Environnement : la vie trouve toujours un chemin

posted in: Parcours D | 0

Grâce à des manipulations génétiques, soja, maïs, colza peuvent résister à un herbicide total et se défendre vis-à-vis des insectes. Ils sont donc plus faciles à cultiver et donnent un meilleur rendement. A court terme tout au moins. Mais, à long terme ?
Toute plante produit du pollen, grâce auquel elle peut croiser avec des milliers d’autres plantes. Le colza croise facilement avec des mauvaises herbes comme la moutarde des champs ou le raifort, le maïs avec l’ivraie, le soja avec le trèfle ou le lupin.

Quel long terme ?

Avec la dissémination du pollen, ces mauvaises herbes deviennent, à leur tour, résistantes à l’herbicide et aux insectes. Des chercheurs du CNRS ont montré comment, en tenant compte des lois biologiques connues aujourd’hui, un espace massif sera « colonisé » en quinze ou vingt ans. Il deviendra donc résistant à tous les traitements dont on dispose actuellement.
Au Mexique, où a été mise au point une pomme de terre résistante au mildiou (un champignon), aucun produit anti-mildiou n’arrive plus à le détruire (selon des recherches du ministère américain de l’agriculture).
A savoir également : les abeilles nourries du pollen de plantes transgéniques diminuent d’un tiers leur espérance de vie. Abeilles indispensables à la pollinisation.
A long terme donc, les investissements en matière de génie génétique ne risquent-ils pas de se retourner contre ceux qui les ont réalisés ?
Se pose aussi le problème de la pression de sélection. Des poissons à croissance plus rapide que la normale, donc à reproduction plus hâtive, sont évidemment de plus grands prédateurs. Ils augmentent ce qu’on appelle la pression de sélection. En fait, ils éliminent rapidement les espèces dont ils se nourrissent et… n’ont plus de quoi s’alimenter.
Leur introduction dans un milieu donné risque d’y tuer toute vie. Or, des animaux manipulés génétiquement peuvent se répandre dans la nature. Ce fut le cas de 500.000 à 700.000 saumons d’élevage, échappés de fermes aquacoles norvégiennes en 1994.
En fait, toute modification d’une espèce ou toute nouvelle espèce introduite à l’intérieur d’un système le modifie.
Et nul ne peut prédire que la manière dont va changer l’écosystème lui sera ou non bénéfique, permettra ou non de le conserver.

Vers une moindre biodiversité.

En sélectionnant des espèces de plus en plus performantes, on perd petit à petit d’autres espèces que l’on ne cultive plus. Les semences finissent donc par ne plus être actives. Dans le monde, la majorité des banques de semences n’appartiennent plus qu’à trois grandes sociétés : ICI, Sandoz et Pioneer.
Dans les banques publiques, près d’un million de semences congelées sont menacées par manque de moyens financiers pour la maintenance des congélateurs, et humains, pour recultiver ces semences. Les U.S.A. ont perdu 20.000 variétés de radis et le Mexique 80% de toutes les variétés comestibles dont il disposait. L’Ethiopie ne possède plus ni blé ni orge d’origine et donc adaptés à l’environnement éthiopien. La FAO tire à ce sujet la sonnette d’alarme : on perd à la fois, des plantes et leur patrimoine génétique. Plantes qui, si elles étaient moins productives, étaient cependant adaptées à leur milieu.

Lire aussi

  1. Un Sud hors course
  2. Santé, progrès, espoirs… et incertitudes
  3. Apis Mellifera Scutellata