Le rite funéraire

posted in: Non classé | 0

Un rite est un ensemble de paroles, de gestes, d’actions, codifiés et répétés, ayant une valeur symbolique forte et une fonction agissante dans et par rapport à une croyance. En anthropologie, la notion de rite est liée à celle de transition ou de passage. Les événements correspondant aux principales étapes de la vie d’un individu sont marqués par des rituels de passage : naissance, puberté, mariage, fécondité, mort, rituels en rapport avec les cycles saisonniers. La fonction de ces rites est de préparer et d’accompagner les passages entre un état ancien (un avant), et un état nouveau (un après). Dans les sociétés modernes, ces processus de passage sont bouleversés par l’accélération des transformations.

Les anthropologues considèrent généralement que les rituels funéraires sont un des fondements du passage à la civilisation.

Ces rites semblent relever depuis toujours de la religion, mais la reconnaissance dans le monde contemporain d’une philosophie agnostique modifie la prise en compte des derniers instants de la vie et/ou permet l’émergence d’un nouveau type de rites et cérémonies.

La nature du rituel varie selon l’époque, le statut social du défunt, les croyances d’une société, les conditions du décès et parfois selon la volonté du défunt.

L’étude rétrospective des rituels funéraires par les indices laissés dans les tombes, croisées avec d’autres éléments archéologiques, permet de délimiter l’aire géographique et parfois l’histoire de sociétés disparues.

De même l’ethnologie attache une grande importance à l’étude des rites funéraires, qui éclaire la compréhension des rapports entre les individus et avec le monde tels qu’ils le conçoivent.

Dans toutes les sociétés, les défunts sont l’objet d’attentions particulières. Même si les pratiques sont différentes, y compris sous les mêmes latitudes, elles remplissent les mêmes fonctions. La pratique la plus répandue dans le monde est celle de la toilette funéraire. Cette pratique a une fonction de purification et de préparation à la séparation d’avec le monde des vivants. Les gestes qui accompagnent la mort ont non seulement une fonction hygiénique et morale, mais aussi une fonction psychique : celle de permettre de faire le deuil. Le fait que ces gestes soient aujourd’hui réalisés par des professionnels pose un double problème. Les gens sont protégés du contact avec la mort, mais du coup ils la maîtrisent d’autant plus mal psychologiquement. Le fait d’être dépossédé des rituels de deuil rend celui-ci d’autant plus difficile à faire pour les proches.

Il existe quatre modèles pour les rites de séparation.

Les funérailles et le deuil collectif sont aussi l’occasion de moments particuliers de sociabilité qui marquent l’histoire d’un groupe.

  • Un moment clé — pour un individu ordinaire — est l’embaumement (soins de thanatopraxie), la crémation (le terme d’incinération est plutôt réservé aux animaux) ou l’inhumation (enterrement) et plus rarement l’immersion en mer, l’anthropophagie (vraie ou symbolique, avec par exemple la consommation des cendres du cadavre brûlé) ou l’offrande du cadavre (généralement découpé, comme chez les peuples de l’Himalaya) aux vautours.
  • Les personnages célèbres ont parfois droit à des funérailles « exceptionnelles ». La nature de l’hommage ultime et collectif ainsi que la mise en scène de la cérémonie, et l’érection d’un monument laissé à la postérité, varient suivant les époques et les périodes. Il est arrivé qu’on sacrifie l’entourage du défunt à sa mort.

La crémation consiste en la réduction du corps en cendres. Le plus souvent, les cendres sont conservées. Mais, elles peuvent aussi être dispersées (Rome antique, Inde).

Le 1er four crématoire « moderne » fut construit à Padoue en Italie en 1869 par le docteur Brunetti. Le 1er établissement crématoire fut construit à Milan en 1875 par le Suisse Albert Keller (qui y fut d’ailleurs le premier incinéré le 22 janvier 1876. La crémation est réglementée par la loi instituant la liberté des funérailles. Admise par les protestants en 1898, l’Eglise catholique l’interdit en 1886 mais l’autorise depuis le 5 juillet 1963 à condition qu’elle n’ait pas été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne et qu’elle ne manifeste pas une mise en cause de la foi en la résurrection. Le service religieux est toutefois interdit devant une urne funéraire, celle-ci devant avoir lieu avant la crémation. Elle est refusée par les juifs et non pratiquée par les musulmans.

Une crémation dure environ 1 h 30 dans un four chauffé de 800°C à 1000°C. Les cendres, pulvérisées puis recueillies dans une urne, peuvent être : placées dans une case de columbarium, inhumées dans une sépulture traditionnelle ou jardin d’urnes, dispersées au « jardin du souvenir » ou en pleine nature à l’exclusion des voies publiques.

Le cercueil de crémation a une épaisseur autorisée de 18 mm en bois léger ou en matériau agréé par le ministère de la Santé si la durée de transport n’excède pas 2 ou 4 h du lieu de mise en bière au lieu de crémation (sinon épaisseur minimale de 22 mm) et selon qu’il y a eu ou non des soins somatiques.

L’inhumation ou la crémation est autorisée 24 heures au plus tôt après le décès. L’autorisation est délivrée par l’officier d’état civil sur présentation d’un certificat médical.

La violations de sépulture concerne quiconque se sera rendu coupable de violation de tombeau ou de sépulture sera puni d’un emprisonnement de 3 mois à un an et de 76 à 1220 euros d’amende, sans préjudice des peines contre les crimes ou les délits qui seraient joints à celui-ci.

L’accompagnement du défunt est l’occasion de la manifestation des sentiments des vivants. C’est aussi le rassemblement des vivants dans la période proche de la mort. Mais, parfois, ce rassemblement est très décalé dans le temps. La forme des manifestations est très variée. Elle apparaît comme secondaire par rapport à la codification sociale qu’elle implique : pleurs, manifestations d’indifférence ou parfois joie, changement d’apparence physique et vestimentaire (rôle des couleurs et de leur symbolique).

Certains individus ont un rôle social particulier par rapport à la mort : pleureurs, fabricants d’objets funéraires (catafalques, cercueils, urnes, …), embaumeurs, musiciens, comédiens, incinérateurs, croque-morts. Dans les sociétés modernes, ces rôles sont assumés par des professionnels de la mort. Toutes ces fonctions sont assurées par les entreprises de pompes funèbres. Les représentants des cultes et des croyances religieuses servent d’intermédiaires. Ce sont les « passeurs » entre le monde des vivants et celui des morts.

Le rituel funéraire : un rite de passage

Dans le monde entier, les rituels funéraires sont variés mais correspondent tous, selon l’ethnologue Arnold van Gennep, à un rite de passage en trois étapes (certaines plus ou moins atténuées selon les époques et les civilisations) : étape de séparation concrétisée par le décès, le rite de la vérification du décès et de l’annonce du décès (« clochetteur » en campagne ou campaniercrieur des morts en ville au Moyen Âge) ; liminarité avec l’exposition du défunt, la veillée funèbre, le convoi funéraire, la messes des morts, l’inhumation ou crémation ; étape d’agrégation (repas de funérailles, commémorations) qui survient après une période de deuil plus ou moins longue selon les époques et les appartenances religieuses.

Les rites funéraires sont un élément culturel primordial, l’un des plus étudiés dans les civilisations. Cela fait même souvent partie des seuls indices qu’on peut encore trouver et comprendre quand on étudie de très anciennes civilisations.

A l’heure actuelle dans le monde et contrairement à ce que l’idée de globalisation pourrait suggérer, les coutumes varient selon les pays. Bien entendu, certains éléments se retrouvent dans le monde moderne, comme l’assurance décès ou les manières d’enterrer les morts. Certains éléments varient néanmoins, que ce soit la manière d’appréhender la mort d’un proche, l’enterrement ou même l’idée de mort en général.

Le processus de deuil

Ce processus est en fait un moment particulier, un entre-deux, l’intermédiaire entre l’imaginaire et le réel, l’ancienne et la nouvelle vie.

Durant cette période, qui peut être longue et douloureuse, on n’adopte pas toujours un comportement habituel. On peut se montrer très différent de ce qu’on est en temps normal et faire preuve de démesure.

Rappel : différentes étapes du deuil.

Prenons l’exemple d’une rupture de couple. Après le choc, les réactions de l’homme peuvent être les suivantes :

  • le déni (« non, c’est impossible »)
  • violence (« oh, la sal …. »)
  • dépression, repli sur soi, solitude
  • marchandage (« ok, je m’en vais, mais rends-moi mes CD »)

Ces étapes peuvent être vécues de dizaines de manières différentes.

  1. LE DENI = c’est se dire « non, c’est impossible » mais on peut aussi
    • Être sujet à des évanouissements (fuite)
    • Se sur-occuper pour ne pas y penser
    • Tomber éperdûment amoureux pour s’occuper l’esprit avec une personne et le plus penser au deuil
  2. LA VIOLENCE = proférer des insultes, mais on peut aussi
    • faire preuve d’agressivité à l’encontre des gens
    • tourner l’agressivité contre soi-même lorsqu’elle ne s’extériorise pas. Elle prend alors la forme de la culpabilité, ou des mutilations, voire même de certaines maladies.
  3. DEPRESSION = repli sur soi, mais sont aussi possibles
    • l’alcoolisme (tendance à se désocialiser)
    • la toxicomanie (pour fuir la réalité)
    • la tentation du suicide
  4. MARCHANDAGE = volonté de conclure un pacte, un « contrat », mais aussi
    • adopter des attitudes à risque, se poser des conditions à nous-mêmes

Rites funéraires religieux

Hindouisme

L’antyeshti (IASTantyeṣṭi) est la cérémonie funéraire dans l’hindouisme, un des rites principaux de cette foi, rites regroupés sous le nom de samskaras.

Selon la tradition, après la toilette du mort, on lui met un vêtement neuf et une guirlande de fleurs, puis son corps est brûlé sur un bûcher allumé par le fils aîné. Cependant suivant les régions, les rites peuvent varier.

Il y a quinze étapes à suivre pour cet adieu comme une procession sur un char et une invocation du dieu Agni lors de la crémation en elle-même. Les cendres peuvent être alors dispersées dans un fleuve. Certains croyants tels les grands yogis sont simplement mis dans le lit d’une rivière. Le plus important est la transition entre les deux vies. Pour l’hindou, l’essentiel est l’illumination, le moksha; cet échange d’enveloppe corporelle que représente la mort est donc primordial afin d’atteindre l’éveil au plus vite en ayant une meilleure réincarnation. La tristesse pour un enterrement est comme la joie d’une naissance: ces sentiments ne doivent pas atteindre le cœur du vrai croyant. Des offrandes comme des fleurs peuvent être faites aux dieux, dans un temple, pour l’occasion

Bouddhisme

Pour les bouddhistes, la mort fait partie du cycle de la vie. Les proches qui restent aux côtés du défunt lors de ses derniers instants n’expriment aucune douleur afin qu’il puisse se séparer de ce monde avec sérénité. Dans la tradition tibétaine, le corps du défunt ne peut pas être touché durant trois jours et demi, afin que le processus ne soit pas affecté lorsque la conscience quitte le corps. Durant 49 jours après le décès, soit le temps pour que le défunt puisse renaître sous une nouvelle forme, les bouddhistes font des rituels tous les sept jours, dont des prières et des offrandes. Les bouddhistes vont plutôt dans les stupas, qui sont les lieux de prière et de commémoration. Ils disposent également près de l’autel qui est concédé à Bouddha, un autel des ancêtres. Certains gardent même un peu de cendres du défunt. Ils les mélangent à de l’argile qui sert à fabriquer des figurines, qui par la suite sont bénies et consacrées au nom de la personne décédée. De cette façon, elle pourra avoir une bonne renaissance. Pour protéger les enfants ou aider les enfants morts, les bouddhistes invoquent le Bodhisattva japonais Jizô. Il est prié surtout lors de la fête des Morts. Les mères placent des bavoirs rouges et des bonnets sur ces statues, ce qui signifie qu’elles ont perdu un enfant.

Judaïsme

Chez les israélites, il n’y a pas de cérémonie religieuse à la synagogue.

L’agonie

Dès les signes de l’agonie, il est recommandé de ne plus quitter l’agonisant (gossess). S’il est interdit aux Juifs de hâter la mort, sauf, parfois, par la prière, il leur est prescrit de le réconforter par tous les moyens possibles, et de ne pas prolonger l’agonie.

On encourage les agonisants conscients à confesser leurs péchés, exprimer leurs dernières volontés (orales), et les dernières recommandations à la famille (les « bénédictions » dans la Bible hébraïque).

Il existe des bénédictions consacrées à l’approche du décès et lors de celui-ci. Sitôt le décès établi, il faut prévenir la Hevra Kaddisha et demander le transfert de la personne décédée à domicile pour la veiller en récitant des Psaumes. Cette tâche est généralement confiée à un membre de la Hevra Kaddisha plutôt qu’un proche de la personne disparue. Deux heures après le décès, on le dépose au sol, recouvert d’un drap, les pieds en direction de la porte, une bougie près de la tête ou des pieds.

La purification

La purification (tahara) est une toilette funéraire réalisée avec grande pudeur et respect de la personne décédée par la Hevra Kaddisha.

Des prières et sections de la Bible (Cantique des Cantiques, Psaumes…) peuvent être lues. Après la toilette, la personne décédée est revêtue de takhrikhim, draps blancs évoquant les habits du Grand Prêtre, équivalents au linceul, et délicatement déposée sur un lit de paille au fond du cercueil (qui, en hébreu, se dit Aron, comme l’Aron Hakodesh, dans laquelle sont placés les rouleaux de la Torah). En Diaspora, il est de coutume d’y mettre une poignée de sable provenant de la terre d’Israël, car c’est là que, selon la tradition, le Messie ressuscitera les morts. Une fois le corps purifié et vêtu, le cercueil est scellé, après que les proches ont demandé pardon à leur disparu, sans le toucher, afin de ne pas le profaner. En Israël, une coutume répandue est de n’utiliser aucun cercueil, mais de recouvrir le corps de takhrikhim plus épais, recouverts par un tallit (pour les hommes).

La veillée du corps

Après la « tahara », lorsque l’enterrement ne peut avoir lieu le jour du décès (comme cela se pratique en Israël), on effectue une « shemira » (« veillée ») du corps.

Un shomer peut être un membre de la Hevra Kaddisha, mais de façon plus générale, toute personne, de préférence pas un proche du malade (qui est endeuillé), qui veille à ce que le corps de la personne disparue ne soit pas désécré, et récite des Tehillim (Psaumes) pour l’élévation de son âme jusqu’à l’enterrement.

La levée du corps

La cérémonie est présidée par un rabbin, qui lit des Psaumes, en présence de la famille et des amis venus rendre hommage à la personne disparue. On attend que le cercueil ait quitté le domicile ou la morgue avant de l’accompagner, à pied ou en voiture si le chemin est long jusqu’au cimetière. Au cimetière, on escorte le cercueil jusqu’à la dernière demeure, en marquant des arrêts, au cours desquels certains sonnent du Shofar, car selon la tradition, le Messie en sonnera lors de la résurrection des morts. On ne salue et ne répond à personne jusqu’à la mise en terre. Si on a un parent enterré dans le cimetière, on s’abstient de le visiter pendant l’enterrement (avant ou après, c’est autorisé).

La Levaya (inhumation)

Levaya ne signifie pas exactement Inhumation mais Accompagnement (du mort). Elle se fait sans fleurs ni couronnes et sans musique. Dans la tradition ashkénaze, on récite une bénédiction en entrant au cimetière (si l’on ne s’y est pas rendu depuis un mois). On se rend ensuite dans une salle où le rabbin prononce le hesped (éloge funèbre). Le mort est déplacé les pieds vers l’avant. On récite le Psaume 91 lors du convoi du cimetière, la hachkava et le El Male Rahamim. Le rabbin jette trois pelletées de terre, imité par les proches puis les assistants. Une fois la fosse comblée, on récite le Kaddish lehidhadeta, puis le Tzidouk Haddine. On console ensuite les endeuillés par la formule « Hamaqom yéna’hem etkhèm bètokh shear avelé Tzion viYroushalaïm » (« Que le Lieu vous console parmi les endeuillés de Sion et de Jérusalem »). En quittant le cimetière, certains arrachent une poignée d’herbe (symbolisant la résurrection). On se lave les mains sans les essuyer. Dans la tradition sépharade, on ajoute au Psaume 91 la prière de Rabbi Nehounia bar Haqana et, lorsqu’il s’agit d’une femme, le Eshet ‘Hayil (Femme vaillante). C’est à ce moment qu’on pratique la qeri’ah (déchirure). La prière de consolation est un peu plus longue.

Christianisme

Catholicisme

Selon le rite ordinaire ou rite paulinien

Dès l’agonie, le prêtre se rend auprès du malade pour l’administration de l’extrême-onction, qui fait partie des sept sacrements de la vie du chrétien. À l’origine, l’extrême-onction était administrée par un prêtre à des malades pour qu’ils guérissent. Après le XIIe siècle, les rituels comportaient des prières, une onction et l’imposition des mains. L’extrême-onction n’est pas réservée aux mourants, contrairement à l’idée communément admise.

Depuis le concile Vatican II, on appelle l’extrême-onction sacrement des malades et il peut être administré aux croyants qui en font la demande lorsqu’ils sont atteints d’une maladie grave, pour s’attirer la bienveillance divine et la guérison de leur mal.

La famille, les proches et les amis du défunt se réunissent à l’église pour la célébration d’une eucharistie (messe). Les chants et les prières sont choisis par la famille, qui est souvent appelée à participer à la cérémonie par la lecture de textes appropriés.

Selon le rite extraordinaire ou traditionnel

Selon la forme tridentine du rite romain (issu du concile de Trente au XVI siècle), on prévoit aussi la célébration d’une « messe (votive) pour implorer la grâce d’une bonne mort » — le prêtre accorde la bénédiction papale (avec indulgence plénière à l’heure de la mort). L’on récite le confiteor, les prières des agonisants. Quand le malade a rendu l’âme, l’on chante ou l’on récite le « Subvenite ». Lors de la veillée funèbre (chez le défunt ou à la chambre mortuaire), l’on récite le chapelet et l’on chante le Salve Regina ou tout chant approprié. À la levée du corps, le prêtre l’asperge d’eau bénite et récite ou chante le psaume 129, De profundis. En se rendant à l’église, le psaume Miserere. À l’église, l’on chante (sauf durant le Triduum pascal ou l’office est simplement récité) le requiem puis a lieu l’absoute. Ensuite, la dépouille est conduite en procession au cimetière au chant du In paradisum.

Le rituel prévoit aussi :

  • une absoute aux funérailles en l’absence du corps et aux services du 3e, du 7e et du 30e jour et de l’anniversaire ;
  • aux funérailles solennelles, il y a cinq absoutes.

Le pape Benoît XVI a autorisé l’utilisation des livres liturgiques de 1962 par son motu proprio Summorum Pontificum.

Ultérieurement peuvent être dites des obits.

Protestantisme

Les protestants ne prient pas pour les morts ; de ce fait les funérailles protestantes sont généralement très simples. Traditionnellement, le pasteur accompagne la famille au moment de l’inhumation au cimetière et un service a lieu au temple, souvent en l’absence du corps. On y remercie le seigneur pour les bienfaits accordés au défunt durant sa vie, et la lecture biblique et la prédication mettent l’accent sur l’espérance en la vie éternelle.

Les protestants n’ont pas de rituel précis. Certains préfèrent l’inhumation dans l’intimité, suivie d’un culte de reconnaissance au temple quelques jours plus tard, en particulier quand l’inhumation se fait loin de la paroisse d’origine ou l’été. Généralement, ils choisissent le culte de reconnaissance, le cercueil étant dans le temple. Une liturgie appropriée existe dans chaque cas.

Islam

L’agonie

Le mourant est veillé par un imam et les proches qui déclament la shahada, c’est-à-dire la profession de foi du musulman, si le mourant n’arrive pas à le prononcer dû à la dureté de l’agonie. Le levé de l’index, symbolisant l’unicité de Dieu est un des signes de fin heureuse pour le mort selon l’Islam.

L’inhumation
Elle doit se faire avec diligence, en principe avant le coucher du soleil. L’islam autorise l’inhumation en pays non musulman, dans un « carré musulman », traditionnellement en la seule présence des hommes et cela pour éviter aux femmes d’assister à une scène qui peut les émouvoir. La toilette du défunt se fait avec grande pudeur.

Comment se passent les rites funéraires dans d’autres cultures du monde ?

Les rites funéraires sont un élément culturel primordial, l’un des plus étudiés dans les civilisations. Cela fait même souvent partie des seuls indices qu’on peut encore trouver et comprendre quand on étudie de très anciennes civilisations.

A l’heure actuelle dans le monde et contrairement à ce que l’idée de globalisation pourrait suggérer, les coutumes varient selon les pays. Bien entendu, certains éléments se retrouvent dans le monde moderne, comme l’assurance décès ou les manières d’enterrer les morts. Certains éléments varient néanmoins, que ce soit la manière d’appréhender la mort d’un proche, l’enterrement ou même l’idée de mort en général. Voici quelques exemples particulièrement intéressants.

Rites funéraires par continents

En Afrique

Au pays Dogon

Le rite funéraire chez les Dogons se déroule en trois temps :

  • Lors du décès, un enterrement est organisé. Le corps du défunt est lavé avant d’être déposé à l’air libre dans les failles des falaises qui servent de cimetière. Son âme reste dans le village.
  • Quelques mois plus tard, sont organisées des funérailles qui permettent à la famille et aux proches de rendre un hommage au défunt. Son âme quitte alors la maison familiale mais continue d’errer dans les alentours.
  • Le troisième temps est le dama. Cette cérémonie est collective et concerne toutes les personnes décédées au cours des années précédentes (le dama est organisé tous les 3 à 5 ans). Les âmes sont appelées à rejoindre les ancêtres. Au cours de la cérémonie qui dure trois jours, les différents masques sont sortis et défilent et dansent dans le village. Cette cérémonie marque la fin du deuil.
Chez les Luo

Le rite le plus important chez les Luo est celui lié au décès d’un adulte. Cette cérémonie est appelée tero buru (littéralement « emmener les cendres » en langue luo) du fait que les femmes s’enduisent le corps des cendres d’un feu de camp. Elle signifie l’action d’« accompagner le passage à la mort ».
Ce rite peut paraitre violent par le fait que, lors de l’enterrement d’un homme adulte, les hommes traversent le village juchés sur des taureaux, en habit traditionnel guerrier, simulant l’empalement d’un hypothétique ennemi et que les taureaux sont introduits dans la maison du défunt. Les danses exécutées, par les femmes (que le défunt soit un homme ou une femme), sont censées emporter les mauvais esprits de cette maison et se termineront également à l’intérieur.

Bien que ces pratiques n’aient plus cours aujourd’hui, le rite funéraire donne toujours lieu à des rassemblements excédant, souvent, plusieurs centaines de personnes et durent trois jours et trois nuits. Les femmes présentes au rite se réunissent, chaque nuit et tout au long de celle-ci, pour une veillée funèbre.

Traditionnellement, le défunt reste, toujours à l’heure actuelle, enterré, non pas au cimetière mais, dans sa ber gi dala (en luo, littéralement « c’est bon pour le domicile familial »), c’est-à-dire la propriété familiale. Le jour de l’enterrement, c’est le prêtre qui se déplace pour accomplir le rite funéraire chrétien.

Les veuves et les filles n’héritent jamais. Dans le meilleur des cas pour elles, et avec l’agrément de la famille du défunt, la nue-propriété des biens est transmise aux fils et l’usufruit à la veuve qui a le statut de première épouse (mikayi).

En Europe

Divers rites funéraires anciens sont connus propres aux époques préhistoriques, antiques et gauloises. Au Moyen Âge, l’homme semble relativement consentir à la mort mais aux environs du xive siècle, l’individualisation progressive de la vie humaine lui fait craindre sa propre mort, le Purgatoire devenant l’élément central de la « religion de la peur » de cette époque. Les rituels funéraires se développent alors comme préparation à la mort (avec le défunt qui est vite soustrait aux regards ; visage caché sous le linceul et corps rapidement placé dans le cercueil).

Après la Révolution, les enterrements publics de personnalités (deuils de souverains, deuils protestataires, etc.) donnent lieu à des formes de politisation par les cérémonies (préparatifs, éloge funèbre, cortège funéraire, mobilisation des foules et des émotions).

Le XIXe et XXe siècle verront également la montée en puissance de l’industrie des pompes funèbres et des pierres tombales, ainsi que d’une aseptisation croissante des rituels funéraires modernes.

C’est la famille qui doit entretenir ou faire entretenir la concession.

Un « terrain commun » (ancien « carré des indigents ») accueille les fosses d’inhumation gratuite et pour au moins 5 ans des personnes ayant droit à une sépulture dans la commune (sans-abris, personnes seules décédées à l’hôpital)49. Selon la jurisprudence, réunir ou réduire des corps pour regrouper les restes d’un (réduction) ou des défunts (réunion) dans une concession, dans des reliquaires afin de libérer de la place pour de nouvelles inhumations est assimilé — d’un point de vue procédural — à une exhumation, ce qui implique une surveillance assurée par la commune lors de l’opération, et un accord préalable du plus proche parent des défunts (et non d’un seul cohéritier).

Il existe encore de nombreux cimetières privés (d’abbayes ou de communautés israélites, par exemple). Ils sont légalement reconnus60 mais ne peuvent s’agrandir.

La thanatopraxie ou « soins de conservation » s’est beaucoup développé en France, mais pose des problèmes pour les défunts atteints de certaines pathologies infectieuses49 ou certains traitements (radiothérapie, traitements chimiques lourds)

En Asie

Inde

Les rituels funéraires hindous appelés Antyesti peuvent être très différents selon les régions, la caste ou le statut social de la personne décédée. Cependant, la crémation ou incinération est largement répandue.

L’incinération doit libérer le défunt du cycle des réincarnations et lui permettre de rejoindre le Brahman (principe absolu universel). Quand un corps brûle, les cinq éléments dont il est composé retournent à leur place. Les lieux d’incinération sont souvent choisis à proximité des cours d’eau (par exemple Manikarnika ghat à Varanasi). Le corps du défunt est emmailloté dans un linceul blanc s’il s’agit d’un homme, rouge s’il s’agit d’une femme, jaune doré s’il s’agit d’une personne âgée. Il est ensuite orienté la tête vers le sud qui est la direction des morts. Selon que la personne décédée était adoratrice de Shiva ou Vishnou, on applique sur son front de la cendre sacrée ou de la pâte de Santal.

La tradition veut que le fils aîné allume lui-même le bûcher dans lequel est placé le corps du défunt en tournant trois fois autour. S’il est trop jeune, un autre membre de la famille le fera. Si ce n’est pas possible, quelqu’un d’extérieur sera payé pour le faire. Les sâdhu, les nouveau-nés, les yogis considérés comme purs ne sont pas nécessairement incinérés. Ils peuvent être enterrés ou parfois directement immergés dans un fleuve. La crémation est accompagnée dans les jours suivants des rites complexes du Preta Karma qui se terminent une dizaine de jours plus tard par le Shrâddha: un culte rendu aux ancêtres.

Japon

Au Japon, les obsèques coûtent très cher, et c’est normal. Les familles japonaises dépensent en moyenne plus d’argent que toutes les autres au monde. Les obsèques coûtent environ 4 millions de yens (à peu près 30.000 euros). Cela s’explique notamment par une densité de population forte, induisant un manque de place dans les cimetières. On n’enterre pas les corps directement pour ne pas qu’ils pourrissent.

Les funérailles se font en plusieurs fois. Juste après la mort, on procède à la veillée funèbre. Les proches appliquent ce qu’on appelle « l’eau du dernier moment », c’est-à-dire un liquide pour humidifier les lèvres du mort afin qu’il se réincarne. On place aussi de gauche à droite des fleurs, de l’encens et une bougie. On console le mort pour lui dire de partir et on place entre ses mains un chapelet bouddhiste, le juzu, composé de 108 perles, pour 108 karmas. L’âme du mort renonce aux désirs terrestres pour embrasser la vertu.

Des rites inspirés par les tendances religieuses

Le fils aîné prévient les autorités du décès et organise les obsèques. On lave le corps du défunt, on l’habille, on utilise même parfois la thanatopraxie pour modifier l’allure du corps.

On va ensuite procéder à une crémation, à la suite de laquelle les os et cendres sont récupérés et placés dans une urne, dans l’ordre des pieds à la tête. On garde cette urne sur un autel consacré dans la maison familiale pendant 49 jours. Enfin on enterre l’urne dans un caveau familial, le haka, au pied d’un monument en pierre.

Tibet

Au Tibet, les rites funéraires varient selon le climat, ou l’argent.

Au Tibet on enterre rarement les morts, en partie à cause du climat, le sol étant gelé. La plupart du temps on réserve l’enterrement aux criminels et aux personnes décédées de maladies. Certains considèrent aussi que l’enterrement gêne la réincarnation.

Le statut du défunt a ensuite beaucoup d’importance. On utilise l’embaumement pour les plus hauts dignitaires religieux et la crémation pour les personnalités, dont les lamas.

Dans tous les autres cas de figure, on offre le corps à la nature, le don étant un principe du bouddhisme. Certains, pauvres ou errants, déposent leurs morts sur des rochers élevés. Deux types de funérailles ont lieu pour les autres. Certains pratiquent les funérailles de l’eau, qui concernent souvent les gens pauvres. Les funérailles célestes sont les plus courantes, se pratiquant de préférence sur des rochers sacrés. Le corps est disséqué, les os broyés et le tout est laissé aux animaux sauvages.

Les Tibétains ont longuement pratiqué la sépulture céleste ou exposition aux oiseaux. Globalement, ils donnaient les restes démembrés comme festin aux oiseaux de proie. Pour eux, il s’agissait d’un ultime témoignage de non-attachement à l’ancien corps. Désormais, ils favorisent plutôt l’incinération ou l’inhumation selon la culture et la branche pratiquées. Le choix de la date à laquelle sera disposé le corps reçoit un soin particulier. Car l’âme doit être entourée des meilleures influences possibles pour l’aider à renaître. Ils se réunissent donc durant plusieurs jours.

Au Tibet, les rites funéraires pratiqués par les Tibétains varient selon les contraintes imposées par la nature du lieu et son climat, mais également selon la qualité du défunt. Le corps du défunt est mis en relation avec l’un des quatre éléments : les funérailles célestes pour l’air, les funérailles de l’eau pour l’eau, la crémation pour le feu et l’enterrement pour la terre.

La pratique des enterrements est peu fréquente. La nature du sol, souvent très dur, et souvent gelé, en est la raison principale, mais la conviction que cette pratique entrave la réincarnationdes défunts est parfois invoquée. Selon une source en effet, elle serait réservée aux criminels, et aux personnes décédées de maladies contagieuses, pour lesquelles les autres rites funéraires ne sont pas envisageables.

De même, dans les régions de haute altitude où le bois est rare, la crémation n’est employée que pour les lamas et les personnalités, à l’exception toutefois des plus hauts dignitaires religieux dont le corps est conservé par embaumement.

Les rites funéraires les plus courants mettent en pratique le principe bouddhique du don, qui conduit les Tibétains à offrir leur corps aux poissons ou aux vautours. On distingue ainsi deux types de funérailles :

  • les funérailles de l’eau, pratiquées uniquement dans certains cas particuliers, certaines sources mentionnant les mendiants, veufs, veuves et autres Tibétains les plus pauvres ;
  • les funérailles célestes ou sépultures de l’air, pour la majorité de la population.

Ce dernier rite se pratique encore dans quelques centaines de sites sacrés au Tibet. Les officiants en sont les ragyapa, caste tibétaine spécialisée dans ces fonctions. Ces derniers, après avoir placé le corps du défunt sur un rocher sacré, le dissèquent, puis en broient les os, qu’ils mélangent parfois avec de la tsampa, laissant les vautours, souvent rejoints par des chiens sauvages, se charger de l’élimination des restes funéraires.

Les populations nomades, ou celles qui ne pouvaient pas s’offrir ce rituel funéraire coûteux, avaient coutume de déposer simplement les morts sur des rochers élevés, en les laissant à la disposition des prédateurs sauvages, comme les chiens ou les oiseaux.

Pays Toraja (Indonésie)

Chez les Toraja, les rites funéraires sont très importants. L’enterrement officiel peut avoir lieu longtemps après la mort. Tant que la cérémonie funéraire n’a pas eu lieu, la personne est considérée comme « malade », to masaki’ en langue toraja.

La caractéristique unique est l’enterrement dans des tombes creusées dans des falaises, avec des balcons où sont posées des poupées à l’effigie des défunts. Chaque caveau, fermé par un système de verrouillage secret, abrite les membres d’une même famille. Les corps sont enveloppés dans des linceuls ornés d’or, et le pillage des sépultures est considéré comme le crime le plus grave. Les tau-tau (mot dérivé de tau ou to, « personne », la réduplication indiquant un affaiblissement du sens), effigies de bois, sont placées dans des niches à côté des tombeaux. Sculptées à l’image des défunts, elles honorent leur souvenir. Ainsi les vivants peuvent contempler les morts et inversement. Les tau-tau en bois de jacquier sont sculptés par des spécialistes qui ont, aussi, une fonction religieuse : ils intercèdent auprès des dieux. La position des mains est rituelle, une main, paume tendue vers le ciel, reçoit les bienfaits que l’autre rend. Seuls les nobles, to parange’ (c’est-à-dire les garants de la tradition) ont droit à leur effigie. Le coq symbolise le courage, le sens de la justice. Les combats de coqs organisés lors des funérailles sont des témoignages de la grandeur d’âme du défunt.

Alignés devant le tongkonan, la maison familiale, ces édifices en bambou, décorés avec des feuilles de cordyline, une plante sacrée aux couleurs chatoyantes, servent à transporter les porcs dont le sacrifice apportera fertilité et fécondité lors de la grande fête Ma’bua. Qu’il serve aux sacrifices, à la nourriture ou qu’il nettoie les allées en mangeant les ordures, le porc joue un rôle essentiel. Les festivités s’étendent sur deux ans. Elles sont offertes par de riches familles qui, parfois, s’associent. Les fêtes réunissent souvent jusqu’à plusieurs milliers de personnes. Les rituels mortuaires donnent lieu à de nombreux sacrifices de buffles. Le premier buffle immolé l’est toujours à l’ouest de la maison. La gorge tranchée par un violent coup de parang (sorte de machette), celui-ci va tomber et agoniser en quelques secondes. Des enfants se précipitent pour recueillir son sang dans des tubes de bambou. Les Toraja croient que les buffles accompagnent le défunt au pays des morts. Pour l’aider à tenir son rang dans l’au-delà, on en immole le plus grand nombre. C’est là un signe de prestige. L’enterrement a parfois lieu des années après la mort. La mise au tombeau constitue un moment important du rituel. Le cortège funèbre s’arrête sur le chemin de la sépulture, les femmes et les enfants retournent au village car ils ne sont pas admis à escorter le mort jusqu’à son tombeau, aménagé dans une grotte. Enveloppée dans un linceul rouge et or, la dépouille est hissée le long d’un échafaudage, tandis que l’on ouvre la porte du caveau de la famille.

Les rites funéraires sont essentiels pour se concilier les faveurs des défunts notamment pour obtenir d’eux une influence bénéfique sur l’agriculture.

Chez les Toraja, quand le tambour résonne, « un feu s’éteint » : quelqu’un se meurt. Comment les vivants l’aideront-ils à réussir sa mort et sa survie dans l’au-delà ? Deviendra-t-il lui-même un dieu ou un ancêtre bienfaisant ? À la lumière des rites funéraires, mythes et croyances, le culte des morts en pays toraja est très complexe mais très fascinant.

En Amérique

Aux États-Unis, on expose le défunt de la manière la plus « vivante » possible.

Il faut citer le cas particulier des funérailles en Louisiane, spécialement à la Nouvelle-Orléans. Dans cette cérémonie, le cortège qui suit le cercueil est parfois accompagné de musiciens de jazz, d’où le nom de Jazz funeral.

Au Mexique, la mort est primordiale.

Dans l’exemple du Mexique ce n’est pas particulièrement l’épisode de la mort ou même l’enterrement qui suscite l’attention, mais plutôt le fait que tout le pays vit avec la mort, et que cela n’a rien de particulièrement glauque. La mort peut être considérée comme un symbole à part entière du pays, surnommée « le totem national du Mexique », ce qu’explicite Claudio Lomnitz dans Idea de la muerte en México.

L’écrivain Octavio Paz écrivait même dans Le labyrinthe de la solitude que « Le Mexicain fréquente [la mort], la raille, la brave, dort avec, la fête, c’est l’un de ses amusements favoris et son amour le plus fidèle. Certes, dans cette attitude, il y a peut-être autant de crainte que dans l’attitude des autres hommes ; mais au moins le Mexicain ne se cache pas d’elle, ni ne la cache ; il la contemple face à face avec impatience, dédain ou ironie ». La mort est pensée comme une étape, et ce dès la période préclassique, des centaines d’années avant l’an 0. C’est un passage avant la renaissance.

Le Jour des morts est une fête importante, et joyeuse.

L’exemple typique est l’équivalent de la Toussaint, épisode pas vraiment joyeux en France. Au Mexique, il s’agit d’une fête populaire sur deux-trois jours, le Día de Muertos ou Todos Santos. Il s’agit du Jour des morts et cela dépasse largement la journée. L’événement s’étale entre le 31 octobre et le 2 novembre. Les Mexicains vont nettoyer et fleurir les cimetières, attendre les défunts avec un festin préparé pour l’occasion et même fabriquer des objets à disposer sur des autels consacrés aux personnes disparues.

Comme vous pouvez le deviner à travers l’idée de festin, le Jour des morts est loin d’être une fête triste. On sort les couleurs vives, on se retrouve en famille, on offre des bonbons et de l’alcool, on mange près des tombes, on chante et on danse. Les coutumes vont ensuite varier en fonction de l’origine des Mexicains et de la zone géographique.

L’époque contemporaine

Les rituels funéraires connaissent aujourd’hui de profondes mutations. Il est essentiel de souligner qu’ils s’inscrivent dans un contexte très différent caractérisé par l’augmentation de l’espérance de vie, le déclin de la mortalité infantile, tout comme le fait de mourir généralement seul et à l’hôpital, à quoi s’ajoute le déclin de la religion.

Dans les années 1970-1980, de nombreux sociologues ont dénoncé la « panne symbolique » dont souffriraient les sociétés contemporaines. Dans les sociétés occidentales, la mort serait « une fenêtre qui ne donne sur rien ». Plus loin, « la grammaire funéraire s’est perdue, la langue mortuaire nous est devenue étrangère . Patrick Baudry établit la même analyse à l’encontre des cérémonies laïques : « des professionnels peuvent vouloir produire des rites, mais à la façon de procédés, comme si la ritualité qui relève de la culture et qui manœuvre ses principes fondateurs, pouvait n’être qu’une mise en scène utile et profitable »Louis-Vincent Thomas tient à peu près le même discours sur ces cérémonies : « il le faut bien avouer que, dans les cas de funérailles laïques, la crémation offre peu de prise à l’imaginaire occidental – peut-être parce qu’on n’a pas encore inventé une ritualité qui compenserait l’aridité des opérations techniques ».

Cependant, se dessinent de nouvelles évolutions depuis la fin des années 1990. De nouvelles cérémonies apparaissent, tant dans la sphère religieuse que dans la sphère « laïque » du crématorium. Au début des années 1970, la crémation se résumait à un geste technique, sans recueillement. La famille patientait durant la crémation, puis récupérait les cendres. En 1986 (pour le crématorium du Père Lachaise) s’esquissa une première forme de cérémonie composée d’un temps de recueillement et de prises de paroles. Enfin, le temps de recueillement organisé en plusieurs phases (entrée, musique, recueillement, geste d’hommage, départ du cercueil) a été mis en place en 1998, avec une véritable redéfinition du rôle des maîtres de cérémonie.

Il s’agit de cérémonies plus que de rituels à proprement parler car ils canalisent la disparition d’un proche sans pour autant être porteur d’un message sur la destinée humaine. Comme le remarque Jean-Hugues Déchaux, le rite n’est pas l’unique solution pour faire face à la mort. Admettant volontiers la déritualisation des obsèques, il considère que l’on peut socialiser et acculturer la mort par d’autres processus. La subjectivation et la personnalisation des obsèques contemporaines, ainsi que l’ensemble des nouveaux acteurs, des nouveaux professionnels (thanatopracteurs, maître de cérémonie) qui l’accompagne permettent de neutraliser la mort. En effet, selon Jean-Hugues Déchaux, aucune culture ne peut apprivoiser la mort, au mieux elle la neutralise. Cette neutralisation s’opère par l’apparition de nouveaux modes de cérémonie qui ne sont pas pour autant des rituels, des cadres normatifs. L’évolution des funérailles contemporaines est issue pour une part du processus de privatisation, le groupe familial et amical devenant ainsi le nouveau groupe référent pendant la cérémonie ; et d’autre part, du processus de sécularisation marquant le déclin de certaines croyances.<:p>

En 2016, à la question « Trouvez vous que le fait de ne pas pouvoir vous recueillir sur un lieu physique où repose le défunt (tombecolumbarium pour les cendres) vous manque ? », 72 % des français interrogés affirmaient que cela ne leur manquait pas du tout.

Les cérémonies laïques

La principale cérémonie laïque est la crémation, mais un nouveau procédé, la promession, se développe en Suède et est en cours de législation dans ce pays ainsi que dans d’autres tels que l’Allemagne, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, et l’Afrique du Sud.