Chronique d’un passage

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Les jeunes, de nos jours, sont généralement sympathiques, ouverts, mais surprenants ! Comme – sans doute – ceux des générations passées. De plus en plus nombreux à avoir voyagé ou séjourné à l’étranger, pour des échanges linguistiques, ou parce que leurs parents ont les moyens de leur offrir de grands déplacements, certains se sont éloignés, le temps de préparer un diplôme d’université étrangère, celui d’une coopération ou d’une expérience professionnelle. J’évoque ici, c’est clair, ceux qui appartiennent aux classes aisées de la société, les plus favorisés. Dans d’autres milieux, il arrive malgré tout que des jeunes fassent aussi des expériences analogues. Dans certaines localités, ne voit-on pas, dès le premier degré, des enfants de toutes classes sociales partir trois semaines aux USA ?
Résultat : ils « connaissent » tout. La télévision et internet tenant, par ailleurs, une place considérable dans leur éveil à une conscience mondiale, rien ne leur échappe. Ils sont capables de parler de la plupart des pays. Ils en possèdent quelques-unes des langues. Grâce à Internet, ils sont voisins avec des Australiens ou des Suédois.
Dans le même temps, et en conséquence, il leur paraît de plus en plus difficile de vivre à l’étroit, de s’enfermer dans un cadre qui leur paraît vite limité : celui de la famille, celui d’un travail suivi et parfois monotone.
Alors, beaucoup étouffent. Et l’on voit certains d’entre eux, non seulement rêver de partir toujours plus loin, mais s’évader pour de bon. Telle jeune femme n’hésitera pas à quitter son mari parce qu’elle ne supporte plus la vie à la campagne ou dans une ville moyenne, ou encore parce qu’elle donne la priorité à son avenir professionnel plutôt qu’à une vie familiale qui lui paraît vite contraignante.
Nous constatons une certaine maturité chez beaucoup de ces jeunes. De fait, ils sont capables de se lancer dans de grandes aventures que leurs parents ont rarement tentées (voyages vers l’inconnu, expériences de vie internationale…). Dans le même temps, leur immaturité fait peur. Ils hésitent, même parvenus aux environs de 30 ans, à se fixer dans le mariage et à mettre au monde des enfants. Et s’ils le font, nous savons qu’une proportion non négligeable d’entre eux ne résiste pas à quelques années d’une vie qu’ils trouvent monotone, à moins qu’ils ne « s’éclatent » en sorties, en voyages, au cours de week-ends ou de vacances avec des amis. Difficilement capables de vivre un tête-à-tête exigeant, comment peuvent-ils envisager de durer longtemps dans le mariage, par exemple ?
Maturité… certes oui, par bien des aspects ! Ces jeunes que nous rencontrons en savent plus, beaucoup plus que nous en savions de la vie lorsque nous avions leur âge. Ils ont tout expérimenté. Nous étions, nous-mêmes, des enfants ! Ils ont de bonnes relations avec leurs parents. Mais, comment ne pas se préoccuper de l’immaturité constatée : ils vivent l’instant présent, à fond. Ils peuvent être très généreux. Il faut, en tout cas, que demain soit différent d’hier. Ils ne supportent pas la répétition.
Que de questions, pour eux et pour nous ! Mais, surtout, que de conséquences pour le mariage, la vie familiale et les grands choix de la vie qui s’imposent un jour ou l’autre, et qui sont devenus si complexes de nos jours : il faut bien le dire à la décharge des jeunes !

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