La dimension communautaire de l’Eglise au XXIe siècle

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Document 7 : Le bonheur.

Jésus est venu annoncer une bonne nouvelle aux pauvres, guérir des malades, rendre la joie aux attristés, redonner leur dignité aux méprisés, apprendre à aimer jusqu’à faire du bien à ceux qui font du mal. Il est venu proposer le bonheur de Dieu aux Hommes. Mais, le bonheur est-il un rêve ou une réalité ? Dieu veut-il vraiment notre bonheur ? Enfin, être chrétien, ne serait-ce pas de participer à la lutte victorieuse du Christ sur le mal ?

Comme les Hommes aspirent au bonheur, le but de la publicité commerciale est de faire connaître, apprécier et désirer une chose afin de la faire acquérir par des clients intéressés. Pour cela fabricants et commerçants disent à leurs clients éventuels que : « Si vous achetez mon produit, vous serez certainement plus heureux que maintenant… ».

Alors, être heureux, qu’est-ce que c’est ? En quoi cela consiste-t-il ? En fait, comment peut-on devenir heureux ? C’est vrai que, lorsque nous lisons les slogans publicitaires, nous comprenons que la publicité fait rêver à ce qui pourrait rendre la vie agréable ou confortable en sous-entendant que le bonheur consiste dans la possession de tout cela. Mais, le bonheur réside-t-il uniquement dans le bien-être et le confort ?

Nous ne savons plus dans quelle société nous vivons ou plus, exactement quelle société découvrent nos enfants. Si nous croyons toujours que nous leur transmettons un certain acquis culturel à travers les canaux traditionnels, nous nous trompons. Le jeune esprit qui s’éveille dans le monde occidental et d’abord impressionné par les informations de l’environnement matériel et commercial. Il est instruit par les objets, les vitrines, les affiches, les annonces, les spots publicitaires, bien plus que par les discours de ses parents et des ses maîtres. Or, ces supports disent tous la même chose : ils répètent à l’envi que nous vivons dans une société d’abondance fortement érotisée et que l’essentiel est de posséder des objets manufacturés.

Source : François de Closets, Le Bonheur en plus, Ed. Denoël.

Il est vrai que parfois, on peut se demander ce qui rend les gens heureux ?

Samedi dernier, on faisait une intervention très importante à deux équipes de médecins et d’infirmières. On a eu un gros pépin, la malade s’est mise à saigner. Impossible d’arrêter l’hémorragie. Choc opératoire très fort, mort pratiquement inévitable. C’était une jeune femme. On s’y est tous mis pour la sauver. On s’est acharné. On a bataillé pendant trois heures… et on l’a sauvée. Tu ne peux pas savoir ce qu’on ressent quant on travaille comme ça en équipe et qu’on a un résultat. C’est extraordinaire ! Il était trois heures de l’après-midi, on n’avait pas mangé et on s’en fichait. C’était évidemment le bazar, mais on s’en fichait aussi.

Michèle, infirmière.

Oleg était heureux. Brusquement, il s’était senti submergé, entraîné par la sensation de la vie retrouvée, cette vie dont, il y avait tout juste quinze jours, il s’était cru congédié. Bien sûr, cette vie ne lui promettait rien de bon – de ce qu’on appelle ainsi du moins – et pour quoi se battaient les habitants de cette grande ville : ni appartement, ni bien matériels, ni succès social, ni argent, mais il y avait d’autres joies intrinsèques, des joies que lui n’avait pas désapprises, dont il savait toujours le prix : le droit de marcher sur cette terre sans obéir à un ordre ; le droit d’être seul ; le droit de regarder les étoiles sans être aveuglé par les projecteurs du camp ; le droit d’éteindre la lumière pendant la nuit et de dormir dans l’obscurité ; le droit de jeter des lettres dans les boîtes à lettres ; le droit de se reposer le dimanche ; le droit de se baigner dans la rivière… Et tous ces droits, merveilleux et innombrables, sa propre guérison les lui rendait ! Sans bouger, il fumait et il exultait.

Source : Soljenitsyne, Le Pavillon des Cancéreux, Ed. Julliard.

Le bonheur est donc une manière d’être, un état dans lequel on se ressent satisfait. Il se manifeste par la joie éprouvée dans l’accord existant entre moi et ce qui m’entoure ; dans l’action que je pose ; dans la rencontre d’autres gens avec qui je suis en sympathie.

Toutefois, peut-on parler de bonheur dans un monde où tant de faits sont d’une incroyable laideur ? Ainsi, dans la même page d’un journal, on peut lire, par exemple :

  • que le typhon Alex a fait 158 victimes en Corée ;
  • que les inondations ont causé 5.000 morts au Chili ;
  • qu’abandonné, un chien s’est laissé mourir de faim ;
  • que six toiles de maîtres ont été volées à Zaventem ;
  • qu’un pyromane a incendié 12 hectares de résineux à Saint-Jean ;
  • que les accidents de la circulation ont causé 15 morts dans la seule province pendant le week-end ;
  • qu’un toxicomane a extorqué 10.000 euros à sa grand-mère ;
  • que le pouvoir d’achat a encore diminué ;
  • que le prix du pétrole a encore augmenté ;
  • que …

Souvent, nous commençons trop fréquemment par accuser les événements, les autres, les institutions et même Dieu… Mais, à force d’accuser tout le monde, nous finissons par être méprisants, impitoyables, révoltés,… et nous ajoutons notre part au malheur du monde. Le mal, pour une bonne part, prend sa source dans notre propre cœur car le monde ne fonctionne pas en fonction du bien mais en fonction du mal. En fait, chacun de nous pervertit (= change en mal) ses tendances au bonheur. Ainsi, l’homme cherche son bonheur en étant en accord avec ce qui l’entoure. Mais, il pervertit cette tendance normale :

  • en voulant des choses qui appartiennent à d’autres (il vole, il viole, il convoite le bien d’autrui, la cupidité) ;
  • en accaparant les richesses au détriment des autres (les guerres, l’avarice) ;
  • en provoquant le malheur des autres en mentant (le mensonge) ;
  • en mangeant bien plus que ce qui est nécessaire (la gourmandise) ;
  • en devenant l’esclave de la société de consommation (la luxure) ;
  • en se mettant au service exclusif de lui-même (ambition, orgueil) ;
  • en asservissant les autres (esclavage, prostitution,…).

Au fond, l’homme désire être heureux dans sa relation aux autres. Mais, il pervertit cette tendance. Sans cette perversion, peut-être n’y aurait-il pas de mal ? Jaak Panksepp (1982, 1989) préfère parler de « désirs » plutôt que de plaisir car il correspond à ce que les physiologistes appellent les motivations appetives, recherche de nourriture, d’un partenaire sexuel, etc. L’auteur fait remarquer qu’il y a plaisir lorsque la peur ou la colère cesse et pour cette raison distingue plaisir et désir. Mais, cet argument est discutable ; et, lorsque la douleur, colère ou peur s’arrêtent, il y a plutôt un traumatisme plutôt que du plaisir. Plaisir et désir peuvent donc être considérés comme synonymes du bonheur.