Le racisme

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Document 10 : L’extrême droite, une mauvaise réponse à de bonnes questions.

Néo-nazis en Allemagne, Vlaams Blok en Flandre, « Parti de la Liberté » en Autriche, Front national de Jean-Marie Le Pen en France… L’Europe est confrontée depuis quelques années à une dangereuse recrudescence des mouvements et partis d’extrême droite. Comment réagir face à un phénomène qui fleurit sur le terreau des frustrations sociales et identitaires bien réelles ?
Contrairement à ce que suggèrent l’expression « extrême droite » elle-même, il existe au sein de celle-ci une telle variété de courants divergents voire antagonistes qu’il serait plus pertinent de ne l’utiliser au pluriel. Les jeunes skinheads nostalgiques du nazisme y côtoient en effet des tribuns poujadistes et ultra-libéraux, tandis que les néo-paganistes de la « nouvelle droite » y font face à certains intégristes ultra-réactionnaires, et que des nationalistes exaltés de tous bords doivent y cohabiter avec les tenants d’une idéologie pan-européenne. Pour fédérer une telle accumulation de tendances souvent hostiles les unes envers les autres, la présence d’un « leader charismatique » fort – Jean-Marie Le Pen en constitue l’archétype – s’avère souvent indispensable.
Quel que soit le caractère souvent hétéroclite des formations relevant de cette mouvance, le discours habituel de celles-ci n’en présente pas moins de nombreuses caractéristiques communes : se posant en remparts de la communauté nationale, elles stigmatisent une présence étrangère qui en menacerait soit-disant l’unité, valorisant la sécurité comme fondement du consensus social, insistent sur le rôle fédérateur de l’autorité dans une société en proie à l’individualisme forcené, et préconisant le retour aux valeurs traditionnelles dans la sphère des mœurs.
Cette rhétorique simpliste a su séduire au fil des ans un électorat marginalisé sur le plan socio-économique ou désarçonné par l’évolution trop rapide de la société post-industrielle actuelle. Elle a tiré habillement profit des angoisses contemporaines nées de la désagrégation des groupes sociaux traditionnels – familles, classes sociales, communautés locales – et de la dissolution des repères religieux, éthiques et politiques d’antan. Elle a exploité avec succès le malaise que génère chez certains l’ouverture croissante d’un monde devenu multi-ethnique et multi-culturel. La thématique anti-immigré développée par Le Pen ou Haider fait aussi référence à un protectionnisme économique que rêvent de rétablir certains exclus de la croissance.

La question de sens.
Face à l’implantation locale de l’extrême droite dans certaines régions d’Europe occidentale (Sud-est de la France, Autriche, Flandre…), les partis démocratiques ont opté pour une stratégie d’isolement et d’exclusion de ses représentants du jeu politique. Cette tactique s’est révélée payante dès lors qu’elle entraînait à terme, comme dans le cas du Front national français, des dissensions internes provoquant l’implosion de la formation visée. Par contre, lorsqu’un tel confinement apparaissait comme le prolongement politique de la « diabolisation » exercée par les médias à l’encontre des partis d’extrême droite, il a au contraire permis à ceux-ci de se présenter comme des victimes et d’en récolter les fruits électoraux.
En définitive, la lutte contre la résurgence actuelle des partis néo-fascistes ne peut faire l’économie d’une éducation aux valeurs humanistes fondamentales, et doit surtout s’accompagner d’une réflexion critique sur le fonctionnement de nos institutions démocratiques. En effet, si le discours prôné par l’extrême droite développe un argumentaire simplificateur et dangereux, il ne s’enracine pas moins dans des problèmes bien réels. Parmi ceux-ci, on mentionnera la persistance de mécanismes d’exclusion socio-économique, l’incapacité chronique des autorités à juguler l’insécurité, et par-dessus tout la question du sens à apporter à notre existence collective soumise à l’alternative mondialisation-repli sur soi.
Si la démocratie parvient enfin à se poser à elle-même ces bonnes questions, les réponses fallacieuses fournies par l’extrême droite ne pourront que s’évanouir d’elles-mêmes.