La solidarité à l’égard des personnes vivant des situations de pauvreté, de souffrances ou d’exclusion nous pousse à chercher les causes de telles situations. Comment expliquer qu’aujourd’hui encore, même dans les sociétés riches et démocratiques, des gens souffrent de faim, de solitude, de violence ou d’injustice? Quelles sont les causes de l’écart croissant entre les riches et les pauvres ?
« Les pauvres, y’ont pas d’argent, chantait Plume Latraverse, ce troubadour qui, seul, pouvait rendre une lapalissade aussi touchante avec des mots aussi simples. Cependant, sa proposition n’est pas complète : la pauvreté est un mal beaucoup plus profond, complexe et affligeant pour ceux qui en souffrent que celui provoqué par le simple manque d’argent. »
Spontanément, pourriez-vous énumérer certaines causes de la pauvreté et des autres formes d’exclusion, telles qu’elles se présentent aujourd’hui ?
Les causes structurelles
Pour tenter des explications aux problèmes sociaux, il faut accorder une attention spéciale aux problèmes de la pauvreté et de l’appauvrissement, car ils sont à la source de nombreuses autres situations problématiques car, de toute évidence, la question de la pauvreté se pose surtout en termes d’exclusion sociale. Celle-ci d’ailleurs prend de plus en plus d’importance car elle touche les individus, les familles et les groupes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu’ils se voient voient maintenus en dehors des modes de vie acceptés par leur société.
L’obsession de la productivité
Le système économique dans lequel nous vivons attache une importance démesurée à la productivité et à la rentabilité. Plusieurs personnes se sentent gênées de dire qu’elles sont sans travail ou, pire encore, qu’elles doivent recourir à la sécurité du revenu. La « tyrannie du capital » et le climat de sévère compétition engendrent de moins en moins de gagnants et de plus en plus de perdants.
Que ce se soit au travail, dans un engagement bénévole ou ailleurs, êtes-vous parfois témoin de situations où la solidarité est sacrifiée à la productivité? Si oui, pourriez-vous en donner un exemple?
Avez-vous déjà vécu des situations où, à l’inverser, l’attention aux personnes prenait le pas sur la recherche de productivité? Pourriez-vous en donner un exemple?
La mondialisation de l’économie
S’il est un autel où est célébré la rentabilité, c’est bien celui de la mondialisation. Plus qu’un simple mot à la mode, il s’agit là d’une réalité complexe, aux effets multiples, qui ne sont pas tous positifs. La mondialisation, ou globalisation, entraîne notamment un affaiblissement du pouvoir des gouvernements sur l’économie de leur propre pays. Les soubresauts de l’économie relèvent, pour une bonne part, de décisions prises par des spéculateurs sur l’échiquier international. Voici quelques manifestations assez courantes de ces jeux de pouvoirs :
On pourrait aligner plusieurs exemples illustrant que la mondialisation s’accompagne souvent d’une concentration des pouvoirs et des richesses entre les mains d’une minorité de personnes.
Connaissez-vous des gens qui ont perdu leur emploi après une « restructuration » de l’entreprise où ils travaillaient?
Connaissez-vous des initiatives qui ont été mises de l’avant pour contrer les effets pervers de certaines décisions économiques?
Le cercle vicieux de l’isolement
Dès qu’il est question d’économie, de qualité de vie ou de recherche d’emploi, l’isolement des personnes est considéré comme un facteur très important. Plus une personne ou une famille est isolée, plus elle a de chances d’être pauvre, et plus elle est pauvre, plus elle a tendance à s’isoler…
Certaines personnes n’arrivent pas à « faire leur marque » dans leur milieu. Elles connaissent alors une dérive socio-économique, souvent silencieuse ou cachée. Plusieurs chercheurs ont démontré que l’isolement est ainsi lié à la pauvreté et à l’exclusion, et vice-versa.
Connaissez-vous des personnes qui, parce qu’elles n’ont pas d’emploi ou ont un très faible revenu, se sentent inutiles, coupables ou exclues?
Pourriez-vous donner des exemples de comportements individualistes qui contribuent à l’appauvrissement?
La pauvreté, un héritage?
Même au XXe siècle on a parfois tendance à considérer la pauvreté comme une sorte d’héritage. Il est vrai que, dès la naissance, un bagage familial est social nous influence. Il serait illusoire de dire que nous avons tous, au point de départ, la même égalité des chances ! Si nous sommes tous égaux, certains sont plus égaux que d’autres…, dit-on aussi parfois, non sans une touche d’humour. Par ailleurs, l’expérience démontre que nous avons la capacité d’orienter, de transformer et d’améliorer ce que nous avons reçu. Cette part de responsabilité personnelle demande toutefois plus d’effort et de courage à ceux qui sont moins favorisés au départ.
Avez-vous déjà été témoin de situations de souffrance et de pauvreté qui semblaient avoir été reçues en héritage?
De quel genre de soutien les personnes ainsi défavorisées ont-elles besoin?
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