Témoignage de Franca Sciuto : ex-présidente du conseil exécutif d’Amnesty international.

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Il y a plus de trente ans, un de mes amis les plus proches a été exécuté. J’étais jeune avocate à Bruxelles. Il était rentré au Burundi pour œuvrer en faveur de la démocratie. Après avoir été arrêté pour des motifs politiques, il a fait l’objet d’une parodie de procès, puis a été exécuté. Il avait 28 ans.

J’ai suivi son agonie morale au travers des lettres qu’il a écrites alors qu’il était en prison et qu’il attendait le jour fatal de son exécution. Sa douleur et ses souffrances dépassaient l’imagination. Je ne pourrais vous communiquer ses sentiments d’espoir et de désespoir, d’espérance et de résignation, de crainte et d’attente. Mais, croyez-moi, nous avons vécu cette expérience accablante ensemble. La souffrance mentale des condamnés est terrible. Elle l’est aussi pour leurs. Même si les normes internationales ne considèrent pas l’exécution d’un être humain comme un acte de torture, je sais, par les lettres de mon ami, que c’en est un. Qu’est-ce pour un être humain qu’attendre la condamnation à mort et l’exécution, si ce n’est pas la pire des tortures ?

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