Qui étaient les pharisiens ?

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Chez nous, le mot « pharisien » a une connotation négative. Il est devenu synonyme de « hypocrite ». Mais, au fait, est-ce vraiment justifié ?

Apparition.

On n’a aucune certitude sur l’apparition du parti des Pharisiens. Les écrits de l’historien juif Flavius Josèphe, né en 37 ap. J.-C., nous apprennent que ce groupe religieux était déjà très actif et influent dans la seconde moitié du 2ème siècle avant Jésus-Christ. Il est donc au moins apparu dans la première moitié de ce siècle, sous la dynastie de Maccabées.

Le nom de Pharisien est également associé au mot hébreu peruchîm qui signifie « les séparés ». Ce sont des juifs qui se séparent et se distinguent de la population et surtout des impies en vivant strictement selon les commandements de Dieu. Les Pharisiens sont un mouvement laïc, mais un prêtre peut en devenir membre s’il le souhaite. Ils sont spécialisés dans l’observance stricte et précise des lois, commandements et interdits : non seulement la Loi écrite de Moïse, mais aussi et surtout les nombreux textes et lois oraux (248 commandements et 365 interdits, soit 613 règles ! La valeur numérique précise du mot Tora = Loi), qu’ils dressent autour de la Loi de Moïse comme un mur infranchissable. C’est ainsi que, par exemple, la Loi de Moïse prescrit qu’il faut se laver avant de pénétrer dans le temple, mais les Pharisiens y ajoutent cette loi orale : il faut se laver avant les repas du sabbat et des grandes fêtes et en fin de compte, il faut aussi se purifier avant chaque repas.

Les Pharisiens attribuent tout à Dieu, mais en même temps, ils appellent les gens à prendre leurs responsabilités. Ils croient en la possibilité et la pratique de la prédiction de l’avenir, en l’existence des esprits et des anges, en la résurrection des morts et au jugement dernier de Dieu qui récompensera les bons et punira les méchants. Ils vivent sobrement, à l’écart du luxe. Ils ont surtout les faveurs du petit peuple et exercent une grande influence dans la vie publique et politique. Non seulement, ils ont beaucoup d’admirateurs, des gens qui les respectent, mais aussi de véritables disciples et élèves. A l’époque du roi Hérode, on estime leur nombre à six mille.

Abus et dangers.

La plupart des Pharisiens sont sans aucun doute des gens pieux, mais la façon exagérée dont ils insistent sur toutes ces lois et tous ces commandements (par ex. quel nœud on peut faire ou ne pas faire un jour de sabbat) entraîne vite des abus. Selon leur mode de vie, on n’aurait le droit de faire que ce qui est strictement prescrit et on devrait avoir peur de prendre des décisions. Nombreux sont ceux qui ressentent ces innombrables commandements et interdits comme un carcan étroit et un poids presque insupportable.

Ils insistent tellement fort sur les pratiques extérieures et tellement peu sur l’honnêteté, la vérité des intentions, des sentiments, que cela entraîne souvent l’hypocrisie.

Finalement, cette façon de vivre dégénère facilement en arbitraire : comme s’ils étaient eux-mêmes propriétaires de la vérité sur Dieu, sur le bien et le mal. Et Dieu n’a plus alors comme rôle que de « payer », de récompenser ou non. Ils présentent à Dieu une liste de mérites et de performances religieuses pour lesquelles Dieu devrait automatiquement les récompenser.

Le Pharisien et le collecteur d’impôts.

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C’est précisément cette mentalité-là qui est mise en évidence dans la parabole du Pharisien et du collecteur d’impôts (Luc 18, 9-14). Le Pharisien prie la tête haute dans le temple pour remercier Dieu, non pour sa grande bonté, mais parce qu’il se trouve lui-même tellement bon et remarquable. Il énumère tout ce qu’il a fait. Il y a en effet beaucoup de choses et même plus que ce que la Loi prescrit : il jeûne 2 fois par semaine et donne aux pauvres le dixième de tout ce qu’il gagne. Bref, il est persuadé d’être très bien vu par Dieu. Il a l’impression de n’avoir commis aucun péché et n’éprouve pas de repentir.

Le collecteur d’impôts par contre, est bien conscient de ses fautes. Il baisse les yeux et reste à bonne distance. Plein de regret, il se frappe la poitrine et prie pour son pardon.

Leur attitude est très différente : le Pharisien regarde « vers » lui-même, presque comme s’il se voyait dans une vitrine, alors que le collecteur d’impôts regarde « en » lui-même, conscient de ses fautes et de ses défauts. « Le collecteur d’impôts rentre chez lui en règle avec Dieu », dit Jésus, « pas le Pharisien ». Le Pharisien est ainsi aveuglé parce qu’il ne se voit pas tel qu’il est vraiment. Car il est, lui aussi, et restera un pécheur qui a besoin du pardon de Dieu. Lui aussi aurait dû prier comme le collecteur d’impôts. Par cette comparaison, Jésus essaie, encore une fois, d’ouvrir les yeux des Pharisiens, les meneurs aveugles de la population.

Paul.

Bien que la plupart des Pharisiens agissent contre Jésus et le rejettent, un certain nombre d’entre eux se sont convertis et sont devenus chrétiens (Jean 3, 1 : Actes 15, 5). Le plus célèbre d’entre eux est sans aucun doute Paul, l’apôtre des païens, qui dans ses lettres aux Philippiens (3, 5) dit clairement, sans fierté ni honte qu’il est pharisien, et qui l’est sans aucun doute resté jusqu’à sa mort, à Rome. Et, c’est une chose qu’il n’aurait jamais certainement dite s’il avait considéré les Pharisiens comme un groupe d’hypocrites…

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