Marginaux, comprendre sans juger

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Des marginaux, il en existe des quantités : des mendiants aux squatters, des gitans aux drogués, des homosexuels aux prostituées, des handicapés aux délinquants,… Alors question-piège, comment définir la marginalité ?
Monsieur de la Palisse s’en tirerait par une de ses évidences dont il a le secret : « La marginalité, c’est vivre en marge ». Mais, en marge de quoi : de la société, de la norme, de la normalité, de la moralité ? Entre deux homosexuels qui vivent en couple et un père de famille qui bat ses enfants, qui est marginal ? Où est la normalité ? Où est la morale ? A chacun ses réponses.
Difficile donc de tracer les frontières de la marginalité, car la société est en constante évolution. (En bien ou en mal ? C’est un autre débat !) Les mères célibataires qui, il n’y a pas si longtemps, étaient montrées du doigt, ne suscitent plus d’étonnement. Aujourd’hui, la famille classique (un papa, une maman et des enfants) cède du terrain aux familles monoparentales (une femme ou un homme seul pour élever un ou des enfants) et aux familles reconstituées (parfois par le mariage). De même, les divorcés, de plus en plus nombreux, ne sont plus mis à l’écart de la société. L’union libre est entrée dans les mœurs alors qu’il y a quelques années encore on parlait de concubinage, un terme plein de réprobation !
La réprobation, le dédain sont d’ailleurs les sentiments qui entourent le plus souvent la marginalité. Derrière une telle attitude, se cache un rejet de la différence, une forme d’intolérance, une crainte de l’autre parce qu’il ne nous ressemble pas et qu’il fait peur parce que la différence fait peur.
Les marginaux sont-ils exclus de la société ou s’excluent-ils eux-mêmes de la société ? Tout dépend des cas. Il n’existe pas une mais bien des marginalités. On peut cependant distinguer au minimum trois ordres de marginaux. Il y a ceux qui sont marginaux parce qu’ils le souhaitent. Inutile de demander à un Rom de vivre dans une cité modèle. Il y a ceux qui sont marginaux involontairement et qui ne parviennent pas à s’en sortir. L’attente devant un guichet de CPAS est une chose tellement épouvantable que le misérable clochard préfère s’en retourner vers son banc public. Enfin, il y a ceux qui sont « marginaux » parce qu’entre eux et la société existe un divorce profond et que rien n’est encore prévu pour eux. Ce sont les homosexuels, les drogués,… .
Qu’il s’agisse de marginaux par désir, par obligation ou par rejet, personne n’a le droit de les juger sans avoir essayé humainement de les comprendre. Quant à l’indifférence, solution de facilité, elle est peut-être aussi coupable. Le marginal serait donc une personne qui ne s’intègre pas dans la société, qui vit en marge. Il n’est pourtant pas facile de préciser ce qui est « normal » dans les aspects de la société. Ce qui pourrait être simplement un couple qui vit du salaire de son travail, qui a un ou deux enfants, qui paie des impôts et qui a un logement fixe. Seraient donc des marginaux dans ce cas, à des titres et des degrés divers, les rentiers, les célibataires, les moines, les béguines, les clochards, les étudiants, les tsiganes, les bateliers, les délinquants, les vieux, les handicapés, les prostituées, etc.
N.B. La difficulté de se loger pour les marginaux ayant peu ou pas d’argent a amené certains, à partir de 1948, à occuper de force des maisons inhabitées. On les appelle des squatters.

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