Enfants du monde

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Ils s’appellent Melakou, Rodney, Vladimir ou Betty. Ils n’ont pas eu la chance de naître dans un milieu ou un pays favorisé. Leur préoccupation première n’est pas de collectionner des dinosaures ou de se procurer le dernier jeu vidéo, mais bien plus souvent de trouver de quoi se nourrir. Bien loin de l’abondance, du luxe et des paillettes, leur vie est pourtant pleine d’espoir. Un espoir qui repose sur la solidarité de tous, la nôtre.
Un peu partout dans le monde, des enfants souffrent d’un manque de soins, de nourriture. Chaque jour, 35.000 d’entre eux en meurent. Des millions d’enfants sont victimes de la guerre, grandissant dans un climat de violence et d’insécurité. Des millions sont exploités comme des esclaves. Des petits garçons et des petites filles qui n’ont pas droit à l’insouciance et à la légèreté de leur âge. Voici épinglés parmi tant d’autres, quelques visages, portraits d’enfants du monde. Et des initiatives mises sur pied pour les aider.

USA : Un pays riche où un enfant sur cinq vit dans la pauvreté.

Est-il préférable de naître pauvre dans un pays du Tiers-Monde, ou de naître pauvre… dans un pays riche ? Vaine question ! Dans le premier cas, l’enfant partagera la même situation, les mêmes difficultés que tous ses semblables, ou presque. Dans le second, il connaîtra la misère qui mène à l’exclusion. Pour l’un comme pour l’autre, l’avenir s’annonce sombre. Aux USA, ex-Eldorado où autrefois tous les rêves étaient possibles, deux fois plus d’enfants que partout ailleurs dans les pays industrialisés vivent en dessous du seuil de pauvreté (revenu familial en dessous de 40.7% du ménage américain moyen). Un enfant sur cinq. L’aide sociale n’est certes par le point fort au royaume du dollar et des subprimes, elle n’a en tout cas pas réussi à juguler la pauvreté galopante (le nombre de familles vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de 40% entre 1999 et 2006). A Los Angeles, Rodney, enfant des quartiers noirs, attend d’être jugé. Retournera-t-il dans la prison qu’il commence à connaître, ou chez sa tante qui s’occupe bien mal de lui ? Sa mère se drogue, son père est en prison. Comme beaucoup de ses copains issus du même ghetto défavorisé (avec un taux de chômage alarmant : 80%), la délinquance est son quotidien. Entre le chômage ou la prison, quel avenir l’attend dans une société qui laisse peu d’espoir à ses laissés-pour-compte ?

Benposta, Colombie : La république des enfants.

Edith, 18 ans, est présidente d’une république peu ordinaire : la république des enfants de Benposta qui dispose de son propre gouvernement, de sa monnaie, de son système éducatif. Le tout géré par des enfants, avec l’aide d’une petite équipe d’adultes, le soutien de l’Etat colombien et d’organisations étrangères dont Terre des Hommes Suisse. Elue par ses compagnons, Edith a choisi elle-même ses ministres, « pour leurs aptitudes aux relations humaines. » Ceux-ci auront la charge des finances, des loisirs, de la santé, de l’entretien ou des activités scolaires. Accueillant des enfants issus de milieux défavorisés, Benposta, a vu le jour en marge de Bogota, capitale où règnent la violence et la misère. Benposta, c’est aussi un système scolaire révolutionnaire qui privilégie la dynamique de groupe, la collaboration et l’entraide ; mais aussi un cirque qui tourne en Colombie et à l’étranger. C’est surtout un lieu d’apprentissage et de vie où chaque enfant dessine son avenir aux couleurs de l’espoir. A Bogota, des milliers d’enfants n’ont pas cette chance. Mais, déjà, grâce au Succès remporté, d’autres << Benposta >> ont pu essaimer ailleurs en Colombie.

Travailleur à dix ans.

Partout où la principale préoccupation quotidienne est de trouver de quoi se nourrir, les enfants représentent une force de travail, un gagne-pain pour leur famille. Timi, dix ans, n’a pas le temps de jouer. Pas le temps d’aller à l’école. Sur l’île de Java, elle travaille avec d’autres enfants dans une usine à tabac. Quand elle rentre à la maison après sa journée, il lui reste encore à faire la cuisine, la vaisselle, s’occuper du petit frère.
Puttan a sept ans, il vit en Thaïlande. Quinze heures par jour, sept jours par semaine, il tisse des tapis. Pour 1 euro par semaine. Avec trois autres enfants, il lui faut un mois pour tisser un tapis qui sera vendu 12.000 euros à Londres. Un travail qui abîme les yeux. Comme il abîme ceux de Shabbir, Kallan, et les autres, qui vivent en Inde et sont tisserands eux aussi. Combien d’entre nous savent que ces magnifiques tapis aux couleurs et aux dessins admirables sont fabriqués par de très jeunes enfants ?

La rue est leur maison.

Dans les grandes villes du Brésil, des millions d’enfants ont fui leur maison, ou ce qui en tient lieu, pour aller vivre dans la rue. Ils sont issus de familles pauvres qui ne sont plus à même de leur offrir la sécurité d’un foyer ou tout simplement de se nourrir. La rue, impitoyable école de la vie qui fait de ces enfants les rois de la débrouille, leur laisse entrevoir tous les espoirs de s’en sortir, d’être autonomes, en même temps qu’elle les expose aux pires dangers. Un certain nombre parviennent à se trouver des petits boulots, mais pour beaucoup, le vol et la prostitution seront les seuls moyens de trouver un peu d’argent, de quoi survivre. Pour ne pas rester seuls, ils se retrouvent en bande. Considérés comme des parias, ces gamins qui ne sont plus des enfants de chœur (comment l’être quand on vit dans telles conditions ?) sont depuis des années traqués, emprisonnés, assassinés par la police et les « escadrons de la mort », souvent commandités par des commerçants excédés. En toute impunité. Ces assassinats sont quotidiens. De notre côté du monde, on s’émeut quand on découvre en pleine rue les corps d’enfants, exécutés en même temps par un « commando punitif. » Sur place, différentes associations travaillent dans des conditions précaires pour venir en aide aux enfants des rues.
Qu’on les appelle gamines (garnements) en Colombie, bui doi (enfants de la poussière) au Viêt-Nam, moustiques au Cameroun, leur nombre est évalué par l’Unicef à 100 millions dans le monde, principalement en Amérique Latine, en Asie, et en Afrique. En cause : l’exode massif des familles villageoises vers la ville qui viennent grossir les ranges au sein des bidonvilles suite à la sécheresse, la guerre, la famine, la pauvreté.

L’enfance bafouée.

Avec sa salopette de coton rouge, le ruban dans ses cheveux et son petit sac à dos de toile cirée, Sonta ressemble à une fillette comme les autres, ou plutôt, elle ne l’est plus. A six ans, elle est enlevée avec deux autres petites filles dans son village du nord de la Thaïlande. Le début d’un enfer sans nom qui la mènera dans un bordel pour enfants de Bangkok. Où des adultes, des touristes venus d’Europe, des Etats-Unis ou du Japon, appâtés par la perspective de satisfaire à bon compte leur tendance pédophile, profiteront de son enfance, en toute liberté. Un jour, son chemin croise celui de Marie-France Botte, qui, pendant plusieurs années, mena un combat acharné pour dénoncer l’horreur de ce trafic d’enfants et retirer de cet enfer les gosses qui s’y retrouvent plongés. En déjouant les pièges et les dangers de la mafia locale qui a la mainmise sur la prostitution enfantine, Marie-France Botte, avec l’aide de l’équipe qu’elle a pu réunir autour d’elle, parvient à la tirer des griffes de ses gardiens. Sonta retrouve la liberté, sa famille, ses jeux de petite fille. Aujourd’hui, elle est morte du sida. Comme l’autre fille enlevée en même temps qu’elle. Des milliers d’enfants sont aujourd’hui séropositifs dans ces villes d’Asie où l’on vend des enfants pour une heure, pour une nuit, à des hommes qui ressemblent vraiment à « Monsieur tout le monde. »

Et chez nous ?

Dans notre pays, la plupart des enfants vont à l’école, disposent d’un toit, ont accès aux soins de santé. Mais, un certain nombre d’enfants, aussi, vivent dans une situation précaire. Il est vrai que chez nous, la pauvreté ne s’affiche pas de manière aussi visible que dans les pays du Sud. S’il n’y avait pas l’hiver et sa morsure du froid, qui d’entre nous saurait que tant d’hommes et de femmes n’ont pas de quoi s’offrir un toit ? Le problème des sans-abri n’est que la partie émergée de l’iceberg. Une enquête récente présentée par la Fondation Roi Baudoin et réalisée par l’équipe du Professeur Béa Cantillon, de l’Université d’Anvers a tout de même mis en évidence un chiffre qui a de quoi surprendre : 15.4 % des enfants dans notre pays vivent en situation de précarité d’existence. Les enfants les plus exposés à la pauvreté sont ceux vivant dans un ménage à un seul revenu, surtout si le chef de famille est sans emploi, et les jeunes enfants vivant dans une famille monoparentale. Pour les ménages à revenu unique et les familles monoparentales, ce risque de précarité n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Avec un seul revenu moyen, sans même parler d’un revenu de remplacement, on constate aujourd’hui qu’il est à peine possible d’atteindre le seuil de sécurité d’existence. La crise que nous connaissons et le taux de chômage galopant rendent la situation de plus en plus préoccupante pour ces familles à risques, en particulier pour les femmes seules avec un enfant.

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