Les sources non-chrétiennes de la connaissance historique de Jésus

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A cette époque-là, il y eut un homme sage nommé Jésus, dont la conduite était bonne; ses vertus furent reconnues. Et beaucoup de juifs et des autres nations se firent ses disciples. Et Pilate le condamna a être crucifié et à mourir. Mais ceux qui s’étaient fait ses disciples prêchèrent sa doctrine. Ils racontent qu’il leur apparut trois jours après sa crucifixion et qu’il était vivant. Peut-être était-il vivant ? Peut-être était-il le Messie au sujet duquel les prophètes avaient dit des prodiges ?
Flavius Josèphe[1], Les Antiquités, in Agapios, Histoire universelle.


En ce temps-là, paraît Jésus, homme sage, si toutefois il faut l’appeler homme : car il était l’auteur d’œuvres prodigieuses, le maître des hommes qui reçoivent avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Juifs et aussi beaucoup de Grecs. Il était le Christ. Et comme sur la dénonciation des premiers parmi nous, Pilate l’avait condamné à la croix, ceux qui l’avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. Car il leur apparut le troisième jour, vivant à nouveau : les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet. Jusqu’à maintenant encore, le groupe des chrétiens, ainsi nommé à cause de lui, n’a pas disparu.
Flavius Josèphe, Antiquités XVIII, rapporté par Eusèbe, Histoire ecclésiastique I, 11


La tradition rapporte : la veille de la Pâque, on a pendu Jésus. Un héraut marcha devant lui durant quarante jours disant : il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et a trompé et égaré Israël. Que ceux qui connaissent le moyen de le défendre viennent et témoignent en sa faveur. Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et donc on le pendit la veille de la Pâque.
B.T.B. Sanhédrin, 43a.

Et pour avoir dit : « Nous, certes, nous avons tué le Messie, Jésus, fils de Marie, l’envoyé de Dieu ». Or ils ne l’ont pas tué et ils ne l’ont pas crucifié; mais une ressemblance s’offrit à leurs yeux. En vérité, ceux qui divergent à ce sujet sont réellement dans un doute en ce qui le concernant; ils n’en ont aucune espèce de science et il n’y a là qu’adhésion à la conjoncture, car ils ne l’ont pas tué en toute certitude.
Sourate 4, verset 157. Trad. T. Arnaldez, Jésus fils de Marie, prophète de l’Islam, Paris, 1980, p.4

Vers 115 pcn, Tacite décrit les persécutions de l’empereur Néron contre les chrétiens (elles avaient été victimes avec d’autres chrétiens).

Pour anéantir la rumeur qui attribuait l’incendie de Rome à l’empereur, Néron supposa des coupables et infligea des tourments raffinés à ceux que leurs abominations faisaient détester et que la foule appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ que sous, le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice. Réprimée sur le moment, cette détestable superstition perçait de nouveau, non seulement en Judée où le mal avait pris naissance, mais encore à Rome où ce qu’il y a de plus affreux et de plus honteux dans le monde afflue et trouve une nombreuse clientèle. On commença donc par se saisir de ceux qui confessaient leur foi, puis, sur leurs révélations, d’une multitude d’autres qui furent convaincus moins du crime d’incendie que de haine contre le genre humain. On ne se contenta pas de les faire périr : on se fit un jeu de les revêtir de peaux de bêtes pour qu’ils fussent déchirés par les dents des chiens; ou bien ils étaient attachés à des croix, enduits de matières inflammables et, quand le jour avait fui, ils éclairaient les ténèbres comme des torches.
Annale, XV, 44, cité dans C. Saulnier et B. Roland, La Palestine au temps de Jésus, Cahier Evangile n°27, Paris, p.9.


Sous le principat (de Néron) furent édictées beaucoup de condamnations rigoureuses et de mesures répressives, mais non moins de règlement nouveaux : on imposa des bornes au luxe; on réduisit les festins publics à des distributions de vivre; il fut défendu de vendre dans les cabarets aucune denrée cuite, en dehors des légumes et des herbes potagères, alors qu’on y servait auparavant toutes sortes de mets; on livra au supplice les chrétiens, sorte de gens adonnés à une superstition nouvelle et dangereuse; on interdit les ébats des conducteurs de quadrige, qu’un antique usage autorisait à vagabonder dans toute la ville en trompant et volant les citoyens pour se divertir…
Vie de Néron, XVI Dans : Suétone, Vie des douze césars, trad. De Henri Ailloud, les Belles Lettres, 1931-1932, en Folio, Gallimard, 1975.


Pline le Jeune, un haut fonctionnaire écrivit vers 115 pcn à son ami l’empereur Trajan pour lui demander quelle attitude il faut adopter à l’égard des chrétiens. Il arriva en 111 pcn dans les provinces de Bithynie et de Pont, situées le long de la mer Noire, comme légat impérial

Les chrétiens (arrêtés par la police de l’empereur) affirmaient que toute leur erreur s’était bornée à se réunir habituellement, à jour fixe, avant le lever du soleil, pour chanter entre eux, alternativement, un hymne à Chrestus comme à un Dieu, et pour s’engager par serment, non à commettre tel ou tel crime, mais à ne commettre ni vol, ni brigandage, ni adultère, à ne pas manquer à leur parole donnée (…) Après quoi, ils avaient coutume de se séparer puis de se réunir à nouveau pour prendre une nourriture, mais une nourriture tout ordinaire et innocente (…) Je n’ai rien trouvé qu’une superstition absurde.
Lettre de Pline à Trajan n°96.

Annexes :

A Minucius Fundanus. J’ai reçu une lettre qui m’a été écrite par Serennius Granianus, homme clarissime, à qui tu as succédé. Il ne me semble pas bon de laisser l’affaire sans examen, de peur que les hommes ne soient inquiétés et qu’on n’offre aux dénonciateurs une aide dans leur méchanceté. Si donc les habitants de la province peuvent soutenir ouvertement cette pétition contre les chrétiens, de manière à ce que l’affaire soit plaidée devant le tribunal, qu’ils se servent de ce seul moyen, et non pas de pétitions ou de simples cris !
Eusèbe, Histoire ecclésiastique, IV, 9. Traduction G. Bardy, Sources chrétiennes, n°31, Paris.

Pour détruire ces bruits, selon lesquels il aurait incendié la ville de Rome, Néron chercha des coupables, et fit souffrir les plus cruelles tortures à des malheureux abhorrés pour les infamies, qu’on appelait vulgairement chrétiens. Le Christ, qui leur donna son nom, avait été condamné au supplice sous Tibère, par le procurateur Ponce Pilate : ce qui réprima pour le moment cette exécrable superstition; mais bientôt le torrent déborda de nouveau, non seulement dans la Judée où il avait pris sa source mais jusque dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d’infamies et d’horreurs afflue et trouve des partisans. On commença par saisir ceux qui s’avouaient chrétiens, et ensuite, sur leurs révélations, on arrêta une multitude immense de personnes, qui furent moins convaincues d’avoir incendié Rome que de haïr le genre humain. A leur supplice, on ajoutait la dérision; on les enveloppait de peaux de bêtes pour les faire dévorer par des chiens; on les attachait en croix, on enduisait leurs corps de matières inflammables, et l’on s’en servait la nuit comme flambeaux pour s’éclairer. Néron avait cédé ses propres jardins pour ce spectacle, et dans le même temps il donnait des jeux au Cirque, se mêlant parmi le peuple en habit de cocher, ou conduisait des chars. Aussi, quoique les chrétiens fussent coupables et dignes des derniers supplices, on se sentit ému de compassion pour ces victimes, qui semblaient immolées moins au bien du public qu’à la cruauté d’un seul homme.
Tacite [2], Annale XV 44, cité dans C. Saulnier et B. Roland, La Palestine au temps de Jésus, Cahier Évangélique n°27, Paris, p.9.

L’empereur Claude expulsa de Rome les Juifs qui s’agitaient constamment sur l’impulsion de Chrestus.
Suétone [3], Vie de Néron XVI, cité dans Suétone, Vie des douze Césars, trad. de Henri Ailloud, Les Belles Lettres, 1931-1932, en folio, Gallimard, 1975

Vous vous donnez pour Dieu un personnage qui termina par une mort misérable une vie infâme (…) Les chrétiens adorent un dieu qui fut crucifié entre deux assassins.
Celse [4]


[1] Vers 120 pcn, Flavius Josèphe, un historien juif passé au service des Romains, écrivit des ouvrages qui voulaient présenter la religion juive aux Romains. Né à Jérusalem en l’an 37 pcn, il y fit de longs séjours. Il fut un témoin unique des dernières années de l’état juif antique et il participa, dans le camp romain où il était passé, à la chute de Jérusalem en l’an 70 pcn.

[2] Vers 115 pcn, Tacite décrit les persécutions de l’empereur Néron contre les chrétiens (elles avaient eu lieu vers 64 pcn à Rome après l’incendie qui ravagea la ville. Saint Pierre et Saint Paul se trouvant sur place au moment des faits furent arrêtés et exécutés sur le vaticanus.

[3]Vers 120 pcn, un historien romain, Suétone, écrivit La Vie de l’empereur Claude.

[4]Celse est un philosophe qui s’est violemment attaqué au christianisme vers l’an 178.

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