Briser la spirale de la violence
Document 4 : Le cheval d’Al-Mamum.
Le calife de Baghdad nommé Al-Mamum possédait un magnifique cheval arabe. Un membre d’une tribu, nommé Omah, était désireux d’acheter le cheval. Il offrit plusieurs chameaux en échange. Mais, Al-Mamum ne voulait pas se départir de son cheval. Ce qui rendit Omah tellement furieux qu’il décida d’acquérir le cheval par ruse.
Informé qu’Al-Mamum devait passer à cheval sur une certaine route, il se coucha le long de cette route, déguisé en mendiant très malade. Or, Al-Mamum était un homme au cœur tendre. A la vue du mendiant, il le prit en pitié, descendit de cheval et lui offrit de l’amener dans un sérail.
« Hélas ! se lamenta le mendiant, je n’ai pas mangé depuis des jours et n’ai pas la force de voyager. » Alors, Al-Mamum souleva doucement l’homme, le plaça sur son cheval, avec l’intention de monter ensuite avec lui. Dès qu’il fut en selle, le mendiant partit au galop, et Al-Mamun courait après lui et lui criait d’arrêter. Quand il fut à une bonne distance de son poursuivant, il s’arrêta et regarda en arrière.
– Tu m’as volé mon cheval, cria Al-Mamum. J’ai une faveur à te demander.
– Laquelle ? cria l’autre.
– Que tu ne dises à personne comment tu as acquis le cheval.
– Et, pourquoi ?
– Parce qu’un jour, quelqu’un de réellement malade peut être couché le long de la route et, si ton stratagème est connu, les gens passeront près de lui sans lui porter secours.
Conte d’Orient, A. de Mello.