Le Quart Monde et les « nouveaux pauvres »

posted in: Parcours D | 0

On ne peut plus le cacher désormais : il existe un sous-prolétariat en Belgique. Ces défavorisés de notre système économique déjà surendettés sont aussi des cumulards de la détresse. En effet, leur handicap financier les rend particulièrement vulnérables à tous les malheurs qui peuvent s’abattre sur un individu : problème de santé, d’argent, d’éducation, de logement, problèmes affectifs… Le sous-prolétariat est devenu à la longue un phénomène social généralisé dans nos pays industrialisés. Mais, ce phénomène n’est pas propre aux villes. Au contraire, les représentants du Quart Monde seraient plus nombreux à la campagne, mais moins « visibles », plus dispersés, la ville favorisant leur concentration dans les quartiers insalubres. L’état du sous-prolétariat serait selon certaines théories héréditaires. Le sous-prolétaire naîtrait sous-prolétaire et, prisonnier d’une chaîne d’handicaps le resterait sa vie durant, comme nous l’avons déjà vu dans un document précédent. Bien qu’ils aient en principe droit au minimum vital, les quart-mondistes ignorent trop souvent l’existence d’une forme d’aide social (les restos du cœur, par exemple), soit par manque d’information, soit par peur de l’administration où ils leur faudraient déposer une requête. Cette peur de l’administration, confondue pour eux avec répression, est facilement compréhensible lorsqu’on connaît la facilité avec laquelle les autorités leur enlèvent leurs enfants sous les prétextes, hélas trop souvent réels, de revenus insuffisants pour une éducation minimum, de mésententes conjugales, de tares ou de délinquance dans le chef des parents. Les sous-prolétaires ne possèdent aucun moyen de revendication. Beaucoup parmi eux sont déchus du droit de vote, ou ignorent tout simplement ce droit, leur convocation ne leur parvenant pas (déménagements constants pour échapper à d’éventuelles recherches, pour fuir d’éventuels créancier, pour loger à meilleur marché, ou n’ont tout simplement pas de domicile fixe). Du fait qu’ils ne votent pas, ils n’intéressent donc personne. Leurs problèmes les atteignant individuellement, ils ne se sentent aucune solidarité les uns pour les autres. Ils n’ont donc pas de conscience de classe et ne songent pas ni à unire leurs revendications, ni par la même constituer un groupe de pression qui leur permettrait de les défendre.

Lire également

  1. Schéma d’engrenage de la pauvreté
  2. Vous avez dit quart monde…
  3. Les campings de la honte
  4. Marginaux, comprendre sans juger
  5. Les mécanismes de l’inégalité
  6. Nouveaux pauvres ?