Les enfants de la guerre
Le rapport que l’Unicef a présenté le 11 novembre dernier aux Nations Unies fait état de l’ampleur du drame. ll indique qu’au cours de la décennie écoulée, près de deux millions d’enfants ont été tués dans les quelque trente conflits armés qui font rage sur la planète. Six millions d’entre eu ont été gravement blessés ou handicapés à vie. Plus de 200.000 à 300.000 seraient impliqués pus ou moins directement dans les conflits civils ou militaires.
La proportion de civils tués au cours de conflits est passée, en quelques dizaines d’années, de 5 à 90%. Car les guerres ont changé : le plus souvent, les n’opposent plus simplement les soldats d’armées ennemies mais des factions, groupes terroristes, tribus, armées… qui s’attaquent directement aux civils.
Dans les combats qui explosent aux quatre coins de la planète, certains enfants soldats ont moins de 10 ans. Enlevés à l’école ou arrachés de l’orphelinat et enrôlés de force, ils rejoignent ceux qui se sont portés volontaires pour échapper à la misère. Ces garçons, mais aussi des filles (qui serviront fréquemment de jouets sexuels aux soldats), n’assurent au début que des fonctions d’appui mais sont vite amenés à combattre. La plupart d’entre-eux n’hésitent d’ailleurs pas à déclarer que, s’ils étaient libres de choisir, ils préféreraient être libre afin de pouvoir aller à l’école.
Afin de rendre les enfants indifférents à l’horreur, les adultes les forcent à assister à des scènes insoutenables ou, pire, les obligent à massacrer des membres de leur famille comme cela s’est vu au Mozambique. Réfugiés ou déplacés (c’est-à-dire en fuite dans leur propre pays), les enfants qui ne participent pas aux combats sont aussi les premières victimes des famines (aggravées par les sanctions économiques) ou les cibles les plus visées lors de représailles. Lorsqu’ils ne sont pas victimes de diverses mutilations après avoir manipulé, par jeu, du matériel de guerre laissé sur place ou des mines antipersonnel. 110 millions de ces engins de mort sont encore en place dans le monde. D’une manière générale, en détruisant les infrastructures sanitaires, la guerre multiplie par 24 le taux de mortalité infantile. Pour tenter d’améliorer la situation, l’Unicef a formulé des recommandations aux Nations Unies. Mais, on sait à quel point ses instances sont capables de faire la sourde oreille.
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