Attention à l’enfer ?

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Autrefois, même ceux qui ne pensaient pas à Dieu tous les jours avaient, quand même, une certaine idée de 1’enfer. Que penser de l’enfer aujourd’hui ?
Nous avons tous l’idée que nos actes, soit d’amour soit de haine, auront des conséquences et qu’il y a « quelque part une rétribution ». Cette intuition d’une rétribution après la mort, d’une compensation pour les malheureux et les pauvres, d’un châtiment pour les riches égoïstes et les auteurs de cruauté, ce n’est pas seulement une réminiscence chrétienne, c’est une exigence profonde de l’être.

Que disait Jésus ?

Jésus met en garde à plusieurs reprises contre « la géhenne », « le feu qui ne s’éteint pas », réservé à ceux qui refusent jusqu’à la fin de leur vie, de croire et de se convertir à l’amour. Dans ce feu, l’âme et non pas seulement le corps seront perdus.

Au moment du Jugement dernier, Jésus dit qu’il « enverra ses anges qui ramasseront tous les fauteurs d’iniquités (…) et les jetteront dans la fournaise ardente ». (Matthieu, ch 13, v 41). « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel ! » (Matthieu, ch 25, v 41).

Alors, qu’est-ce que l’enfer ?

« La damnation, dit le pape Jean-Paul II, ne doit pas être attribuée à l’initiative de Dieu car, dans son amour miséricordieux, il ne peut vouloir que le salut des êtres qu’il a créés. En réalité, c’est la créature qui se ferme à son amour. » (Audience du 28 juillet 1999).

Mourir, sans reconnaître son péché et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de lui, pour toujours, par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot enfer. (cf. catéchisme de l’Église catholique, n° 222, IV).

Le pardon et le salut

L’enfer éternel dont parle l’Église à la suite de Jésus est donc une réalité très grave. Personne ne peut dire, sans risque de contredire Jésus lui-même, qu’il n’existe pas. Mais il faut comprendre dans le même temps que Dieu est venu  » pour nous sauver  » en pardonnant nos péchés et en faisant de chacun de nous, par ce pardon, une création nouvelle : « Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour appeler les pécheurs au repentir. » Jésus est le bon berger qui va chercher la brebis perdue et la porte sur ses épaules. En mourant sur la Croix, Jésus dit au bon larron :

« En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis. » (saint Luc, chap 23, v 42).

Le sort des méchants

Lorsque le Christ reviendra, Il apportera avec Lui à la fois les récompenses et les punitions. Il récompensera Ses fidèles serviteurs. Comme la Bible le décrit : « Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde » (Matthieu 25 :34).

Cependant, il y a aussi une punition pour ceux qui auront endurci leur caractère en étant des rebelles pécheurs et méchants, tournés contre la voie de Dieu, la loi de Dieu et l’amour de Dieu. Après que les récompenses auront été remises aux serviteurs fidèles, la Bible dit : « Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (Matthieu 25 :41).

Qu’arrivera-t-il à ces individus maudits ? Continueront-ils à vivre éternellement ? Ou seront-ils entièrement consumés ? Voici ce que déclare la Bible au sujet de ce qui arrivera aux pécheurs incorrigibles – à ceux qui ont endurci leur esprit pour refuser de se repentir et d’obéir à Dieu : « Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume ; le jour qui vient les embrasera, dit l’Éternel des armées, il ne leur laissera ni racine ni rameau » (Malachie 4 :1).

Les méchants seront totalement détruits. Ils recevront en amende la mort éternelle. Malachie poursuit le récit : « Et vous foulerez les méchants, car ils seront comme de la cendre sous la plante de vos pieds, au jour que je prépare, dit l’Éternel des armées » (Malachie 4 :3).

Ceux qui ont fixé leur propre sort, ceux qui ont décidé de ne jamais se repentir de leur attitude et de leur nature méchante, seront totalement consumés et seront réduits en cendre ! Ils ne seront pas tourmentés à jamais, mais seront totalement annihilés !

Beaucoup de gens se demandent pourquoi Dieu, s’Il est juste, condamne-t-Il des gens à souffrir éternellement, bien qu’ils n’aient jamais eu l’occasion d’entendre, de croire ou d’appliquer vraiment l’Évangile ? La réponse est simple : Il ne le fait pas ! Dieu est juste et fidèle.

Ce sont Satan et ses démons qui seront tourmentés à jamais. Satan voudrait nous faire croire que son sort, en tant qu’être spirituel, sera celui des êtres humains ! Satan « a séduit toute la terre » (Apocalypse 12 :9). Contrairement à la propagande de Satan, Dieu ne permettra pas que les humains souffrent à jamais !

Il faut aussi remarquer la déclaration de Jésus : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu 10 :28).

Dieu est donc capable de faire périr à la fois le corps et l’âme. Cela veut dire que la vie, psyché en grec, peut totalement être détruite.

Le châtiment éternel, pour les âmes pécheresses, est une croyance religieuse fort répandue. Beaucoup de religions croient qu’un feu infernal, inextinguible tourmentera sans arrêt les méchants. Mais nous avons vu aussi que Dieu est capable de détruire les âmes humaines. Il sortira définitivement les pécheurs incorrigibles de leur misère.

Le don de la vie éternelle

Jean 3 :16 est l’un des nombreux versets bibliques démontrant la nature aimante de Dieu envers chaque être humain. Ceux qui pensent que Dieu ne peut pas, ou ne veut pas, détruire totalement les méchants incorrigibles devraient examiner de près ce verset : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3 :16).

Toutefois, il vous est nécessaire de savoir ce qu’il faut faire, au lieu de réagir émotionnellement. La Bible nous dit : « Mais examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon » (1 Thessaloniciens 5 :21).

Jean 3 :16 « Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. »

Romains 6 :23 « Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur ». L’amende du péché serait donc la mort, ou plus exactement l’absence de vie éternelle.

Dante et le feu de l’enfer

D’où vient, au juste, le concept des âmes qui brûlaient dans le feu ? Certaines notions proviennent de concepts préchrétiens, mais l’idée générale de l’enfer fut popularisée par le célèbre poème de La Divine Comédie de Dante Allighieri, mort en 1321. Le poème comprend trois parties: l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Dans l’Enfer, le poète latin Virgile sert de guide à Dante qui voyage en enfer. En entrant en enfer, ils sont saisis par ce présage de malheur : « Vous qui entrez laissez toute espérance. » (L’Enfer, Chant III, p.41, traduit par Jacqueline Risset, éditions Flammarion, Paris, 1992). Virgile converse avec Dante au sujet de ce tour en enfer : « … je pense et je dispose que tu me suives, et je serai ton guide, et je te tirerai d’ici vers un lieu éternel, où tu entendras les cris désespérés ; tu verras les antiques esprits dolents qui chacun crient à la seconde mort » (L’Enfer, Chant I, p.31).

Dante poursuit son périple à travers les divers compartiments de l’enfer et écrit : « Ainsi, non par le feu, mais par un art divin, bouillait là-dessous une poix épaisse qui engluait la rive de tous côtés. Je la voyais, mais ne voyais en elle rien d’autre que les bulles bouillant à grand bouillon ; elle se gonflait toute, puis retombait à plat … » Ensuite, Dante voit une personne qui est envoyée en enfer : « Et je vis derrière nous un diable noir […] Il portait un pécheur tenu par ses deux hanches […] Il le jeta au fond, et puis s’en retourna […] Les démons qui étaient sous le pont crièrent : “Si tu ne veux pas tâter de nos griffes, ne te montre plus au-dessus de la poix”. Puis ils le mordirent avec cent harpons » (L’Enfer, Chant XXI, p.189-191).

Dante écrivit La Divine Comédie comme une allégorie pour enseigner certains principes et leçons. La politique et l’histoire de l’Italie contemporaine à Dante s’y reflètent aussi. Son poème n’est pas la pensée littérale des enseignements bibliques, mais beaucoup de gens en vinrent à accepter, erronément, les images que Dante avait décrites dans son poème comme des vérités littérales!

Dans Romains 6 :23 « Le salaire du péché, c’est la mort » – ce n’est pas la vie ! Il est intéressant que le poème de Dante dise que l’agonie éternelle des supposés pécheurs fût une seconde mort. C’est tout à fait erroné. La Bible se réfère à la seconde mort, comme la destruction totale de la vie dans l’étang de feu. La seconde mort n’est pas la vie en un endroit que l’on nomme l’enfer. La mort, c’est la mort, ce n’est pas une sorte de vie qui continue. La mort, c’est l’absence de vie !

Que peut-on entendre par « enfer » ?

Ce qui est incroyable, dans la plupart des discussions ayant pour thème l’enfer, c’est l’hypothèse selon laquelle l’enfer serait synonyme de feu éternel ! C’est une définition erronée. En fait, il existe quatre mots dans la Bible qui sont traduits par « enfer ».

L’Ancien Testament a été écrit dans presque sa totalité en hébreu. Dans la traduction française de Louis Segond, le mot hébreu fréquemment traduit par « enfer » est sheol – qui signifie tout simplement la fosse ou la tombe. Il ne désigne pas un endroit où un feu brûlerait toujours ! Le mot sheol figure 65 fois dans l’Ancien Testament, et il est diversement traduit dans la version Louis Segond par « tombe », « enfer » ou « fosse ». Sheol ne signifie rien de plus qu’une « tombe » ou une « fosse ».

Ainsi, si quelqu’un vous demandait si vous croyez à l’enfer, votre réponse devrait être : « De quel enfer parlez-vous ? » Le mot français « enfer », qui se trouve dans certaines versions françaises, ne signifie pas systématiquement un endroit rempli de flammes ou de châtiment éternel !

Dans le Nouveau Testament, il y a trois mots grecs traduits par « enfer », chacun ayant un sens différent. Il s’agit des mots hades, gehenna et tartarus.
Hades, en grec, signifie « tombe » ou « fosse », comme le mot hébreu sheol. Cela ne se rapporte PAS à un endroit en feu.

Le mot gehenna est dérivé de l’expression hébraïque ge hinnom qui signifie la « vallée de Hinnom », une vallée située au sud de Jérusalem. Anciennement, la vallée de Hinnom servait de décharge à ordures pour Jérusalem. Les détritus étaient brûlés par des feux activés de soufre ou dévorés par les vers et les asticots. Il arrivait occasionnellement que le corps d’un criminel exécuté soit jeté dans le feu. C’est ainsi que la géhenne, en français, devint le symbole d’un lieu de jugement associé au feu. Le mot grec gehenna est utilisé par l’évangéliste Matthieu qui rapporte ces paroles de Jésus : « Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère est passible de jugement ; que celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne » (Matthieu 5 :22). Ce « feu de l’enfer » n’est peut-être, en fin de compte, que le feu de la géhenne.

Jésus disait donc que ceux qui ont une attitude meurtrière, sans s’en repentir, seraient passibles de la géhenne.

Le quatrième mot traduit par « enfer », dans la Bible, vient du mot grec tartarus. Cela désigne une « rétention » ou une « contention », et ne concerne aucunement les êtres humains ; mais concerne les anges déchus. 2 Pierre 2 :4 « Car, si Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais s’il les a précipités dans les abîmes de ténèbres et les réserve pour le jugement. »

Voici une explication du Expository Dictionary of Biblical Words by W.E. Vine : « Le verbe tartaroo, traduit par “jetés en enfer” dans 2 Pierre 2 :4, signifie consignés au Tartare, qui n’est ni sheol, ni hades, ni enfer, mais un endroit où les anges dont le péché particulier est mentionné dans ce passage sont confinés en “réserve pour le jugement” ».

Qu’est-ce donc que l’enfer ? Du point de vue biblique, c’est l’un des trois endroits ou conditions différentes :

  • Sheol (en hébreu) ou hades (en grec) signifie « fosse » ou « tombe ».
  • Gehenna désigne « la vallée de Hinnom ». Symboliquement, cela se réfère à la condamnation au feu.
  • Tartarus qui veut dire l’endroit de rétention des anges déchus.

Se servir du mot « enfer » pour les trois définitions citées ci-dessus ne clarifie donc pas fidèlement la vérité biblique ! En l’occurrence, on devrait toujours demander : « De quel enfer particulier s’agit-il ? »

Le Nouveau Testament évoque souvent l’enfer dont Jésus lui-même parle une cinquantaine de fois dans l’Évangile : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas » (Luc 13, 23-24). À sa suite, l’enseignement de l’Église affirme clairement et sans ambiguïté l’existence de l’enfer et son éternité.

L’enfer dans le Nouveau Testament.

Si nous lisons les évangiles sans préjugé, nous verrons que Jésus parle une cinquantaine de fois de l’existence d’un « lieu » de supplice, que nous appelons enfer (du latin inferus, « région inférieure », « lieu de morts »). Les fauteurs d’iniquité seront jetés « dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 13, 42 et 50). « Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la Vie que de t’en aller avec tes deux mains dans la géhenne, dans le feu qu’on n’éteint pas » (Marc 9, 43 ; cf. ibid. 45, 47). Parlant du jugement dernier, Jésus « dira à ceux qui sont à sa gauche : « Allez-vous en loin de moi, maudits, au feu éternel, préparé pour le diable et pour ses anges » » (Matthieu 25, 41).

La conclusion de la parabole des talents et l’annonce du jugement dernier montrent bien que le sort final des hommes n’est pas identique pour tous.

Ceux qui ont fait fructifier les talents reçus s’entendent dire : « Très bien, bon et fidèle serviteur ! Tu as été fidèle pour de petites choses ; je te mettrai à la tête d’une quantité. Entre à la fête [ou dans la joie] de ton maître » (Matthieu 25, 21 et 23). Mais le serviteur « bon à rien » qui a enfoui son talent en terre sera « jeté dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 25, 30). Ténèbres qui sont l’antithèse de Jésus, présenté comme « la Lumière vraie, qui éclaire tout homme » (Jean 1, 9). Et de même pour l’enseignement sur le Jugement dernier (Matthieu 25, 31-46) qui se termine par ce verset : « Alors ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle ».

Jésus le répète souvent : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas » (Luc 13, 23-24).

Quand quelqu’un demanda un jour à Jésus : « Seigneur, est-ce que ceux qui seront sauvés sont peu nombreux ? », il leur dit : « Luttez pour entrer par la porte étroite, car [il en est] beaucoup, je vous le dis, qui chercheront à entrer et qui ne le pourront pas » (Luc 13, 23-24). Saint Paul, entre autres, reprendra cet enseignement, par exemple quand il écrit : « Sachez bien ceci : nul fornicateur, nul impudique, nul avare – c’est un idolâtre – n’aura part à l’héritage du royaume du Christ et de Dieu » (Éphésiens 5, 5). Ou encore : « Ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les diffamateurs, ni les rapaces n’hériteront du royaume de Dieu » (1 Corinthiens 6, 10). Notons une seule référence de Pierre : « Beaucoup les suivront [les faux docteurs] dans leurs dérèglements, faisant ainsi calomnier la voie de la vérité. Et par cupidité, ils vous exploiteront avec des paroles artificieuses. Pour eux, la condamnation est acquise de longue date, et leur ruine n’est pas en sommeil. […] Les ténèbres les plus épaisses les attendent » (2 Pierre 2, 2-3.17).

L’enseignement de l’Église affirme clairement l’existence de l’enfer et son éternité.

Dès le Ve siècle, la double sentence qui intervient au terme du jugement particulier est clairement affirmée : « La vie éternelle comme récompense du bon mérite ou la peine du supplice éternel pour les péchés » (formule dite Fides Damasi) ; « ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; ceux qui auront commis le mal iront au feu éternel » (symbole dit de saint Athanase). « L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, le feu éternel » (Catéchisme de l’Église Catholique (CEC), n° 1035). Comme le résume le Cardinal Ratzinger : « Inutile de discuter : la notion de damnation éternelle a bel et bien sa place dans l’enseignement de Jésus, comme dans les écrits des apôtres. Le dogme affirmant l’existence de l’enfer et l’éternité de la damnation repose donc sur des bases solides. »

Il y a cependant une grande différence entre l’enfer et « les enfers » où Jésus « descend » après le Vendredi Saint. La descente de Jésus aux enfers est une façon de proclamer la victoire de la vie sur la mort et la délivrance de tous les justes morts avant lui que Jésus entraine par sa résurrection dans le Royaume de Dieu.

Il y a cependant une grande différence entre l’enfer et « les enfers » où Jésus « descend » après le Vendredi Saint.

Les enfers désignaient le séjour des morts, les inferi de la mythologie romaine, l’hadès des Grecs. « Dans l’Ancien Testament, la condition des morts n’était pas encore pleinement illuminée par la Révélation. On pensait en effet tout au plus que les morts étaient réunis dans le sheól, un lieu de ténèbres (cf. Ézéchiel 28, 8 ; 31, 14 ; Job 10, 21sq ; 38, 17 ; Psaumes 30, 10 ; 88, 7.13), une fosse dont on ne remonte pas (cf. Job 7, 9), un lieu dans lequel il n’est pas possible de louer Dieu (cf. Isaïe 38, 18 ; Psaumes 6, 6) ». Le Nouveau Testament apporte une nouvelle lumière sur la condition des morts, en particulier en annonçant que le Christ, à travers sa résurrection, a vaincu la mort et a étendu son pouvoir libérateur également au royaume des morts » (saint Jean-Paul II, Audience générale, 28 juillet 1999).

La descente de Jésus aux enfers est une façon de proclamer la victoire de la vie sur la mort.

La descente aux enfers, dans Les mots du christianisme – catholicisme – orthodoxie – protestantisme, « est un dogme de foi, vérité que tous doivent croire, énoncé dans le Credo : avant sa résurrection, l’âme du Christ est descendue triomphalement aux enfers (« sein d’Abraham » où les justes attendaient leur délivrance), non « pour y libérer les damnés ni pour détruire l’enfer de la damnation [celui des condamnés pour l’éternité, en raison de leur endurcissement dans le péché] mais pour libérer les justes de l’Ancien Testament » (CEC, n° 633) et leur annoncer leur entrée prochaine dans la vision béatifique, ou bienheureuse, de Dieu au ciel, quand il sera à la droite de son Père ».

La parabole du riche qui fait des festins somptueux sans voir le pauvre Lazare qui souffre à sa porte évoque l’irréversibilité du choix que nous faisons au moment de la mort : les peines de l’enfer sont immuables et Jésus en parle comme d’un feu.

Dans cette parabole, le riche qui banquette de façon insolente et le pauvre Lazare évoque l’irréversibilité du choix que nous faisons au moment de la mort. Alors que le premier réclame une atténuation même très modique de sa peine, il lui est répondu : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens durant ta vie, et Lazare pareillement ses maux. Maintenant, il est consolé ici, et toi, tu souffres. De plus, il a été établi un grand vide entre nous et vous, de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici chez vous ne le pourraient pas, et ceux de là-bas ne traversent pas non plus pour venir à nous » (Luc 16, 25-26).

Les peines de l’enfer sont immuables et Jésus en parle comme d’un feu

L’immuabilité, c’est ce que montre a contrario le fait que l’Église ait supprimé des livres liturgiques toute prière pour les damnés qui s’y trouvaient à une époque.

La notion de feu à propos de l’enfer n’est nullement une invention de l’Église, destinée à effrayer ses ouailles. Nous savons qu’elle est bien présente dans les avertissements de Jésus lui-même. Nul doute qu’il sait de quoi il parle. Évidemment la nature de ce feu – présent également au purgatoire – est d’une autre nature que le feu que nous connaissons ici-bas. Il ne s’agit pas d’un feu qui détruit, qui réduit en cendres. Mais d’un feu inextinguible, qui brûle sans consumer, et qui relève davantage d’une brûlure de l’âme, donc un feu inconnu de nous, du domaine du spirituel, que d’un feu matériel, inexistant dans l’au-delà.

La miséricorde infinie de Dieu est-elle conciliable avec l’existence de telles peines éternelles ? En réalité, c’est la créature qui se ferme à l’amour de Dieu, qui le refuse librement et qui choisit son destin. Dieu ne prédestine personne à aller en enfer et il veut que tous les hommes soient sauvés, mais il a créé l’homme libre et il s’interdit d’aller à l’encontre de cette liberté. L’endurcissement dans le refus du pardon de Dieu conduit en enfer, mais c’est toute la vie qui prépare ce choix final : on peut pressentir l’existence de Dieu et même son amour et le refuser.

La miséricorde infinie de Dieu peut sembler inconciliable avec l’existence de peines éternelles.

Prendre conscience de la réalité de l’enfer, et de son caractère irréversible, nous amène à faire une catéchèse sur ce sujet essentiel. C’est évidemment tout l’intérêt du diable de faire croire, y compris à des catholiques, même à des prêtres, que l’enfer n’existe pas ou, à la rigueur, s’il existe, qu’il est vide. Nous avons vu ce que Jésus-Christ qui est Dieu en pense. « Il y a un enfer. — C’est une affirmation qui a l’air à tes yeux d’une lapalissade. — Je vais te la répéter : il y a un enfer ! Sois mon écho, opportunément, à l’oreille de tel ou tel de tes camarades. » (saint Josémaria, Chemin, n° 749). Mais il est vrai que la miséricorde infinie de Dieu peut sembler inconciliable avec l’existence de peines qui seraient éternelles.

La miséricorde divine est bien réelle, mais elle n’oblitère pas la justice, tout aussi réelle, et la possibilité de s’enfermer dans le refus de Dieu. D’un certain point de vue nous pouvons dire que la sentence prononcée sur toute notre vie lors de notre jugement particulier est la reconnaissance de l’état de notre âme suite à une illumination divine qui la permet. C’est nous qui, tout au long de notre existence terrestre, avons délibérément décidé de l’orientation qui va déterminer le choix de notre destinée éternelle. C’est pourquoi le Catéchisme de l’Église Catholique peut à bon droit parler « d’état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux », état « qu’on désigne par le mot enfer » (n° 1033). « La damnation ne doit donc pas être attribuée à l’initiative de Dieu, car dans son amour miséricordieux, il ne peut vouloir que le salut des êtres qu’il a créés [ce qui est confirmé quand Paul assure que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4)].

En réalité, c’est la créature qui se ferme à l’amour de Dieu.

« La damnation consiste précisément dans l’éloignement définitif de Dieu librement choisi par l’homme et confirmé à travers la mort qui scelle pour toujours ce choix. La sentence de Dieu ratifie cet état » (saint Jean-Paul II, Audience générale, 28 juillet 1999). Dieu accomplit son jugement dans l’auto jugement de l’homme. Comme l’écrit Pascal, « ce sera une des confusions des damnés de voir qu’ils seront condamnés par leur propre raison, par laquelle ils ont prétendu condamner la religion chrétienne » (Pascal, Pensées, 187). Dieu ne pourra en quelque sorte que prendre acte de la décision personnelle de chaque individu car au moment où nous nous présentons devant lui immédiatement après notre mort, tout est figé : nous n’avons plus la possibilité de faire marche arrière et de revenir sur ce qu’a été notre vie.

Dieu a créé l’homme libre et il s’interdit d’aller à l’encontre de cette liberté.

Dieu ne pourrait-il pas éviter que des âmes se perdent ainsi à tout jamais ? En théorie, oui, puisque Dieu est Tout-Puissant. Cependant, il s’est autolimité avec sa création, dont il respecte les lois qui la régissent. Et, en créant l’homme, Dieu l’a doté de liberté. Il s’interdit d’aller à l’encontre de cette liberté. S’il donne à tout homme en toute circonstance toutes les grâces dont il a besoin pour choisir le bien et repousser le mal, il respecte toujours le libre choix de l’homme.

Dieu ne prédestine personne à aller en enfer.

Le Catéchisme enseigne que « Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin. Dans la liturgie eucharistique et dans les prières quotidiennes de ses fidèles, l’Église implore la miséricorde de Dieu, qui veut « que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 Pierre 3, 9) : « Voici l’offrande que nous présentons devant toi, nous, tes serviteurs, et ta famille entière : dans ta bienveillance, accepte-la. Assure toi-même la paix de notre vie, arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes élus » (Canon Romain 88) » (CEC n° 1037).

Seul le refus obstiné du pardon de Dieu conduit en enfer.

Autrement dit, ce qui précipite une âme en enfer, ce n’est pas tant qu’elle ait commis un ou plusieurs péchés mortels, mais son impénitence finale, son refus de faire appel à l’amour et au pardon de Dieu, son obstination dans le mal. La grâce que Dieu offre au pécheur, sans doute encore de façon ultime au moment où il se présente devant lui, est en elle-même efficace pour que, s’il le veut, il se décide finalement en faveur de Dieu. Jésus en Croix n’a-t-il pas supplié son Père : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 24) ? Mais, encore une fois, la réponse de l’homme est libre. Il y a un mystère de l’endurcissement possible du cœur de l’homme, qui décide en pleine connaissance de cause son destin. L’écrivain anglais C.S. Lewis l’évoquait ainsi : « Les portes de l’enfer sont verrouillées de l’intérieur ».

La principale peine de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu. Le feu de l’enfer existe et Jésus en parle, mais il ne faut pas l’imaginer en un sens trop matériel. Dieu est tout à la fois justice et miséricorde, et le damné reste son enfant. Il semble bien que les peines de l’enfer soient proportionnées aux fautes de chacun.

Comme l’Église le confesse, « la principale peine de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auquel il aspire » (CEC, n° 1035). Cette privation de la vision béatifique de Dieu Trinité est appelée en théologie peine de dam (damnum voulant dire « perte », « chose perdue »). S’y ajoute la peine qui sanctionne les péchés personnels : « La peine du péché originel est la privation de la vision de Dieu, tandis que la peine du péché actuel est le tourment de la géhenne éternelle » (lettre d’Innocent III à l’archevêque d’Arles). Cette peine est dite peine des sens et est signifiée par le feu.

Le feu de l’enfer ne doit pas être compris en un sens trop matériel.

L’on parle d’une peine de feu mais cela ne semble pas avoir beaucoup de sens puisque l’âme est immatérielle et que, quand il aura ressuscité à la fin des temps, le corps sera « spiritualisé ».

Si le corps sera spiritualisé, en « étant totalement soumis à l’esprit » (saint Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils 4, 86), il n’en reste pas moins corps. La matière n’est pas abolie, mais assumée à un état où elle n’existe plus que pour l’esprit.

Il semble bien que les peines de l’enfer soient proportionnées aux fautes de chacun.

Puisqu’il est dit que Dieu rendra à chacun selon ses œuvres (cf. Romains 2, 5-7), par analogie avec ce qui se passe pour les bienheureux au ciel qui, « selon la diversité de leurs mérites, verront Dieu plus parfaitement les uns que les autres » (concile de Florence). Comme dans l’au-delà, nous sommes plongés hors du temps, et que nous entrons dans l’éternité, il s’ensuit que les peines de l’enfer sont nécessairement éternelles : elles ne cesseront jamais. « Si quelqu’un dit ou pense que le supplice des démons et des hommes impies est temporaire et qu’il doit finir un jour, ou bien que doit venir une restitution et une réintégration des démons et des impies, qu’il soit anathème » (concile de Constantinople, 543).

Dieu est tout à la fois justice et miséricorde, et le damné reste son enfant.

Nous pouvons penser que Dieu exerce l’une comme l’autre à son endroit. Là où la miséricorde de Dieu intervient, c’est pour tempérer sa justice. « Dans la damnation des réprouvés la miséricorde apparaît ; non pas, à la vérité, en ce que Dieu leur enlève toute peine, mais en ce qu’il leur allège cette peine, en les punissant moins qu’ils ne le méritent » (saint Thomas d’Aquin, Somme théologique I, q.21, a.4, ad 1). Nous pouvons nous demander accessoirement pourquoi Jésus-Christ a voulu mourir sur la Croix si l’enfer n’existe pas, autrement dit s’il était acquis d’emblée que tous les hommes, marqués par le péché originel et donc devenus « par nature fils de la colère » (Éphésiens 2, 3) et ennemis de Dieu finiraient de toute façon au paradis.

L’existence de l’enfer n’empêche mystérieusement pas les âmes d’être heureuses au Paradis.

Comment vivre une éternité de bonheur à côté d’autres qui vivraient une éternité de souffrance ? N’est-ce pas invraisemblable ? Il est très difficile d’imaginer l’existence de ce paradoxe à peine croyable : les habitants du ciel sont pourtant pleinement heureux, du bonheur même de Dieu ; toutefois, ils connaissent l’existence de l’enfer et de ceux qui sont les damnés. Un passage de la Bible peut nous aider à comprendre ce paradoxe apparemment impossible, le chapitre 17 du livre de la Sagesse qui évoque la situation absurde des Égyptiens pendant la dernière épreuve précédant la délivrance des Hébreux. On assiste alors à la coexistence étonnante : d’un côté, la nuit infernale qui enchaîne les pervers, de l’autre, la belle lumière qui continue à briller pour les enfants de Dieu, comme si de rien n’était. Comment cela est-il possible ? C’est là que nous devons faire un saut dans le grand mystère, sans chercher à résoudre l’apparente contradiction par des spéculations trop rationnelles. Comme les pensées divines sont infiniment au-dessus des pensées humaines, nous devons nous dire que la solution de l’énigme est « cachée dans la gloire de celui qui a fait le monde, et qui a pris sur lui tout le mal du monde », selon le mot de Jacques Maritain.

Plusieurs saints et mystiques ont fait « l’expérience de l’enfer » et la Vierge à Fatima a lancé un appel pressant à prier et à se sacrifier pour les pécheurs. Les avertissements de l’Écriture et de la Tradition sont de même de pressants appels à la responsabilité.

L’Église n’a jamais cité personne nommément comme étant à coup sûr en enfer.

Même pour Judas et malgré la parole terrible du Christ : « Le Fils de l’homme s’en va selon qu’il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître ! » (Matthieu 26, 24), l’Église ne s’est pas prononcée, alors qu’elle proclame avec certitude que certains (les saints) sont au ciel. Mais en revanche, elle affirme que les anges déchus restent éternellement dans l’enfer de l’aversion de Dieu.

Plusieurs saints et mystiques ont fait « l’expérience de l’enfer ».

« La considération de l’enfer : cela m’a beaucoup aidée à perdre la crainte des tribulations », disait sainte Thérèse d’Avila. Dieu a aussi montré l’enfer à plusieurs autres saints et mystiques comme sœur Faustine ou les voyants de Fatima. À ces derniers, la Vierge Marie dit alors : « Vous voyez l’enfer, où aboutissent les âmes des pécheurs malheureux. Pour les sauver, Dieu désire établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé. Si cela se fait, beaucoup d’âmes seront sauvées, et il y aura la paix. » Le message de la Vierge à Fatima contient un pressant appel : « Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’il n’y a personne qui se sacrifie et prie pour elles. » Cette vision a déclenché une réaction très forte chez les enfants qui se sont mis à prier avec une grande ferveur pour le salut des âmes.

Les avertissements de l’Écriture et de la Tradition sont un appel à la responsabilité.

« Les affirmations de la Sainte Écriture et les enseignements de l’Église au sujet de l’enfer sont un appel à la responsabilité avec laquelle l’homme doit user de sa liberté en vue de son destin éternel. Elles constituent en même temps un appel pressant à la conversion : « Entrez par la porte étroite. Car large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et il en est peu qui le trouvent » (Matthieu 7, 13-14) » (CEC, n° 1036). « Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin. Dans la liturgie eucharistique et dans les prières quotidiennes de ses fidèles, l’Église implore la miséricorde de Dieu, qui veut « que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 Pierre 3, 9) : Voici l’offrande que nous présentons devant toi, nous, tes serviteurs, et ta famille entière : dans ta bienveillance, accepte-la. Assure toi-même la paix de notre vie, arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes élus (Missel Romain (MR), Canon Romain 88) ».

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