Que conclure de l’examen des sources chrétiennes et non chrétiennes ?

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Comment reconstituer, derrière les Evangiles, la vie de l’homme de Nazareth ? L’idéal serait de disposer de sources non chrétiennes. Non pas qu’elles seraient plus objectives, ou plus « vraies », mais elles apporteraient un autre point de vue. Elles permettraient des recoupements. Malheureusement, le ratissage de la littérature antique n’a donné qu’un résultat maigre.

Aucun historien de l’Empire romain ne parle de Jésus. Sa mort, qui pour nous fit basculer l’histoire de l’humanité, fut jugée à l’échelle de l’empire comme une péripétie insignifiante. Tout au plus Tacite dans ses Annales et Suétone dans ses Vies des douze Césars rapporte les persécutions de Néron contre la « détestable superstition » chrétienne. Une lettre de Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie, à l’empereur Trajan, écrite vers 111-113, explique comment il s’y prend pour faire abjurer les chrétiens et les ramener au culte de l’empereur (…). De plus, la critique qui s’organise contre les chrétiens ne remet jamais en cause la mort du Christ. Seules les pratiques religieuses sont contestées.

A travers ces témoignages, nous avons là un écho émouvant de la coûteuse décision d’être chrétien aux premiers siècles. Mais, de Jésus, on n’apprend rien. Le silence presque total de la littérature juive au sujet de Jésus est beaucoup plus étonnant. Des quinze mille pages du Talmud, ce recueil monumental de l’érudition juive, quinze seulement mentionnent Jésus. L’extrême rareté de ces mentions dénote un effet de censure. Mais, la censure a été double : les juifs n’ont pas voulu citer leur concurrent triomphant, et les chrétiens n’ont pas toléré que le Talmud mentionne le nom de leur Seigneur.

Par contre, l’historien juif Flavius Josèphe, qui rédige en 93-94 les Antiquités juives consacre quelques lignes à Jésus. On s’interroge beaucoup pour savoir si ce texte n’a pas été glosé, gonflé par les copistes chrétiens au Moyen Age. Origène, au IIIe siècle, ne le connaissait pas. Ce témoignage n’est pas inamical, et décrire Jésus comme un homme de sagesse est tout à fait dans le style de l’aristocrate Josèphe.

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