Combattre le mal

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Document 7 : Savoir pardonner, pour ressembler à Dieu.

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Une autre exigence qui s’impose au citoyen du Royaume de Dieu, c’est de savoir pardonner les offenses qui lui sont faites personnellement. Dans son évangile, Matthieu ( 18, 21-35) le souligne très fort en racontant une parabole de Jésus. Le jugement sur chacune de nos vies y est comparé à une reddition de comptes, le péché à une dette et le pardon à une remise de dettes. Cela rejoint la demande que Jésus apprend à faire à ses disciples dans leur prière : « Père des Cieux, pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous. » (Matthieu 6, 12).

Dans le Royaume de Dieu, les choses se passent comme dans l’histoire de ce roi qui voulut régler ses comptes avec ses hauts fonctionnaires. On commença par lui en amener un qui lui devait 10.000 talents. Le talent était une monnaie en or qui équivalait à 6.000 deniers. Un denier était le prix d’une journée de travail. Il s’agissait donc d’une dette colossale : 60 millions de pièces d’argent. Il est inutile de se fonder sur l’énormité de la somme pour chercher à savoir si ce fonctionnaire était un ministre ou un gouverneur de province. La question importe peu. Dans une parabole, les chiffres sont grossis à l’excès pour faire ressortir la disproportion.

De toute évidence, la dette est impossible à combler. Pour punir de tels coupables, on condamnait à l’esclavage, à la déchéance. C’est ce que fait le roi : il ordonne de vendre ce haut fonctionnaire et avec lui sa femme, ses enfants, les biens qu’il possède pour avoir une petite compensation.

Alors, le ministre se jette à ses pieds. Et là, front contre terre, il lui fait cette prière suppliante : « Accorde-moi un délai, je t’en prie, et je te paierai tout ! » Emu devant une telle détresse, à la pensée de l’état misérable et dégradant auquel sa condamnation va conduire le malheureux et sa famille, le roi le relâche et le renvoie quitte de toute sa dette. Il a suffi d’une simple supplication et d’une vague promesse de travailler à tout remettre en ordre. Le roi lui pardonne. C’est inouï ! Il n’est peut-être pas dupe des démonstrations de son ministre. Mais, il est si bon le roi.

Or, à peine sorti du palais, ce ministre rencontre un de ses subordonnés qui lui doit 100 pièces d’argent (la six cent millièmes partie de ce que lui devait au roi). Il lui saute à la gorge : « Tu vas me rendre immédiatement ce que tu me dois ! » Le malheureux tombe à ses pieds et le supplie : « Accorde-moi seulement un délai et je te paierai. » Mais, lui ne veut rien entendre. Mandat d’arrêt, prison : c’est conforme à la loi du temps pour les voleurs qui ne peuvent payer séance tenante. Leurs biens sont confisqués. Alors, bien vite, pour les tirer de là, parents et amis rassemblent, quand ils le peuvent, la somme à rembourser.

Quand il apprend l’odieuse conduite de son ministre, le roi le fait arrêter, le traite de vaurien : « Ne devais-tu pas avoir pitié de ton compagnon, comme moi, j’ai eu pitié de toi ! » Et, il le remet aux mains de la justice. A l’époque, on n’hésitait pas à user de la torture sur les collecteurs d’impôts quand on les soupçonnait de fraude et qu’on voulait arracher des aveux pour découvrir où ils avaient pu cacher de l’argent.

La leçon est claire. Ce roi, sous des dehors de grand justicier, mais dont le cœur s’émeut de pitié et pardonne, c’est Dieu. Il fait à l’homme une remise de dette considérable. Car, l’homme, quand il se révolte contre Dieu, il ne peut de lui-même réparer sa faute, effacer son péché. Mais, cette faveur inouïe que Dieu nous a accordée par Jésus, il nous la retirera si nous n’accordons pas aux autres qui sont nos égaux et nos frères, le pardon des offenses dont ils ont pu se rendre coupable envers nous. « C’est ainsi, conclut Jésus à la fin de la parabole, que mon Père des Cieux traitera chacun de vous, si vous ne pardonnez pas à votre frère du fond du cœur. »

Le pardon est le plus noble sentiment qui puisse jaillir du cœur de l’homme. C’est aussi le plus mystérieux. Car, ce n’est pas dans la nature de l’homme de pardonner. Le pardon a quelque chose de divin. Sa source est en Dieu. Le pardon n’est pas l’oubli. Quand on a beaucoup souffert d’une offense, il n’est pas possible d’oublier : c’est trop ancré au fond du cœur. Par ailleurs, on ne peut pas effacer ou déclarer inexistant un fait qui s’est réellement produit. Le pardon n’efface rien. Il est un dépassement de la souffrance. L’homme offensé et qui pardonne atteint un niveau supérieur où la communion entre les personnes devient possible. C’est l’amour dans tout son dynamisme qui est plus fort que la haine. Le pardon est la plus grande des victoires qu’un être humain puisse remporter.