chargeaient les kapos ?
5. Quel était le sort réservé à ceux qui dépassaient la borne fictive du travail ?
6. Quelles étaient les conditions de travail à Wesseling ?
7. Quelles étaient les conditions de vie à Wesseling ?
8. Que se passe-t-il dès la fin d’août 1944 ?


Document 5 : Chronique d’une mort annoncée.

Un des phénomènes de bouc émissaire les plus tragiques de l’histoire mondiale a conduit à l’Holocauste. Adolf Hitler a réussi à convaincre une grande partie de ses concitoyens du fait que les Juifs étaient responsables des graves problèmes économiques de l’Allemagne après la première guerre mondiale. Cette croyance érigée en système a conduit à l’extermination systématique de plus de six millions de Juifs à travers l’Europe. Plusieurs facteurs ont amené les Nazis à traiter les Juifs avec une telle haine.

1. Qu’est-ce qui a conduit à l’Holocauste ?
2. A quoi cette croyance érigée en système a-t-elle conduit ?

1933 : Hitler affirme que le Juif est actuellement le pire anéantissement et le pire agent destructeur de l’Allemagne.
7 avril 1933 : Les Juifs sont renvoyés des administrations civiles et sont refusés dans les cafés.
10 mai 1933 : Incendie des livres écrits par les Juifs et les adversaires du Nazisme.
Septembre 1933 : Enseignement obligatoire de la théorie raciale dans les écoles.
15 septembre 1935 : Les Lois de Nüremberg sont votées. Elles interdisent le mariage entre Juifs et Allemands ou de sang apparenté. La citoyenneté est refusée aux Juifs.
14 novembre 1935 : Le premier Décret de la loi de citoyenneté du Reich définit un Juif comme quelqu’un qui descend d’au moins trois grands-parents qui sont complètement Juifs, quelqu’un qui descend de deux grands-parents complètement Juifs et qui appartient à la communauté des religions juives, quelqu’un qui se marie à un Juif ou qui est la progéniture d’un mariage ou d’une liaison extra-conjugale qui inclut une personne juive.
5 octobre 1938 : Les passeports Juifs sont marqués de la lettre « J ».
10 novembre 1938 (jour d’anniversaire de Luther) : Pendant la nuit de Cristal, des émeutes antisémites en Allemagne et en Autriche détruisent les synagogues et pillent les magasins juifs.
1 janvier 1939 : Tous les Juifs reçoivent un prénom supplémentaire, Israël pour les garçons et Sarah pour les filles.
28 octobre 1941 : Le massacre de Kiev (Ukraine) fait 34.000 morts.
5-7 janvier 1943 : Les Nazis tuent 10.000 Juifs et déportent des milleirs d’autres au Ghetto Lvov (Ukraine).
20 janvier 1943 : Suppression de tous les Juifs du Gouvernement Général en Pologne.
25 février 1943 : Un ghetto est établi dans le port grec de Salonique pour tous les Juifs de la ville.
16 mai 1943 : Liquidation du Ghetto de Varsovie.
25 mai 1943 : Approximativement 3.000 Juifs sont arrêtés pendant les attaques à Amsterdam.
28 juin 1943 : Achèvement du dernier des cinq crématoriums à Birkenau, centre meurtrier qui a la capacité d’incinérer 4.750 cadavres par jour.


Pyramide de l’exclusion et de la haine.

GENOCIDE
L’extermination
délibérée et
systématique
de tout un peuple
La déportation

VIOLENCE
Individuelle – Collective
Expulsion – Meurtre
Incendie – Viol
Terrorisme – Agression
Attaques – Vandalisme
Menace – Profanation.

DISCRIMINATION
Harcèlement – Discrimination sur le
droit à l’emploi, sur le droit au logement,
sur le droit à l’éducation, sur le droit à la
Politique – Décrets – Lois raciales –
Exclusion sociale – Ségrégationnisme.

PREJUGES
Bouc émissaire – Insultes – Etiquettes –
Moqueries – Mise à l’écart – déshumanisation.

ACTES FONDES SUR DES PREJUGES
Stéréotypes – Plaisanteries – Rumeurs
Justification des préjugés en s’entourant de personnes qui
partagent la même opinion. Acceptation des informations
négatives et filtrage des informations positives
Remarques désobligeantes et langage hermétique


Document 6 : Le racisme selon la science et la loi.

Une race, se serait un groupe homogène d’individus, du point de vue des gènes (la seule chose que l’on transmette à ses enfants du point de vue biologique). Or, quand on essaie de découvrir ces fameuses races, on ne peut y arriver : c’est un constat que fait la science. Si on prend les 6 milliards d’hommes qui sont sur la terre, et qu’on essaie de les classer en races, on ne peut pas y parvenir.
Cela ne veut pas dire que nous sommes tous pareils. C’est bien clair qu’un Sénégalais ne ressemble pas à un Jurassien, ni un Breton à un Tahitien, etc. Nous sommes tous différents. Mais, les différences ne sont pas là où on le croit. Les différences ne sont pas entre les groupes, mais à l’intérieur des groupes. Je ne suis pas comme un Sénégalais, bien sûr ! Il n’y a qu’à me regarder : j’ai la peau blanche, il a la peau noire. Mais, je ne suis pas non plus comme un autre Jurassien. Car, cet autre Jurassien a la même couleur de peau, mais il n’a peut-être pas le même groupe sanguin, pas le même système immunologique, etc.
Définir des races, c’est donc purement arbitraire et scientifiquement impossible. Pour tous les généticiens, le concept de race n’existe pas. (…) L’évidence, c’est que ces gens qui ne sont pas comme nous, ne sont pas tellement plus différents que ceux que nous croyons appartenir à notre groupe. C’est vrai, la différence existe. C’est vrai, le racisme existe. Mais, justement, lutter contre le racisme, c’est reconnaître la différence, y voir réellement une richesse, ce qu’elle est.
Albert Jacquard

1. Que serait une race ?
2. A quoi ne peut-on pas parvenir ?
3. Où se trouvent les différences entre les groupes ?
4. Qu’est-ce qui n’existe pas pour tous les généticiens ?
5. Qu’apporte le fait de lutter contre le racisme ?

Extraits de la Convention.
Depuis toujours et partout dans le monde, des hommes et des femmes se sont élevés contre le racisme. En 1965, l’Assemblée Générale des Nations Unies (ONU) a adopté une « Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ». En voici quelques extraits.
« Considérant que la Charte des Nations unies est fondée sur les principes de la dignité et de l’égalité de tous les êtres humains
Considérant que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme proclame que tous les êtres humains naissent libres et égaux
Considérant que les Nations unies ont condamné le colonialisme et toutes les pratiques de ségrégation et de discrimination
Convaincus que l’existence de barrière raciales est incompatible avec les idéaux de toute société civilisée
Alarmés par les manifestations de discrimination raciale qui existent encore dans certaines régions du monde »

1. Qu’a adopté en 1965 l’ONU ?
2. Qu’ont condamné les Nations unies ?
3. Par quoi sont alarmés les Nations Unies ?


Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Texte solennel voté le 26 août 1789 par l’Assemblée nationale constituante et placé en tête de la constitution française de 1791. La déclaration, précédée d’un préambule, énumère en ses 17 articles, les droits de l’homme et ceux de la nation. Les principes qu’elle affirme, appelés parfois « principe de 1789 », sont : égalité politique et sociale de tous les citoyens ; respect de la propriété ; souveraineté de la nation, admissibilité de tous les citoyens à des emplois publics, obligation à chaque homme d’obéir à la loi, expression de la volonté générale ; respect des opinions et des croyances ; liberté de la parole et de la presse ; répartition équitable des impôts consentis librement par les représentants du pays.

1. Qu’énumère la déclaration ?

Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Texte proclamant les droits civils, politiques, économiques, culturels de « tous les membres de la famille humaine. » Adopté le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies, ce texte a été complété en 1966 par 2 pactes internationaux à caractère obligatoire sur la garantie des droits (l’un relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ; l’autre relatif aux droits civils et politiques).

1. En quoi consiste la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ?

Etre raciste, selon le droit, c’est avoir certains comportements à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes « en raison de sa race, de sa couleur, de son ascendance ou de son origine nationale, religieuse ou ethnique ». Cette formule est celle de la loi du 30 juillet 1981 qui punit non pas les opinions racistes ou le racisme en général mais certaines de ses manifestations ci-dessous décrites. En effet, au nom du la liberté d’opinion reconnue à tout citoyen, on admet que des personnes aient des idées racistes. En revanche, la loi ne permet pas que des idées racistes soient exprimées, encore moins qu’elles entraînent des comportements discriminatoires.
Extrait de « Regards Pluriels » édité par OXFAM et CNAPD.

1. Qu’est-ce qu’être raciste ?
2. Qu’admet-on au nom de la liberté d’opinion ?
3. Qu’est-ce que la loi ne permet pas ?

Puisque nous vivons dans une démocratie, chaque personne est libre de dire ou d’écrire ce qu’elle souhaite. Les journalistes sont directement concernés par cette liberté. C’est ce qu’on appelle la liberté de presse. Cependant, comme toutes les libertés, celle-ci a aussi des limites. Ainsi, il est interdit pour un journaliste d’injurier une personne dans un article ou un reportage. Il ne peut pas non plus accuser injustement quelqu’un ou encore dire ou écrire des choses graves qui pourraient le blesser. Il n’est pas question non plus pour lui de tenir des propos racistes ou xénophobes. Ces fautes sont des délits de presse.

1. De quoi est libre chaque personne ?
2. Qui sont directement concernés par cette liberté ?
3. Qu’est-ce qu’il est interdit de faire pour un journaliste ?
4. De quoi n’est-il pas question non plus ?

Document 7 : Jésus n’a pas dit.

Voici un texte-clé pour comprendre la miséricorde de Dieu et définir la démarche de la réconciliation. Il est de Mgr Decourtray, archevêque de Lyon.

Jésus n’a pas dit : « Cette femme est volage, légère et sotte, elle est marquée par l’atavisme moral et religieux de son milieu, ce n’est qu’une femme ! Il lui demande un verre d’eau et il engage la conversation. » (Jn IV, 1-42).
Jésus n’a pas dit : « Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans le vice. » Il dit : « Elle a plus de chances pour le Royaume de Dieu que ceux qui tiennent à leur richesse ou se drapent dans leur vertu ou leur savoir. » (Lc VII, 36-49)
Jésus n’a pas dit : « Celle-ci est adultère. » Il dit : « Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus. » (Jn VIII, 9-10)
Jésus n’a pas dit : « Cette vieille qui met son obole dans le tronc pour les bonnes œuvres du Temple est une superstitieuse. » Il dit qu’elle est extraordinaire et qu’on ferait bien d’imiter son désintéressement. (Mc XII, 41-44)
Jésus n’a pas dit : « Cet homme n’est qu’un fonctionnaire véreux qui s’enrichit en flattant le pouvoir et en dédaignant les pauvres. » Il s’invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut. (Lc XIX, 1-10).
Jésus n’a pas dit comme son entourage : « Cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celle de ses ancêtres. » Il dit que l’on se trompe complètement à son sujet, et il stupéfie tout le monde, ses apôtres, les scribes et les pharisiens en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu : « Il faut que l’action de Dieu se manifeste en lui. » (Jn IX, 1-5)
Jésus n’a pas dit : « Ce centurion n’est qu’un occupant. » Il dit : « Je n’ai jamais vu pareille foi en Israël. » (Mc VII, 1-10)
Jésus n’a pas dit : « Ce savant est un intellectuel. » Il lui ouvre les voies par une renaissance spirituelle. (Jn III, 1-21).
Jésus n’a pas dit : « Cet individu n’est qu’un hors-la-loi. » Il dit : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. » (Mc XXIII, 39-43)
Jésus n’a pas dit : « Ce Judas n’est qu’un traître. » Il l’embrasse et lui dit : « Mon ami. » (Mt XVI, 50).
Jésus n’a pas dit : « Ce fanfaron n’est qu’un renégat. » Il dit : « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn XXI, 15-17)
Jésus n’a pas dit : « Ces grands-prêtres ne sont que des juges injustes, ce roi n’est qu’un pantin, ce procurateur romain n’est qu’un pleutre, cette foule qui me conspue n’est qu’une plèbe, ces soldats qui me maltraitent ne sont que des fonctionnaires. » Il dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc XXIII, 24).
Jésus n’a jamais dit : « Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci et dans ce milieu-là. » De nos jours, il n’aurait jamais dit : « Ce n’est qu’un intégriste, qu’un moderniste, qu’un gauchiste, qu’un fasciste, qu’un athée, qu’un bigot. » Pour lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leurs actes, leur salut, leur réputation, sont toujours aimés de Dieu.
Jamais homme n’a autant respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le Fils unique de celui qui fait briller son soleil sur les bons et les méchants. (Mt V, 48)
En celui qu’il rencontre, il voit toujours un extraordinaire possible ! Un avenir tout neuf malgré le passé !

1. Qu’est-ce que Jésus n’a pas dit à propos d’une femme ?
2. Qu’est-ce que Jésus n’aurait jamais dit de nos jours ?
3. Qui sont les autres pour Jésus ?
4. Que voit-il en celui qu’il rencontre ?

Document 8 : Martin Luther King.

Je fais le rêve que les hommes, un jour, se lèveront et comprendront enfin qu’ils sont faits pour vivre ensemble comme des frères. Je fais encore le rêve, ce matin, qu’un jour chaque Noir de ce pays, chaque homme de couleur dans le monde entier, seront jugés sur leur valeur personnelle plutôt que sur la couleur de leur peau, et que tous les hommes respecteront la dignité de la personne humaine. Je fais encore le rêve qu’un jour les industries moribondes (…) reprendront vie, que les ventres vides (…) seront remplis, que la fraternité sera un peu plus que quelques mots à la fin d’une prière, qu’elle sera, bien au contraire, le premier sujet à traiter dans chaque ordre du jour législatif. Je fais encore le rêve qu’un jour la justice ruissellera comme l’eau, et la droiture comme un fleuve puissant. Je fais encore le rêve aujourd’hui que dans toutes les municipalités entreront des citoyens élus qui rendront la justice, aimeront la pitié et marcheront humblement dans les voies de leur Dieu. Je fais encore le rêve qu’un jour la guerre prendra fin, que les hommes transformeront leurs épées en socs de charrue et leurs lances en ébranchoirs, que les nations ne s’élèveront plus les unes contre les autres et qu’elles n’envisageront plus jamais la guerre. (…) Je fais encore le rêve que, grâce à cette foi, nous serons capables de repousser au loin les tentations du désespoir et de jeter une nouvelle lumière sur les ténèbres du pessimisme. Oui, grâce à cette foi, nous serons capables de hâter le jour où la paix régnera sur terre et la bonne volonté envers les hommes. Ce sera un jour merveilleux, les étoiles du matin chanteront ensemble et les fils de Dieu pousseront des cris de joie.

1. De quoi a-t-il fait le rêve ?
2. De quoi a-t-il fait le rêve à propos des industries moribondes ?
3. De quoi a-t-il fait le rêve à propos de la guerre ?
4. De quoi serons-nous capables grâce à cette foi ?

Document 9 : La montée de la droite extrême.

Dans les années 80, on s’interrogeait beaucoup sur les causes de l’apparition des partis d’extrême droite. Aujourd’hui, la question qui se pose est celle de son institutionnalisation dans la plupart des pays européens.
Les résultats de l’extrême droite française ne posent pas seulement aux démocrates une question stratégique (les erreurs de la gauche ou de la droite ?), un problème d’arithmétique (« Si Chevènement ne s’était pas présenté… » ou « Si les abstentionnistes s’étaient déplacés… »), un manque de talent en communication (la gouaille du baroudeur opposée au profil sérieux mais triste du professeur Jospin ?), une médiatisation excessive de la question de la sécurité, liée à l’immigration. Certes, chacun de ces éléments a pu jouer en partie dans le résultat du premier tour des élections françaises et faire la différence entre un Le Pen et un Jospin. Mais, franchement, si quelques dixièmes de pour cent de plus en faveur du Premier Ministre français auraient pu modifier le scénario et l’enjeu du second tour des élections, le résultat restait fondamentalement le même. Il n’aurait pas permis d’échapper à la réalité : la montée constante de l’extrême droite.
Au moins, dans la partie qui se joue aujourd’hui, les gains constants de l’extrême droite ne peuvent plus être tenus pour anecdotiques, l’immigration et la sécurité, l’une étant liée à l’autre, la remise en question du mouvement social (comme on peut le voir actuellement en Italie), et la remise en question de la légitimité de l’Europe étant trois des leviers de ce populisme européen d’extrême droite.
Aujourd’hui, il nous faut donc aller au-delà des problèmes spécifiques à la France, à l’Italie ou à l’Autriche. Il s’agit d’affronter des défis qui sont ceux de tous les pays de l’Union Européenne :
La désaffection générale de nombreux citoyens à l’égard de la politique et des institutions traditionnelles, qui n’est pas à prendre comme une diminution de l’engagement social et politique de nombreux citoyens mais comme le signe de l’incontestable essoufflement du système des partis, jusqu’ici considérés comme les piliers du système démocratique.
La recomposition des forces politiques est plus que jamais nécessaire. Quand la droite et la gauche se retrouvent ensemble pour gouverner, qu’elles convergent vers les mêmes priorités et se rapprochent idéologiquement, elles ont bien du mal à faire croire à leurs différences au moment du choix électoral. Elles favorisent ainsi le choix des électeurs vers des extrêmes plus clairs à leurs yeux.
La médiatisation et la politique spectacle focalisent le débat (?) politique sur l’un ou l’autre thème porteur (comme l’insécurité) au dépens de toutes les autres questions, pourtant essentielles, qui font un vrai programme politique : l’emploi, l’environnement, la justice, l’enseignement… C’est ce que Marc Lits, directeur de l’Observatoire du récit médiatique de l’UCL appelle une « fait diversification » de l’information au dépens de son explication.
La désaffection de nombreux travailleurs pour les partis qui les représentaient traditionnellement est un signal important qui témoigne de l’évolution des partis dits de gauche. Beaucoup de milieux populaires ne se sentent plus représentés par les élites de gauche de plus en plus proches par leur mode de vie et de pensée de la classe moyenne supérieure.
Certes, l’extrême droite recrute aussi, semble-t-il, parmi les petits patrons, ceux qui se sont faits par eux-mêmes. En votant à droite, ils s’opposent au patronat qui représente à leurs yeux le grand capital, l’Europe avec son cortège de règles contraignantes et la mondialisation de l’économie. Mais, par ailleurs, l’autre population de l’extrême droite se recrute parmi des personnes peu instruites, soucieuses de leur sécurité, peu informées et inquiètes de l’évolution des mœurs. Ceux-là ne semblent pas vouloir entendre que l’extrême droite est prête à défaire ce que les mouvements sociaux ont patiemment construits en plus d’un siècle : la sécurité sociale et l’aide sociale, comme si cet acquis ne pouvait plus être remis en question. Dans les textes de l’extrême droite, nombreuses aussi sont les références à l’importance de la religion, de la famille et de la morale la plus conforme aux valeurs dites traditionnelles qui assuraient, selon elle, une meilleure cohésion sociale. Le vote à l’extrême droite ne serait que la traduction de leur désarroi devant une société plus ouverte à toutes les influences. Mais, suffit-il pour résoudre une crise identitaire de crier « La France aux Français » ou « Vienne aux Viennois »

1. A quelle réalité n’aurait pas permis d’échapper le second tour des élections françaises ?
2. Quels sont trois des leviers du populisme européen d’extrême droite ?
3. Quel est le premier défi qu’il s’agit d’affronter ?
4. Qu’est-ce qui favorise le choix des électeurs vers des extrêmes plus clairs à leurs yeux ?
5. Quelles sont les conséquences de la médiatisation et de la politique spectacle ?
6. Que peut-on conclure de la désaffection de nombreux travailleurs pour les partis ?
7. Pour quelles raisons les petits patrons votent-ils à droite ?
8. Où se recrutent l’autre population de l’extrême droite ?
9. Pour quelles raisons ceux-là ont-ils tort ?
10. Que serait finalement le vote à l’extrême droite ?

Document 10 : L’extrême droite, une mauvaise réponse à de bonnes questions.
Néo-nazis en Allemagne, Vlaams Blok en Flandre, « Parti de la Liberté » en Autriche, Front national de Jean-Marie Le Pen en France… L’Europe est confrontée depuis quelques années à une dangereuse recrudescence des mouvements et partis d’extrême droite. Comment réagir face à un phénomène qui fleurit sur le terreau des frustrations sociales et identitaires bien réelles ?
Contrairement à ce que suggèrent l’expression « extrême droite » elle-même, il existe au sein de celle-ci une telle variété de courants divergents voire antagonistes qu’il serait plus pertinent de ne l’utiliser au pluriel. Les jeunes skinheads nostalgiques du nazisme y côtoient en effet des tribuns poujadistes et ultra-libéraux, tandis que les néo-paganistes de la « nouvelle droite » y font face à certains intégristes ultra-réactionnaires, et que des nationalistes exaltés de tous bords doivent y cohabiter avec les tenants d’une idéologie pan-européenne. Pour fédérer une telle accumulation de tendances souvent hostiles les unes envers les autres, la présence d’un « leader charismatique » fort – Jean-Marie Le Pen en constitue l’archétype – s’avère souvent indispensable.
Quel que soit le caractère souvent hétéroclite des formations relevant de cette mouvance, le discours habituel de celles-ci n’en présente pas moins de nombreuses caractéristiques communes : se posant en remparts de la communauté nationale, elles stigmatisent une présence étrangère qui en menacerait soit-disant l’unité, valorisant la sécurité comme fondement du consensus social, insistent sur le rôle fédérateur de l’autorité dans une société en proie à l’individualisme forcené, et préconisant le retour aux valeurs traditionnelles dans la sphère des mœurs.
Cette rhétorique simpliste a su séduire au fil des ans un électorat marginalisé sur le plan socio-économique ou désarçonné par l’évolution trop rapide de la société post-industrielle actuelle. Elle a tiré habillement profit des angoisses contemporaines nées de la désagrégation des groupes sociaux traditionnels – familles, classes sociales, communautés locales – et de la dissolution des repères religieux, éthiques et politiques d’antan. Elle a exploité avec succès le malaise que génère chez certains l’ouverture croissante d’un monde devenu multi-ethnique et multi-culturel. La thématique anti-immigré développée par Le Pen ou Haider fait aussi référence à un protectionnisme économique que rêvent de rétablir certains exclus de la croissance.

La question de sens.
Face à l’implantation locale de l’extrême droite dans certaines régions d’Europe occidentale (Sud-est de la France, Autriche, Flandre…), les partis démocratiques ont opté pour une stratégie d’isolement et d’exclusion de ses représentants du jeu politique. Cette tactique s’est révélée payante dès lors qu’elle entraînait à terme, comme dans le cas du Front national français, des dissensions internes provoquant l’implosion de la formation visée. Par contre, lorsqu’un tel confinement apparaissait comme le prolongement politique de la « diabolisation » exercée par les médias à l’encontre des partis d’extrême droite, il a au contraire permis à ceux-ci de se présenter comme des victimes et d’en récolter les fruits électoraux.
En définitive, la lutte contre la résurgence actuelle des partis néo-fascistes ne peut faire l’économie d’une éducation aux valeurs humanistes fondamentales, et doit surtout s’accompagner d’une réflexion critique sur le fonctionnement de nos institutions démocratiques. En effet, si le discours prôné par l’extrême droite développe un argumentaire simplificateur et dangereux, il ne s’enracine pas moins dans des problèmes bien réels. Parmi ceux-ci, on mentionnera la persistance de mécanismes d’exclusion socio-économique, l’incapacité chronique des autorités à juguler l’insécurité, et par-dessus tout la question du sens à apporter à notre existence collective soumise à l’alternative mondialisation-repli sur soi.
Si la démocratie parvient enfin à se poser à elle-même ces bonnes questions, les réponses fallacieuses fournies par l’extrême droite ne pourront que s’évanouir d’elles-mêmes.

1. Pour quelles raisons faudrait-il utiliser l’expression « extrême droite » au pluriel ?
2. Qu’est-ce qui s’avère souvent indispensable pour fédérer une telle accumulation de tendances ?
3. Pour quelles raisons le discours habituel de celles-ci n’en présente pas moins de nombreuses caractéristiques communes ?
4. De quoi a-t-elle tiré habillement profit ?
5. A quoi font aussi référence Le Pen et Haider ?
6. Quelle est la tactique adoptée par les partis démocratiques contre l’extrême droite ?
7. En définitive, de quoi la lutte contre l’extrême droite ne peut faire l’économie et de quoi doit-elle s’accompagner ?
8. Quels sont les problèmes bien réels que l’on peut mentionner ?

Document 11 : Racisme, le point de vue des religions.

Catholicisme.
Les chefs d’Etat, qui sont les répondants du bien commun de leur propre nation et en même temps les promoteurs du bien universel, sont très dépendants des opinions et des sentiments de la multitude. Il leur est inutile de chercher à faire la paix tant que les sentiments d’hostilité, de mépris et de défiance, tant que les haines raciales et les partis idéologiques divisent les hommes et les opposent. D’où l’urgence et l’extrême nécessité d’un renouveau dans la formation des mentalités et d’un changement de ton dans l’opinion publique. Que ceux qui se consacrent à une œuvre d’éducation, en particulier auprès des jeunes, ou qui forment l’opinion publique, considèrent comme leur plus grave devoir celui d’inculquer à tous les esprits de nouveaux sentiments générateurs de paix. Nous avons tous assurément à changer notre cœur et à ouvrir les yeux sur le monde, comme sur les tâches que nous pouvons entreprendre tous ensemble pour le progrès du genre humain.
Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, n°82, 3.

1. Qu’est-ce qui leur est inutile de faire ?
2. Que doivent considérer ceux qui se consacrent à une œuvre d’éducation ?

Protestantisme.
Les chrétiens n’opposeront pas de résistance suffisante au racisme en déplorant seulement ses outrances verbales ou tel acte de discrimination publique plus violente que d’autres comme si le racisme n’était qu’une affaire d’excès regrettables. Il nous faut savoir et dire le projet particulier de société que contient le racisme, les différences utilisées comme alibis de séparation entre personnes ou entre peuples ou cultures et comme justifications de rapports de domination et de soumission. Il nous faut savoir et dire que dans ses racines mêmes le racisme est une forme de négation des fondements bibliques du judaïsme et du christianisme. Son projet est une négation de l’œuvre de réconciliation de Dieu avec tous les hommes, accomplie en Jésus-Christ le serviteur crucifié.
L’affirmation de l’inégalité des races n’est pas une provocation verbale ordinaire, parmi d’autres. Elle remet en question la possibilité d’affirmer l’égalité des hommes en droit, dans notre société et dans le monde où l’écart croissant entre riches et pauvres est un défi aux droits proclamés. C’est une déclaration de division qui attise des peurs et des haines même si le discours qui l’accompagne cherche à se parer de religiosité, de respect du sacré, de valeurs chrétiennes et morales.
Nous avons à assumer une responsabilité de vigilance dans nos Eglises, institutions, œuvres et mouvements, à tous niveaux, en organisant :
– un travail d’analyse théologique des expressions de l’idéologie raciste,
– un travail d’approfondissement de notre foi.
Ce travail est indispensable pour actualiser un témoignage et un service qui doivent permettre de libérer le plus grand nombre possible de personnes des peurs de l’autre et de l’ordre pervers du racisme.
Prenons l’initiative d’organiser les occasions de ce travail dans et entre les Eglises et groupes de la Fédération protestante. C’est une contribution essentielle et spécifique d’orientation et de guérison que nous pouvons apporter au débat de société au moment où se développent, en divers milieux, des prises de conscience du danger d’un racisme banalisé, revendiqué, et au moment où diverses initiatives sont prises pour renforcer la répression des manifestations du racisme.
Le Conseil de la Fédération protestante de France, 21 octobre 1996.

1. Qu’est-ce qu’il savoir dire et faire ?
2. Qu’attise cette déclaration ?
3. Pour quelles raisons est-ce une contribution essentielle et spécifique ?

Orthodoxie.
Dans la mesure où être chrétien c’est fondamentalement croire en la divine Trinité, c’est-à-dire en un Dieu qui, de toute éternité, expérimente dans l’amour de l’autre l’existence personnelle, dans la mesure également où c’est définir l’homme comme une personne préconstruite pour pénétrer dans l’intimité de la vie incréée des trois Personnes divines, il est tout à fait évident que le racisme est intrinsèquement pervers. Car la race – à supposer que le mot corresponde bien à une réalité effective – relève de la nature. Réduire un homme à sa nature – à sa race, à son milieu social, etc., bref à tout ce qui est extérieur à sa liberté -, c’est le nier en tant que personne, c’est nier la part divine qui est en lui. On peut être inférieur ou supérieur à autrui du point de vue de la santé, de l’aptitude corporelle à courir ou à sauter en hauteur, etc. Certains êtres sont plus doués intellectuellement que d’autres. Mais tout homme, quel qu’il soit, trisomique ou prix Nobel, noir ou blanc, en tant qu’il est une personne conviée à la déification par le Saint-Esprit, est unique au monde, douée d’une dignité infinie. En tant que le racisme nie en l’homme cette transcendance radicale de la personne par rapport à sa nature, il est radicalement opposé au christianisme bien compris.

1. Que nie-t-on en réduisant l’homme à sa nature ?
2. Qu’est-ce que le racisme nie en l’homme ?