Astrologie n’est pas science, Hubert Reeves.

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J’ai lu beaucoup de littérature astrologique et je connais plusieurs astrologues, que j’ai longuement questionnés. Par curiosité, j’ai fait faire mon thème astral. En certains passages, je me suis reconnu, en d’autres, pas du tout. Je suis toujours impressionné par le nombre de gens intelligents, cultivés, qui sont tout à fait à l’aise avec le discours astrologique… . Après ces précautions, laissez-moi vous dire pourquoi, moi, je m’y sens mal.

Je lui reproche, d’abord, d’avoir réponse à tout. Même si l’étoile des mages mentionnée dans les écritures a permis de mieux dater la naissance du Christ, pour moi, les astrologues sont des virtuoses capable de retomber sur leurs pieds en toutes circonstances… . Mais à force de tout expliquer, on n’explique plus rien du tout. La démarche scientifique, au contraire, consiste à admettre ses limites, à tâtonner, à se tromper, à se corriger, à ajuster continuellement le tir.

Il y a un autre problème. Je ne suis pas convaincu qu’il y ait un rapport réel entre l’astrologie et les astres. Par exemple, étant né le 13 juillet, les astrologues me disent que je suis Cancer, ce qui devrait impliquer que le Soleil, à ma naissance, se trouvait dans la constellation du Cancer. Or, c’était vrai il y a deux mille ans, mais ça ne l’est plus aujourd’hui. A ma naissance, le Soleil était dans les Gémeaux à cause de la précession des équinoxes (le basculement de l’axe de la Terre), et ça me gêne beaucoup que l’on m’ait donné des « explications » pour justifier que je suis bien Cancer.

Autre exemple : si l’influence de la Lune et du Soleil se vérifie grâce à l’effet de marée auquel nous sommes soumis, il est fort à craindre qu’une planète comme Uranus ou Neptune ait un quelconque effet de marée sur nous.

Encore un autre exemple : les fameuses conjonctions. Pour l’homme antique, le ciel est une voûte en deux dimensions comme au planétarium. Les planètes s’y rencontrent vraiment. Mais, dans l’immensité de l’espace réel soumis à plus de quatre dimensions, les rencontres et les alignements ne sont que des effets de perspective, sans intérêt astronomique.

Enfin, l’astrologie me paraît tenir un discours rigide, incapable d’intégrer les découvertes récentes de l’astronomie moderne. Elle laisse froidement de côté des objets comme les galaxies, les pulsars, les trous noirs… .

Ma démarche personnelle, c’est de dire aux gens qu’il y a un autre discours, plus satisfaisant et plus acceptable pour un esprit critique, sur les rapports entre l’homme et l’univers. Dans mes livres, j’ai tenté de montrer comment, en intégrant les acquis des sciences modernes, on arrive à situer l’être humain dans le grand mouvement de l’évolution cosmique, qui nous relie aux étoiles ainsi qu’à la purée primordiale d’il y a quinze milliards d’années. Cette nouvelle vision du monde me paraît de nature à assouvir, au moins partiellement, cette grande « soif d’âme » que nous sentons si vive chez nos contemporains.

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