Sans diable, pas d’Europe !

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« La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas », écrivait Baudelaire. En 1999, Jean-Paul II réaffirmait pourtant son existence et modernisait les rites d’exorcisme. Alors le diable, mythe ou réalité ?

Le mot Satan vient de l’hébreux « shaïtan » ou « ha-shaïtan » qui signifie selon les textes l’adversaire, le tentateur, l’embrouilleur, l’opposant. Le mot est aussi le synonyme du Malin, de la Bête, de Satan, de Lucifer, de Belzébuth et autre Légion, d’Antéchrist ou d’Ange déchu (tombé du ciel).

Peu importe son nom car Satan vient aussi d’un terme juridique hébreux désignant l’accusateur d’un procès, Lucifer signifie en latin « portant de la lumière », le diable prend de multiples formes. Il est serpent, dragon, humanoïde et bestial, hideux ou séducteur, fourchu et cornu, masculin et féminin.

Dans la théologie catholique, Satan est le chef des anges chassés par Dieu du Paradis après s’être rebellés contre lui. Vaincue par les anges fidèles menées l’archange Michel (- EL : suffixe de Dieu), la troupe endiablée a été condamnée à l’Enfer. Depuis, Satan et ses démons n’ont de cesse de détruire l’œuvre divine… .

Mais, quand donc est né – si l’on peut dire – cet anti-Dieu ? Les références présentes dans le Nouveau Testament, sont presque absentes de l’Ancien. « La démonologie ne s’est développée que dans les derniers temps avant l’ère chrétienne », souligne Jean-Mathieu Rosay, auteur chez Marabout du « Dictionnaire du christianisme ». Aux temps fondateurs décrits dans les premiers livres de la Bible, Dieu était responsable des événements positifs comme négatifs. « Les grands patriarches sont tellement obsédés par leur foi dans le « Dieu d’Abraham » qu’ils n’imaginent pas à ses côtés une sorte de concurrent », poursuit l’auteur. Il signale par ailleurs que la Genèse, dont le serpent tentateur est considéré comme l’incarnation du Malin a été écrite plusieurs siècles après le récit d’Abraham.

Pour Robert Muchembled, le diable est né au XIIe siècle. « C’est à cette époque qu’il est sorti des monastères pour se répandre et s’incarner dans la vie des gens, qu’il est devenu aussi indissociable de l’homme occidental que son ombre », explique-t-il. « Avant que l’Eglise n’impose le sien, vous aviez plein de diables, celtes, germaniques, qu’il était parfois facile de rouler, voire de détruire. Ils n’étaient pas tous très malins… ».

Le diable catholique est cruel, dupeur et difficile à duper. « On a convaincu les gens que le démon était en eux, dans leur cœur, leurs instincts, leur sexe et qu’à moins de surveiller cet être maléfique constamment aux aguets, vous étiez susceptible de tomber en son pouvoir à la moindre tentation. Le seul moyen d’y échapper était de croire en l’Eglise catholique, la seule source de rédemption possible. La peur et l’ignorance était renforcée par les édifices religieux dont l’un des buts était aussi d’impressionner les masses ».

Curieux héritage positif car ce serait donc le diable qui aurait fait de l’Europe ce qu’elle est ! « A partir du XVe, XVIe siècle, le diable, élément essentiel de la démarche d’évangélisation, lui a beaucoup facilité la conquête du globe. Il était plus facile de terrifier les populations par son évocation que de promettre les douceurs de quelque vague et lointain Paradis ». Les Européens seraient en quelque sorte les fils de Satan… .

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