Cireurs de chaussures, livreurs, vendeurs, mais aussi assistants dans la mécanique ou dans la confection, 7% d’enfants turcs de moins de 15 ans travaillent à temps plein. Au total, selon l’hebdomadaire « Nokta », ils forment un tiers de la population active.
A l’âge et à l’époque de faire des châteaux sur le sable chaud, Sahin, le petit ouvrier turc qui n’a jamais vu la mer (« si, à la télé ») n’imagine pas de se plaindre ou de se révolter. En Turquie, le travail des enfants fait partie de la fatalité de la vie. L’école n’est obligatoire que jusqu’à la fin de la primaire et bien que le travail soit interdit avant 15 ans, la logique de la misère, et de la surpopulation des familles, pousse des milliers de gamins de 12-14 ans sur le marché de l’emploi. Selon l’hebdomadaire Nokta, ils sont ainsi cinq millions d’ouvriers de moins de 19 ans, cireurs de chaussures, livreurs de Kebab, porteurs de thé, vendeurs de journaux mais aussi bergers, et assistants dans la mécanique ou dans la confection. Ta/o des petits turcs de moins de 15 ans travaillent à plein temps, ainsi que 50% des adolescents. Au total, ils forment un tiers de la population active et un sous-prolétariat enthousiaste quoique démuni de toute sécurité de l’emploi, protection ou surveillance médicale.
Pour tout le pays, on ne dénombre que 142 inspecteurs du travail, alors que 31% seulement des entreprises sont enregistrées légalement. Rien qu’à Istanbul, le nombre d’ateliers clandestins, qui emploient la plupart des enfants, approche 200.000. Six millions de travailleurs seulement bénéficient de la sécurité sociale pour une population active d’environ 17 millions. Le problème des conditions de travail dépasse donc largement le niveau des enfants. Mais, ce sont les petits ouvriers qui souffrent le plus des longues stations de protection, du port de lourdes charges, d’une enfance qui s’enfuit dans les zones industrielles des villes. Leurs bras sont tout maigres, leurs corps tardent à se développer. << J’ai l’air d’un nain. Vous croyez que je vais grandir ? >>, demande angoissé Yavuz, 14 ans, ouvrier dans une carrosserie d’Istanbul. Il y a aussi le risque d’un accident de travail. L’an dernier, selon les statistiques officielles, 16.000 jeunes de 15 à 19 ans en ont été victimes, ainsi que 794 enfants de moins de 15 ans.
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