Faut-il miser sa vie sur l’astrologie ?

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L’horoscope est à l’ordre du jour, radios et depuis quelques années les ordinateurs ont pris le relais de la boule de cristal et du marc de café. Dans ce monde vide et solitaire, les oracles modernes, largement diffusés par les mass médias, jouent auprès du public le rôle d’un ami rassurant et plein de bons conseils. C’est d’ailleurs à ce titre que c’est la rubrique la plus consultée des médias, la seule au fond qui parle de tout le monde.

Réaliste, toujours optimiste, l’horoscope doit aussi favoriser le rêve. La mort, le malheur en sont chassés. Quelques efforts, associés à la bonne volonté du ciel, apportent de fructueuses récompenses. Rien n’y est définitif. Les contrariétés de l’existence évoluent toujours vers le bonheur, comme dans un film qui se termine bien. L’astrologie de masse, c’est l’euphorie, le bien-être, la satisfaction à bon marché.

La réalité, n’est hélas ! pas toujours rose. L’horoscope présente donc à ses fidèles un modèle d’homme et de vie revu et corrigé. On ne s’adresse pas à Monsieur tout le monde, mais à ce qu’il rêve d’être.

Les prédictions roses satisfont le besoin toujours présent du rêve, de l’évasion et du sens de la vie. Qu’il est doux de construire son propre roman.

Les astres suggèrent aussi les moyens d’éviter les coups du sort. Ils adaptent leur public au monde. La réussite mérite bien quelques concessions : « Tout va s’arranger mais soyez raisonnable, évitez les excès ! ».

L’astrologie, autrefois purement utilitaire, cultive la soif de bonheur de l’homme et sa quête de sens. Mais, elle envisage ce bonheur dans une suite de petits contentements immédiats. Elle ne se prononce pas pour un bonheur futur.

On constate également que les jeunes sont les plus assidus à la lecture de l’horoscope. Mais, n’est-ce pas aussi le public le plus facile à atteindre… ?

L’humanité craint les lendemains : c’est la clé du succès de la littérature.

Interrogé sur ce sujet, un spécialiste répond : « L’être est ainsi fait qu’il se sent perpétuellement menacé par un destin dont il n’est pas le maître. Il cherche donc toujours – parfois sans se l’avouer – à se protéger contre les coups du sort, soit en tirant la leçon de ses observations personnelles, soit en respectant des prescriptions magiques venues du fond des âges. »

Nous avons tous besoin d’aide et de certitude. Qui d’entre nous, en allant à un rendez-vous important, ne s’est pas surpris à éviter de marcher sur les grilles d’égout ou sur les intervalles entre les dalles du trottoir, comme si cela devait nous assister dans notre entreprise ? Qui n’a jamais dit : « Si je ne rate pas mon train, je réussirai mon examen. S’il n’y a pas plus de cent pas d’ici le coin de la rue, c’est bon signe ? Qui n’a jamais consulté son horoscope ?… »

En fait, vers la fin de l’Antiquité, à Rome, deux courants de pensée s’opposèrent : les uns croyaient que les prédictions indiquaient un destin inévitable ; les autres, plus optimistes, estimaient qu’il s’agissait seulement d’un avertissement, et qu’à force de volonté on pouvait modifier le sort et éviter les malheurs. Cette antithèse, qu’illustre aussi le débat chrétien sur la prédestination et le libre arbitre, est le problème fondamental qui se pose aux astrologues. Les premiers chrétiens prouvèrent que la réponse la plus satisfaisant était en fait d’adapter les théories des philosophes grecs, lesquels considéraient que chaque chose dans l’univers faisait partie d’un vaste ensemble et qu’il existait un accord et une harmonie parfaits entre toutes les parties du corps cosmique. En clair et sans décodeur, les mouvements des astres indiquent des tendances pour l’avenir et non des prédictions, et c’est pourquoi nous ne sommes en aucune façon contraints d’agir de façon déterminée.

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