Santé, progrès, espoirs et … incertitudes

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Pour obtenir des pétunias rouges, des chercheurs de l’Institut Max Planck, à Cologne, ont introduit un gène de maïs dans le patrimoine génétique de pétunias blancs. En serre, l’expérience semblait prometteuse.
A la floraison néanmoins, près de la moitié des pétunias étaient blancs. Plus curieux, toutes les plantes avaient acquis des caractéristiques imprévues : plus de feuilles et de pousses à chaque pied, une plus grande résistance aux champignons pathogènes, moins de fécondité.

D’hypothétiques résultats.

Cette expérience met clairement en évidence l’impossibilité actuelle de pronostics sûrs quant aux caractéristiques des organismes génétiquement modifiés (en bref OGM), l’incertitude quant aux résultats d’une manipulation génétique. Jouer avec la régulation des gènes est très compliqué. Comparons avec un livre : l’alphabet est simple, chaque lettre est identifiable. L’agencement des lettres crée le mot, celui des mots crée la phrase qui donne sens à ces mots. La compréhension d’une phrase s’inscrit dans un chapitre et celle du chapitre dans le livre. Le sens du livre peut être lié à l’écriture et à la place d’un chapitre par rapport à un autre. En insérant de nouvelles phrases, de nouveaux chapitres, on modifie le sens du livre. Il acquiert de nouvelles particularités, imprévues.
Ainsi, en insérant de nouveaux gènes dans un organisme vivant (gène dont on ne peut par ailleurs pas être certain de l’endroit précis auquel ils vont s’insérer, nul ne peut prédire avec certitude le résultat à court terme (que va-t-on obtenir ?), ni à long terme (comment se comporteront les descendants des organismes génétiquement modifiés ? Avec quelles conséquences ?).
Même si l’on sait que le risque zéro n’existe pas, n’est-il pas irresponsable de prétendre que l’on peut agir sans risque ? Ne faudrait-il pas, d’abord, étudier, connaître et mesurer ces risques ?

Des risques d’allergie.

L’industrie agro-alimentaire est largement concernée par le génie génétique dont elle espère une substantielle augmentation de productivité et donc de bénéfices. De nombreuses plantes alimentaires sont aujourd’hui manipulées génétiquement. Certaines sont déjà en vente, comme la tomate au lent mûrissement. Les aliments génétiquement manipulés sont-ils dangereux pour l’homme ? En fait, leurs répercussions sur la santé sont largement inconnues. Une seule certitude existe chez les scientifiques : ces OGM peuvent provoquer des allergies.
Le système immunitaire de l’homme est d’une grande complexité. Son rôle concerne la défense de l’organisme contre toute forme d’agression virale, bactérienne, contre toute pollution et blessure… A partir du moment où il est présence de substances particulières, nul ne sait comment il va réagir. Une caractéristique isolée – par exemple, le gène de la noix du Brésil qui programme (qui « code pour », disent les scientifiques) la méthionine, un acide aminé nécessaire aux humains – introduite dans une plante reconnue hypo-allergénique, le soja, pour qu’il produise de la méthionine, a provoqué des allergies chez les consommateurs de soja.
Or, s’il est facile d’éviter de manger des noix du Brésil, il est beaucoup plus compliqué d’éviter le soja qui se trouve dans la margarine, l’huile, diverses sauces mais aussi le pain, la pâtisserie, les biscuits, le chocolat, différents produits diététiques, des aliments pour bébé, des plats préparés, des aliments pour animaux domestiques et bétail… .

Manipuler, pourquoi ?

On ne connaît pas non plus les répercussions sur la santé de l’homme de viande et de lait produits par des animaux hormonés.
Chez les vaches, une hormone obtenue par génie génétique (la somatotropine bovine recombinée) augmente la production lactée. Mais, on constate aussi chez ces animaux une augmentation significative du nombre de mammites, des problèmes de fertilité, des troubles de la reproduction et du métabolisme. Ces vaches peuvent encore souffrir de problèmes de digestion, de pattes ou d’anémie. Leur système immunitaire est fragilisé. (Elles risquent donc bien de devoir ingurgiter plus d’antibiotiques, dont les résidus seront retrouvés dans le lait… .)
Des chercheurs se demandent aussi si le lait produit est réellement sans risque pour la santé des hommes et, particulièrement, des nourrissons.
La plupart des aliments manipulés le sont pour des motifs économiques. Il ne s’agit nullement de rechercher une alimentation de meilleure qualité. La nature devrait donc améliorer ses prestations pour le profit des firmes alimentaires. Quel gain pour la santé de l’homme ?
L’alimentation transgénique n’est plus naturelle, c’est là une lapalissade. Les répercussions sur la santé et la diététique sont inconnues. Et le simple bon sens oblige à formuler des questions aux réponses négatives : a-t-on besoin, pour une alimentation saine, d’une banane qui goûte la pomme ? D’une pomme de terre qui ne brunit pas quand elle est pelée ? D’une tomate au gène d’un poisson qui mûrit moins vite ?

Des médicaments plus accessibles.

La production de médicaments moins coûteux est un des grands espoirs du génie génétique. Déjà réalité, l’insuline humaine produite par des bactéries soigne le diabète. Connaissant la séquence d’ADN qui code pour l’insuline chez l’homme, on l’introduit dans l’ADN d’une bactérie que l’on cultive dans des fermenteurs. Auparavant, on employait comme remède l’insuline bovine ou porcine. Mais, certains malades la rejetaient et l’on ne savait donc pas les soigner. L’insuline humaine, elle, est bien tolérée. A priori, il n’y aurait pas de conséquences négatives à long terme.

Prévenir plutôt que guérir.

Lors de la création de Polly, de nombreux commentaires ont parlé de l’étape suivante qui serait la guérison de maladies génétiques comme l’hémophilie, la myopathie, la trisomie 21 ou la mucoviscidose. Ne s’agit-il pas là de faux espoirs ? Ou, en tous cas, d’espoirs très lointains ? En effet, il ne s’agira pas de guérir les personnes malades mais plutôt de prévenir ces maladies par un dépistage des embryons. L’alternative serait alors d’écarter les embryons malades ou de modifier leur ADN en remplaçant le ou les gènes altérés malades, de faible efficacité par des gènes sains. Ce qui nécessiterait impérativement une fécondation in-vitro.
Actuellement, le génie génétique a uniquement réussi à améliorer l’état de santé des enfants dont le système exige une vie « sous bulle ».

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