Le scandale sur l’esplanade du Temple.

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« Toi qui démolis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même. » (Mc 15, 29-30) Au moment de la mort de Jésus, l’allusion est cinglante. Reconstruit et agrandi par Hérode, le Temple était encore en chantier au temps de Jésus. Mais, l’autre jour, il y a fait scandale. En actes et en paroles. Il s’est fabriqué un fouet de cordes. Il a chassé les marchands et les bêtes qu’ils vendent pour les sacrifices. Il a renversé les tables des changeurs et les monnaies ont roulé sur le dallage. Il faut pourtant des bœufs et des brebis pour le culte. Les Juifs qui arrivent de l’étranger ne peuvent pas les acheter avec de l’argent païen et doivent se procurer des pièces juives. Jésus se dresse-t-il contre les bénéfices abusifs des « marchands du Temple » ? L’affaire est beaucoup plus grave.

Sans animaux à offrir, sans argent pour les acheter, il n’y a plus de sacrifice. C’est donc le culte lui-même que Jésus conteste. Il n’est pas le premier à mettre en question la liturgie sanglante et à regarder sans fascination la fumée qui s’élève au-dessus de l’autel où l’on brûle les offrandes. Des prophètes déjà ont prononcé des mots très durs de la part de Dieu : « Je hais, je méprise vos fêtes, le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne le regarde pas, mais que le droit coule comme de l’eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas » (Amos, VIII siècle av. J.-C.).

Lui prononce une parole plus sacrilège encore : « Démolissez ce Temple et en trois jours je le rebâtirai. ». Mais, personne ne comprend qu’il parle de son corps. En effet, depuis un millénaire, ce lieu saint était le cœur de la nation. Depuis six siècles, après la ruine de la ville par les Babyloniens, on aspirait à le rebâtir. Depuis quarante-six ans, enfin, on avait édifié un ensemble monumental. Certains critiquaient le Temple : les esséniens de Qumrân, Jean-Baptiste… Mais, ce Galiléen parle de le détruire ! C’est en même temps attaquer les prérogatives de tout un clergé et ses avantages de toutes sortes. C’est aussi vouloir ruiner Jérusalem qui vit de l’afflux des pèlerins aux grandes fêtes. C’est, enfin, faire fi de la présence de Dieu lui-même dans ce lieu saint. Et, le Nazaréen prétend, lui, substituer « en trois jours » le fameux Temple attendu à la fin des temps, quand Dieu lui-même va déchirer les cieux et inaugurer son Royaume.

Jésus a souvent parlé de ce « Règne de Dieu » imminent, voilà qu’il veut brusquer son irruption. Tout cela risque de se terminer dans quelque mouvement insurrectionnel. Il est temps d’en finir. Le grand prêtre a eu le mot de la situation : « Mieux vaut qu’un seul homme meure plutôt que tout le peuple. »

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