SIDA ? Bombe à retardement ! (Guy GILBERT, Jusqu’au bout, pp. 28-29)

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« Baisez comme des castors, la capote est faite pour ça », clament nos affiches. L’Eglise est partie en guerre contre ce fameux bout de caoutchouc. L’Etat, lui, continue imperturbable à ne parler que de prévention. L’Eglise contre-attaque : « Il n’est pas normal de ne présenter l’amour physique que sous la forme d’une mort possible si on ne se protège pas. »
La guéguerre pour ou anti-capote continue. Les jeunes vont au plus facile, tout en jugeant l’Eglise réactionnaire sur ce sujet. C’est un des thèmes les plus fréquemment abordés dès que des jeunes s’adressent à un prêtre. La position de Jean-Paul II et de Benoit XVI est claire : « Pas d’objets qui ne soient pas naturels entre les corps. » Cela veut dire en gros qu’ils dénoncent le fait que bientôt, pour faire l’amour, il faudra se munir d’une valise, avec pilules, stérilets, capotes, etc. Les corps, quand ils s’unissent, ne peuvent s’embarrasser de gadgets que répugnent beaucoup, même s’ils s’avèrent nécessaires parfois. L’embarras des jeunes est certain face à leur partenaire pour mettre à l’endroit choisi, et au moment choisi, le préservatif. Mieux vaut évidemment mettre la capote quand on ne peut pas résister à une pulsion sexuelle de passage, et un jour réfléchir sur la maîtrise sexuelle, que de ne pas le mettre, et s’envoler prématurément vers l’éternité, là où il n’est plus le temps de réfléchir.
L’Eglise surtout appelle à faire l’amour non horizontalement et à la James Bond, mais verticalement (« pour mes reins de soixante ans, ce n’est pas évident », m’a décoché avec humour un ancêtre), c’est-à-dire à la maîtrise sexuelle, au don du corps et du cœur, à la tendresse qui prépare un jour à l’amour.
Cette exigence, l’Eglise doit la maintenir, mais en nuançant avec délicatesse et compréhension pour un temps qui appelle à l’amour physique en négligeant son principe : le cœur, et son corollaire, prendre du temps pour s’aimer. Cette maladie, souvent liée à un manque d’amour, à une recherche désespérée de l’amour, exige de nous, chrétiens, une immense compassion et tolérance. L’accompagnement des malades du SIDA est une des priorités les plus urgentes de notre temps. En attendant, les lettres de détresse que je reçois se multiplient.

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