« A peine sortie de l’enfance, j’étais maman. »

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Au « hit-parade » européen, la Grande-Bretagne détient le record des maternités précoces. En 1997, 8.300 jeunes filles de moins de 16 ans se sont retrouvées enceintes, soit quatre fois plus qu’en France et en Espagne, huit fois plus qu’aux Pays-Bas et en Belgique. D’après une étude de l’ONE, en 1997, on comptait 5.750 mères de moins de 20 ans, soit 5% des naissances. Le Hainaut est la province où la proportion de mères de moins de 20 ans et de bébés de petit poids à la naissance (inférieur à 2.5 kilos) est la plus élevée du pays.
Léa Dubois, 21 ans, est maman d’une petite Orane de 6 ans. « J’ai eu la chance de bénéficier du soutien de mes parents et de mon petit ami ! Sans eux, je ne vois pas comment je m’en serais sortie. A 15 ans, j’étais une gamine, je n’avais pas réalisé que mon corps changeait ! Un bébé, c’était comme jouer à la poupée. J’en étais au cinquième moins quand ma mère s’est aperçue de mes rondeurs. Elle s’est mise à pleurer. Papa était fou de rage. Ils ont prévenu les parents de mon copain. Du jour au lendemain, ma vie a été chamboulée. Je ne pouvais plus aller au cinéma, manger une glace… Trop honteuse, je me suis cachée jusqu’à la naissance d’Orane. » Heureusement, dès la naissance, la jeune Léa a pu compter sur son entourage. « Quand j’ai eu Orane dans les bras, ça été magique, même si je ne comprenais pas bien ce qui m’arrivait. Mes parents ont été fabuleux. Nous nous sommes serrés les coudes. A 17 ans, je suis retournée à l’école où j’ai été bien accueillie. A 20 ans, je me suis mariée avec le papa d’Orane. J’ai voulu qu’il ne se sente pas obligé de m’épouser à cause d’Orane ! Quand nous sortons danser, nos parents assurent le baby-sitting. Nous allons prendre notre temps pour un second enfant. J’étais trop jeune, je suis passée à côté de beaucoup de choses. »
Hélène, elle, a choisi l’adoption. Elle avait 15 ans lorsqu’elle est tombée enceinte. « Issue d’une famille ouvrière, je menais une vie simple. J’ai découvert ma grossesse tardivement. J’avais bien quelques nausées, mais je ne pouvais imaginer ce qui m’arrivait. A 6 mois, il a fallu se rendre à l’évidence : un petit bébé grandissait en moi à l’insu de tous. Mais, il devenait difficile de le cacher sous des gros pulls. Je ne savais comment annoncer « la nouvelle » à mes parents. Leur position fut claire. On m’éloigna du village. On prétexta des vacances chez une tante. A mon retour, mon petit ami Marc et sa famille avaient déménagé… »
Seule, Hélène dut finalement renoncer à devenir maman. « J’ai été complice avec mon bébé. La nuit, je lui parlais. Je le sentais bouger. En mon for intérieur, je savais que je ne pourrais le garder. J’étais jeune, fragile, incapable d’assumer. J’ai tourné et retourné le problème pour parvenir à un constat : pour élever un enfant, il faut être deux. J’ai appris l’existence d’une association venant en aide aux jeunes femmes en détresse. Celle qui m’a reçue m’a inspiré confiance. J’ai été accueillie comme une femme normale. Je me suis confiée comme jamais. On m’a écoutée sans m’interrompre, sans chercher à faire pression. Cet enfant méritait d’avoir un vrai foyer. J’ai passé la fin de ma grossesse dans une maison d’accueil. »
Contrairement à ce que pensent les gens, Hélène n’a pas nécessairement choisi la facilité. « Je n’ai pas pensé à mon chagrin ou à la difficulté de vivre loin de mon fils. Je n’avais pas le droit de le priver d’une famille. Un couple l’a adopté. Il a été choyé, cajolé. Ce n’est pas facile de ne plus revoir ce bébé qu’une sage-femme a posé un jour sur mon ventre. Jamais, je ne l’ai oublié. Il reste dans un coin de mon cœur. »

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