Des modèles de bonheur

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Document 10 : Le père Damien.

Le père Damien est né sous le nom de Joseph de Veuster en 1840, à Tremelo, près de Louvain. Il s’est dévoué pour soigner et guider les lépreux placés en quarantaine sur l’île de Molokai. Damien sera fait saint le 11 octobre 2009. Portrait.

Damien a contracté la lèpre après plusieurs années de dévouement. Il s’est néanmoins consacré jusqu’au bout à ses malades, forçant l’admiration du Mahatma Gandhi. Les Etats-Unis lui ont érigé une statue au Capitole en 1969. Sa célèbre phrase, « Nous, les lépreux », exprime la radicalité de son engagement au service des bannis. Le père Damien sera canonisé le 11 octobre 2009, à Rome. Nous avons interrogé une spécialiste du saint homme. Il s’agit de Hilde Eynikel, historienne. Elle vient de sortir aux éditions Racine/Fidélité un ouvrage intitulé « Le père Damien. Un saint parmi les lépreux. »

Le père Damien va être canonisé le 11 octobre prochain. Quel est son miracle ?

Nous sommes dans les années 1990, plus d’un siècle après la mort de Damien. Audrey Toguchi, d’origine japonaise, non catholique, va prier sur la tombe du père Damien. Elle souffre d’une forme rare et gravissime de cancer des poumons. Mais, après avoir prié, toutes ses lésions disparaissent. Elle vit toujours et doit avoir 82 ans aujourd’hui. Une enquête scientifique a été menée sur cette guérison improbable, des journaux médicaux y ont consacré des articles. Certes, il est possible de guérir d’un cancer, mais de constater que toutes les cicatrices du cancer ont disparu, c’est du jamais-vu. Il n’y a pas de véritable explication scientifique. C’est pourquoi la commission de théologiens y a vu une guérison miraculeuse. C’est un miracle du père Damien.

Ce qui frappe, c’est l’universalité de son discours et de ses actes…

Damien est parti comme missionnaire catholique dans cette région du monde pour évangéliser les Hawaïens. Mais, il s’est toujours comporté comme un homme d’une très grande ouverture, un disciple de l’œcuménisme. Il avait notamment présenté des amis diacres protestants à son évêque très conservateur. Il les annonçait comme ses frères en Christ. Ce terme ne sera repris que quatre-vingts ans plus tard, lors du Concile Vatican II.

Était-il volontaire pour se rendre sur l’île des lépreux ?

Oui, et pourtant l’évêque n’était pas convaincu que Damien était le bon choix. Il était là avec la consigne de ne pas toucher les malades. La culture hawaïenne était l’opposé de ça : les gens se congratulaient, s’embrassaient, mangeaient dans le même pot… Cela lui pesait de ne pas participer à cette culture. Il a alors posé une sorte d’ultimatum à son évêque en lui disant en substance ceci : « Ou bien je peux toucher les gens, ou bien il faut abandonner le projet ». Il a imposé sa façon d’être. Il a soigné les blessures purulentes et effectué des amputations. Il est resté seize ans à Molokai, dans une société d’exclus avec ses violences, ses meurtres, ses viols, ses suicides de désespérés. Damien a lui-même été victime de quatre attentats.

Est-ce la foi qui lui a fait supporter ces épreuves ?

Je pense que oui. Il a écrit très peu sur ses émotions. C’était un homme d’action. Les témoignages attestent cependant qu’il lisait son bréviaire dès qu’il avait un peu de temps. Il priait aussi. Je n’ai pas de preuves, mais je présume que c’est dans sa foi qu’il a trouvé le courage de rester.

Le père Damien était un précurseur dans bien des domaines…

Oui ! Il faisait des recherches scientifiques dans la léproserie, enfreignant une règle de l’Eglise à cette époque. Il avait testé un remède d’origine chinoise destiné à vaincre la lèpre. Il a été un des premiers à faire des groupes de malades : le premier recevait un médicament et l’autre un placebo. Remarquons que la technique du placebo n’a été inventée qu’en 1924 ! Quant à ses textes sur les soins palliatifs, ils sont particulièrement précurseurs et progressifs. Il voulait des infirmières pour aider les malades. Il a dû se battre. Elles sont arrivées peu de temps avant sa mort.

Entretien : Rodolphe Masuy. Télépro, 1 octobre 2009.

1. Sous quel nom est né le père Damien ?


2. Pour quelles raisons s’est-il dévoué ?


3. De qui a-t-il forcé l’admiration ?


4. Qu’exprime sa célèbre phrase « Nous les lépreux » ?


5. Quel est le miracle du père Damien ?


6. Qu’est-ce qui a été menée sur cette guérison ?


7. Qu’est-ce que la commission de théologiens du Vatican y a vu ?


8. Comment le père Damien s’est-il comporté ?


9. Quel est l’ultimatum que Damien a posé à son évêque ?


10. Qu’est-ce qu’il a été un des premiers à faire ?