Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ?

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Les résultats d’une enquête menée en Belgique et en Europe sur les valeurs viennent de paraître. A cet égard, Le Soir du 14 octobre 2000 titrait « Le bonheur du Belge », c’est la famille. De fait, une donnée significative ressort de l’étude : la famille est le domaine de vie privilégié par les Belges, toutes régions confondues. Voilà donc un constat qui ne peut qu’interpeller.

Que dit l’enquête ?

Avec un score de 96%, la famille reste la grande valeur dans le cœur des Belges. La famille fait mieux que le travail (90%), les amis (89%) et le temps libre (87%). Elle semble même deux à trois fois plus importante que la religion (45%) et la politique (31%).
Mais, il faut mettre l’attrait pour la famille en relation avec d’autres indications de l’enquête qui permettent d’affirmer le sens de ce choix. Les Belges interrogés expriment que leur préoccupation essentielle est celle du bonheur et du plaisir vécus dans un cercle privé restreint. La famille représente donc essentiellement un lieu de repli sur son petit monde (syndrome du cocon). Elle serait donc la manifestation d’un certain décrochage vis-à-vis de la vie sociale en elle-même.
Les auteurs de l’étude parlent d’une famille qui « est au service de ses membres et non l’inverse. Chacun se veut libre de construire pour soi-même ses valeurs, ses croyances, ses normes, ses mœurs et son mode de vie. » C’est aussi le triomphe de la vie sociale et festive plus que de la société construite et solidaire que représente la politique et l’Etat.

Repli sur soi ou solidarité ?

Comme le commente assez justement Bernadette Bawin, professeur de sociologie de la famille à l’Université de Liège et un des co-auteurs de l’étude, « ce qui intéresse avant tout aujourd’hui, c’est un certain art de vivre, et surtout le bonheur dans le couple… Tout semble ramené à soi, à un individualisme que tous les sociologues constatent dans les sociétés occidentales. On ne croit plus dans les grandes causes collectives, les partis politiques… On préfère croire aux valeurs individuelles. »
Par ailleurs, les médias se sont adaptés pour distraire les familles ou mieux encore pour leur apprendre comment vivre en famille dans les meilleurs conditions d’hygiène ou éducative.
Deux grandes fonctions sont généralement reconnues à la famille, à savoir : être le premier lieu de développement personnel, mais aussi être le premier lieu d’implication active de l’individu dans la société. Il semble donc que si la première fonction est fondamentalement intégrée par chacun d’entre nous, il n’en va pas de même pour la seconde, bien au contraire.
Cette évolution pose un problème en soi. En effet, la recherche d’amour ou de l’amour avec un grand A, d’affection, de rencontres ou d’amis, de reconnaissance de soi, voire de la satisfaction de notre ego ou de notre voyeurisme est non seulement compréhensible mais souhaitable pour sa propre réalisation , pour son équilibre quitte à zapper sur des programmes où on peut licencier aussi des gens, par exemple. Mais, l’équilibre social, la construction de la société demandent, quant à eux, une implication et une intégration des individus dans la vie sociale. Le risque est donc que le désintérêt progressif et manifeste vis-à-vis de la chose publique, ne conduise à une sphère politique qui n’aurait plus de démocratique que l’apparence. Les affaires de la collectivité seraient laissées par dédain aux mains d’intellectuels éclairés ou à des familles politiques. Ceux-ci se verraient confier la gestion politique avec pour seul et dernier verrou – qui ne tarderait pas à sauter – un vote approbation ou un vote sanction.
D’autres mécanismes démocratiques existent aujourd’hui et ils sont extrêmement importants. Il s’agit de la presse (information et liberté d’expression), des syndicats – associations – groupes de pression (liberté d’association et d’action), de la police et la justice (sécurité), de l’enseignement (éducation et connaissance), etc. S’en désintéresser consisterait à les vouer à une mort certaine, à mettre en péril fondamentalement la démocratie.

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