Adieu l’enfance !

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Chacun d’entre nous est un être unique. Notre physique, notre caractère sont différents, nous portons des vêtements différents. Il y a pourtant des expériences que nous faisons tous : chacun d’entre nous vient au monde… et meurt un jour. Il y a aussi des périodes de la vie que nous traversons tous, que nous soyons belge, marocain ou indien.

Rites initiatiques.

Dans toutes les cultures et dans toutes les religions, les étapes importantes de la vie sont marquées par des cérémonies religieuses ou par des rituels. Ces rituels ressemblent un peu au spectacle d’un groupe musical. On s’y prépare soigneusement et on porte des vêtements de fête adaptés pour ne pas détonner. Le lieu de l’événement est choisi et préparé avec soin. Les rituels se déroulent toujours dans des lieux lourds d’ambiance, souvent sacrés. Parfois, on y danse. Mais, on fait surtout des choses dont on se souviendra. Et même si certains actes que l’on accomplit existent depuis des siècles, ils ne sont jamais ennuyeux. Au contraire, ils apportent un plus au rituel. Ces actes souvent séculaires se transmettent de génération en génération. Demandez donc à vos grands-parents comment ils ont fêté leur passage de l’enfance à l’âge adulte. Vous trouverez certainement un certain nombre de similitudes. Les différences cultures et religions célèbrent toutefois ce passage de façons très différentes. Ces rituels portent parfois le nom de rites initiatiques parce que le jeune est initié au monde des adultes.

Profession de foi.

Dans l’Eglise catholique, c’est la profession de foi qui célèbre le passage de l’enfance à l’âge adulte. Cette profession de foi (suivie de la confirmation) n’est en fait rien d’autre que le moment où le chrétien dit personnellement : « Je crois. Je veux vivre en chrétien. » Au baptême, ces mots avaient déjà été prononcés par le parrain et la marraine du bébé. Mais, le jour de sa profession de foi, le garçon ou la fille sont désormais assez grands pour choisir eux-mêmes s’ils veulent ou non suivre les traces de Jésus. Pendant le rituel de confirmation, le jeune est oint avec un mélange d’huile d’olive et de baume. La célébration à l’église est souvent suivie d’une fête en famille. La préparation à la profession de foi et à la confirmation se fait en petits groupes qui se réunissent régulièrement pendant une ou deux années précédant l’événement, après lequel le jeune est définitivement intégré dans la communauté religieuse.

Croque en jambe.

Dans la culture Wayuu, en Amérique du Sud, les filles et les garçons ont des fêtes totalement différentes. Après leur première menstruation, les filles sont enfermées dans une hutte. A partir de ce moment-là, elles ne peuvent plus avoir de contact qu’avec les femmes du village. Ces femmes leur apprennent tout ce qu’elles doivent savoir pour être de bonnes épouses comme, par exemple, à tisser des hamacs. La fille ne peut sortir de sa hutte que la nuit pour se laver. Elle doit parfois même attendre 3 ans avant de pouvoir quitter la hutte ! Ensuite, il y a une grande fête et des danses. La jeune fille peut danser avec les garçons et doit essayer de les faire trébucher. Elle montre ainsi qu’elle est le chef, parce que dans les peuples Wayuu, ce sont les femmes qui commandent.

Le cordon sacré.

Pour les garçons hindouistes, la cérémonie se déroule quand ils ont entre 8 et 11 ans. Chez les juifs, les garçons doivent montrer pendant la cérémonie qu’ils maîtrisent déjà les textes religieux. Chez les hindous, la fête marque plutôt le début de l’initiation : les garçons devront dès lors tout apprendre des traditions et des livres saints de leur religion. Le rituel upanayana ou rituel « du cordon sacré » commence par diverses bénédictions et bains rituels. Ensuite, le prêtre noue un long cordon de fils tressés, sur l’épaule et sous le bras du jeune garçon. Pendant le rituel, le prêtre prononce ces mots : « Puisse ce cordon sacré détruire mon ignorance, me donner une longue vie et développer mon intelligence. » Le garçon répète cette phrase après lui. Il portera ce cordon pendant toute sa vie. Le rituel existe probablement depuis plus de 3000 ans. Juste avant le début de la cérémonie, le garçon partage avec sa mère le dernier repas de sa jeunesse et offre du beurre au dieu Agni.

Tondu.

En Asie du sud-est, il existe un rituel spécial pour accueillir les enfants dans le monde des adultes. Les garçons et les filles sont habillés comme des princes et des princesses. Ensuite, ils se rendent en procession au monastère le plus proche, escortés de musiciens et d’une foule d’invités. Une courte cérémonie a lieu dans le monastère au cours de laquelle les enfants disent clairement qu’ils acceptent totalement la foi bouddhiste. Ensuite, on leur tond la tête et ils échangent leurs habites de fête contre une robe de moine orange clair. Ce changement de vêtements symbolise le fait qu’ils ne veulent pas dépendre des biens matériels et préfèrent s’intéresser aux choses spirituelles, comme la religion. Après la cérémonie d’initiation, les garçons passent un certain temps dans le monastère. Parfois, une nuit à peine, ou une semaine. Ils peuvent évidemment aussi choisir de rester définitivement dans un monastère.

Bar-Mitsva.

Dans la religion juive, les jeunes garçons sont considérés comme des adultes à partir de l’âge de 13 ans. Cela implique également qu’à partir de ce moment, les garçons doivent respecter toutes les lois du judaïsme. La fête qui célèbre ce passage s’appelle la « bar-mitsva ». Pendant sa bar-mitsva, les garçons ont donc besoin d’une longue préparation pour faire leur bar-mitsva. Une fois cette difficulté surmontée, une grande fête est organisée. Et les filles ? Autrefois, il n’existait pas de fête similaire pour les filles, bien que les filles juives deviennent elles aussi un jour des femmes. D’après la religion juive, les filles deviennent adultes à 12 ans. Mais autrefois, on considérait que les femmes ne devaient ni lire la Torah ni se plonger dans la religion. C’était une affaire d’hommes. Inutile donc de faire une fête… Depuis, les choses ont changé, et la plupart des jeunes filles juives d’aujourd’hui ont droit à une aussi belle fête que les garçons. Seule différence, le nom de la fête. Pour les filles, on ne parle pas de bar-mitsva mais de bat-mitsva.

Carte du ciel.

En Chine, le confucianisme possède lui aussi un rite particulier pour les garçons. La date de la fête est déterminée après consultation de la carte du ciel. La position des étoiles indique le jour et l’année auxquels les garçons deviendront adultes. Le moment est donc différent pour presque tous les garçons. Le jour de la cérémonie, le garçon va se placer sur la plus haute marche du temple confucéen, sur le côté orienté à l’est. On lui met ensuite trois chapeaux sur la tête. Chaque chapeau symbolise une partie de sa vie. Le premier chapeau est le moins beau. Chaque chapeau est plus beau que le précédent. Quand les trois chapeaux sont sur la tête du garçon, il va saluer sa famille comme un adulte.

Etre adolescent ailleurs.

Les aborigènes d’Australie occupaient le pays depuis sans doute des milliers d’années lorsqu’a commencé la colonisation par les Anglais en 1788. Les aborigènes constituaient une population extrêmement pauvre, vivant seulement de chasse, de pêche et de cueillette, et d’un niveau technologique très bas : ils appartenaient à l’Age de la Pierre, c’est-à-dire qu’ils fabriquaient et utilisaient des armes et des outils de bois et de pierre, mais non de métal (comme le fameux boomerang). A part leur attirail de chasseurs, ils ne possédaient pratiquement rien : quelques plats en bois, des morceaux de bois pour obtenir du feu par friction, des objets réputés magiques, pas de vêtements et, en général, pas de huttes. Ils ne pratiquaient alors ni l’élevage, ni l’agriculture. Cette pauvreté matérielle (à nos yeux) n’empêchait pas une vie sociale élaborée, remplie de coutumes, de rites, de règles, de croyances fort complexes. Le totémisme était un des éléments importants de cette organisation sociale. Il s’agit d’un système de croyance qui associe un groupe d’individus à une espèce animale, considérée souvent comme l’ancêtre du groupe. Les groupes se distinguaient ainsi les uns des autres par leurs totems. Quand on demandait à un indigène quelle était sa « chair », il donnait le nom de son totem, kangourou ou émeu par exemple. Les totems permettaient donc aux individus de se reconnaître entre eux et de se distinguer les uns des autres, comme nous le faisons avec les noms propres.
Mais, le totémisme avait aussi une fonction religieuse. Chaque tribu comportait un certain nombre d’associations qui avaient pour fonction de perpétuer le culte d’un des totems de la tribu, de célébrer des cérémonies en faveur du totem et de conserver et de transmettre l’histoire mythique du totem (c’est-à-dire les exploits des héros mythiques associés au totem).
Seuls les hommes qui avaient subi l’initiation pouvaient participer à ces associations cultuelles. L’initiation était donc perçue comme un privilège réservé aux adultes de sexe masculin. Les jeunes gens se sentaient donc attirés par l’initiation et la vie secrète qui l’accompagnait et à laquelle femmes et enfants ne participaient pas. On comparera facilement ces rites d’initiation à une cérémonie religieuse comme la communion.
S’ils présentent des différences dans les détails, les scénarios initiatiques n’en sont pas moins partout agencés dans les grandes lignes de la même façon. En général, quand les anciens et le père décident que l’heure est venue pour le garçon de recevoir l’initiation, on le fait sortir du camp dans la forme rituelle consacrée. Pleurant, poussant des cris, les femmes se livrent à un tel simulacre de résistance qu’elles vont même jusqu’à faire usage de sagaies. Il arrive aussi que le père en fasse autant. C’est alors qu’on badigeonne certaines parties du corps du jeune homme soit avec de l’ocre rouge, soit avec du sang humain. Il est une région où, au lieu de cela, on lui accroche un coquillage autour du cou pour montrer que l’apprentissage initiatique a commencé. Ensuite, selon une coutume répandue dans de nombreuses tribus, des messages sont envoyés dans les divers groupes locaux pour les inviter à participer à la cérémonie. D’habitude, ils emmènent le novice avec eux, mais parfois ils vont seuls. En d’autres termes, ils le présentent à ceux qui sont déjà initiés pour que ces derniers consentent et aident à son noviciat. Au départ ou au retour, le jeune homme peut se voir lancer en l’air, mordre le cuir chevelu et percer la cloison nasale.

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